2Prisoner’s Dilemma, HarperCollins, New York, 1996, p. 313.; 14 Car en un second mouvement, analogue Ă  celui qu’amorce le narrateur investi dans la simulation, le texte attire le lecteur en lui dĂ©crivant un monde Ă  sa ressemblance, un monde auquel il peut croire. L’instrument le plus Ă©vident de ce rapprochement est sans nul doute le rĂ©gime massivement autobiographique du
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Regardez en replay TV les programmes (film, sĂ©ries tv, Ă©missions, sport, ) des principales chaĂźnes (TF1, France 2, M6, D8, W9, ) Au nom de la vĂ©ritĂ© Logo français de l'Ă©mission Programme adaptĂ© BetrugsfĂ€lle Genre rĂ©alitĂ© scĂ©narisĂ©e PĂ©riodicitĂ© Quotidien lundi, mardi, jeudi, vendredi Narration GaĂ«lle Zylberberg Pays France Langue Français Nombre de saisons 4 Nombre d’émissions 300 Programme similaire Le Jour oĂč tout a basculĂ©Par amour France 2Si prĂšs de chez vousFace au doute M6Mon histoire vraie TF1Petits secrets entre voisins Production DurĂ©e 26 minutes SociĂ©tĂ© de production Serenity Fiction Diffusion Diffusion TF1 TF1 SĂ©ries Films Lieu de premiĂšre diffusion France Date de premiĂšre diffusion 28 mai 2012 Statut ArrĂȘtĂ© Public conseillĂ© Tout public Site web Au nom de la vĂ©ritĂ© Au nom de la vĂ©ritĂ© intitulĂ©e initialement Wham Bam Scam est une Ă©mission de tĂ©lĂ©vision française quotidienne de rĂ©alitĂ© scĂ©narisĂ©e diffusĂ©e depuis le 28 mai 2012 sur TF1. Fiche technique Source IMDb Production Serenity Fiction avec la participation de TF1 Directeur Artistique Dominique Rocher, Cendrine Genty, JosĂ© Faneco Coordination d'Ă©criture Olivier Desseix, Silja Travers, FrĂ©dĂ©ric DoutĂ© Assistant d'Ă©criture Benoit Vassas Palas Graphisme Naked Illustration musicale Lidderdalei Productions Moyens techniques de tournage et de post-production Eliote Pays d'origine France Langue originale Français AnnĂ©e de production 2012 Épisodes Saison 1 191 Ă©pisodes au total Liste des Ă©pisodes Jeu interdit Pilot Un gendre troublant Amour toxique Une enfant trop gĂątĂ©e Des photos compromettantes Un amour Ă  risque Amour et arnaque PrĂȘte Ă  tout L'homme mystĂ©rieux Amour et chantage L'amour au bureau La riche tante Un enfant inespĂ©rĂ© D'amour et d'eau fraĂźche Un amour envahissant Un trop bel appartement Une deuxiĂšme chance Concurrence dĂ©loyale Danse de sĂ©duction Une belle-mĂšre inquiĂ©tante La fiancĂ©e de trop Mauvaise rencontre sur le net MystĂ©rieuse disparition Pris au piĂšge Une grossesse mystĂ©rieuse Les sƓurs ennemies Amour de vacances Mariage en pĂ©ril La mystĂ©rieuse patiente Un mari idĂ©al Crise d'ado La guerre des voisines L'argent ne fait pas le bonheur Vol d'identitĂ© Le bel Ă©tranger Le kidnapping Le marin disparu Un beau-pĂšre irrĂ©prochable Nouvelle vie MystĂšre au haras Une voisine opportune TrompĂ©e par sa mĂšre Machination amoureuse Un amour cachĂ© Maison Ă  vendre Une autre femme Un parti si convoitĂ© Amour virtuel Toujours plus sexy Le cƓur sur la main Trahie par son mari Une troublante stagiaire La fille cachĂ©e Fatale sĂ©duction Amour Ă  taire Un Amour de belle-mĂšre Une serveuse encombrante Un mystĂ©rieux pĂątissier Un odieux trafic Jalousie en entreprise Un visiteur encombrant La beautĂ© Ă  tout prix Abus de pouvoir Au bord de la folie Baby blues Comme frĂšre et sƓur Crise de la quarantaine De pĂšre inconnu Destination BrĂ©sil Double identitĂ© Escort girl HarcĂšlement Jalousie Jeux dangereux L'allumeuse L'amour en danger L'arnaqueur Bijoux volĂ©s Le mystĂ©rieux voyage Le secret d'un pĂšre L'employĂ©e dĂ©vouĂ©e L'enlĂšvement L'hĂŽtesse de l'air L'inquiĂ©tude d'une mĂšre Abus de confiance Mauvaise frĂ©quentation Mensonges et fiançailles Philtre d'amour PrĂ©dictions amoureuses Promotion canapĂ© Soupçons d'adultĂšre Sous influence Triangle amoureux Un amour de jeunesse Violence conjugale Un beau mariage Vols en sĂ©rie Un cƓur Ă  prendre Un divorce douloureux Un divorce soudain Un fils envahissant Un lourd secret Un mari ambitieux Un retour inattendu Un rĂŽle sexy Accusation d'adultĂšre Une famille presque parfaite Une liaison colorĂ©e Une mĂšre trĂšs accueillante Une succession en danger Une voisine trop sexy Photos sexy Des photos embarrassantes Un ami sur qui compter Prisonnier du passĂ© Le retour d'une ex Un rĂšgime dangereux La mystĂ©rieuse hĂ©ritiĂšre Avis de recherche CƓurs brisĂ©s Copains d'enfance Cours particuliers Double jeu Intime voisinage Jalousie entre sƓurs Jalousie maladive Jeux d'argents L'ange gardien L'apprentie styliste L'arriviste L'orpheline La fausse fiancĂ©e La fiancĂ©e du clown La rose piquante Le client mystĂšre Le macho Le prof de guitare Le secret d'un Homme Mauvaise fille MĂ©nage Ă  trois MystĂ©rieuse amitiĂ© Pour le meilleur et pour le pire Relation impossible SĂ©ducteur malgrĂ© lui Un ami trop proche Un jeune espoir Un mariage en danger Un nouveau dĂ©part Un ouvrier trop sexy Une ado complexĂ©e Une ado en danger Une belle-mĂšre envahissante Une grossesse impossible Une mĂšre autoritaire Une mĂšre envahissante Une troublante fiancĂ©e Vols en famille Vols en sĂ©rie Une mĂšre sous influence La vie Ă  deux Un mari macho Un irrĂ©sistible client Trahison au menu Une associĂ©e trĂšs secrĂšte Un petit ami indĂ©sirable Une ado rebelle Une mĂšre en trop Un ex trop craquant Une femme trompĂ©e Le rĂŽle de sa vie Des parents parfaits Des cours trop particuliers Echec scolaire Un pĂšre trop exigeant Un fils en danger Un divorce coĂ»teux Un Ă©lĂšve sous pression L'apprenti cordonnier Un petit ami presque parfait L'ombre d'un ex PrivĂ©e de sortie Une Ă©trange location Un grand-pĂšre exemplaire Le Gourou La prĂ©datrice Un couple en sursis Une amie bienveillante Un coach trop sexy Trahi par son frĂšre L'espoir d'un pĂšre Une rĂ©putation sulfureuse Saison 2 Audience Les deux premiers Ă©pisodes, diffusĂ©s le lundi 28 mai 2012 entre 10 h 55 et 11 h 45 ont rĂ©uni respectivement 590 000 et 710 000 tĂ©lĂ©spectateurs, soit 9,8 % et 10,3 % de parts d'audience sur les quatre ans et plus[2]. Le jeudi 7 mars 2013, l'Ă©mission a battu un record historique avec plus d'un million de tĂ©lĂ©spectateurs devant leur poste. L'Ă©mission n'avait jamais dĂ©passĂ© la barre du million. À la suite de ces trĂšs bonnes audiences, TF1 diffuse maintenant trois Ă©pisodes par jour dĂšs 10 h 20, Mon histoire vraie auparavant diffusĂ©e Ă  10 h 20 est maintenant diffusĂ©e le mercredi matin de 10 h 50 Ă  11 h 50. Notes et rĂ©fĂ©rences ↑ Au nom de la vĂ©ritĂ©, Secret Story les nouveaux matins de TF1 en demi-teinte », 29 mai 2012 consultĂ© le 30 mai 2012. Liens externes Ressource relative Ă  l'audiovisuel Portail de la tĂ©lĂ©vision française DerniĂšre mise Ă  jour du contenu le 18/04/2022.
Aunom de la vĂ©ritĂ©: Machination amoureuse. TF1 Series | jeudi 7 mai 2020 | 10:40. OĂč regarder. LiveTV. jeudi 7 mai 2020 10:40. lundi 27 avril 2020 13:00. dimanche 26 avril 2020 13:00. samedi 25 avril 2020 13:00. mercredi 22 avril 2020 13:00. SYNOPSIS. Histoires secrĂštes, accidents de la vie, moments qui dĂ©rapent Focus sur les hĂ©ros du quotidien en prise avec
Voici des informations, Dieu m’a guidĂ© vers ces supports, dans un mensonge, il y a toujours une vĂ©ritĂ©. Tous ceux que nos Ă©lites, nous ferons subir, de ce monde 666 est notre soumission Ă  LA BETE 666, DE LA BIBLE, notre marque d’appartenance Ă  ce NOUVEL ORDRE MONDIAL. LA PUCE RFID, DANS LE VACCIN COVID 19 est le moyen, pour eux, de vous rendre esclave de leur SYSTEME 666. Ce dispositif sera reliĂ© aussi Ă  cet ordinateur, ainsi vous deviendrez des esclaves de LA BETE. UNE MACHINE GERE LES POPULATIONS Il faudra le chiffre de la BĂȘte pour acheter et vendre
 Elle est dĂ©jĂ  installĂ©e Ă  Bruxelles, en Belgique, la BĂȘte de l’Apocalypse. C’est un ordinateur gĂ©ant qui fait lui-mĂȘme ses programmes. En se servant de trois donnĂ©es de 6 chiffres chacune, chaque habitant du monde entier pourra se voir attribuer un numĂ©ro de carte de crĂ©dit distinct ». Trois donnĂ©es de 6 chiffres chacune 666. L’Apocalypse de saint Jean parle de deux BĂȘte, la BĂȘte de la mer et la BĂȘte de la terre, qui formeront le couple Antichrist », Ă  la fin des temps. Les commentateurs disent que la BĂȘte sortie de la mer, c’est la puissance politique, redoutable alliĂ©e de Satan. Et la BĂȘte sortie de la terre, c’est le pouvoir de l’argent. La BĂȘte de la terre, le pouvoir financier, arrivera Ă  ce que Tout le monde, petits et grands, soit marquĂ© sur la main droite ou le front, de façon Ă  ce que personne ne puisse acheter et vendre sans ĂȘtre marquĂ© du nom de la BĂȘte, ou du chiffre de son nom. C’est le moment de se servir de son intelligence. Ceux qui seront renseignĂ©s pourront calculer le chiffre de la BĂȘte. C’est un chiffre d’homme; et ce chiffre est 666. » Apoc. 13,16-18 Eh bien ! Le chiffre 666 n’est plus un mystĂšre maintenant. On sait qu’il dĂ©signe l’ordinateur gigantesque qui sera le grand contrĂŽleur de tout les hommes de la terre pour leurs achats et ventes. Voici un texte, traduit du Magazine Moody, qui nous rĂ©vĂšle oĂč les financiers internationaux ont conduit Ă  date tous les peuples, et dans quel esclavage ils se proposent de les enchaĂźner. DU MAGAZINE MOODY Le Dr. Hanrick Eldeman, analyste en chef de la confĂ©rence du MarchĂ© Commun, a dĂ©voilĂ© Ă  Bruxelles qu’un plan de restauration par ordinateur est dĂ©jĂ  en marche, devant l’éminence du chaos mondial. Lors d’une rĂ©union d’urgence qui groupa Ă  la fois des savants, des conseillers et des dirigeants de la le Dr. Eldeman dĂ©voila La BĂȘte ». Par le Dr. Hanrick Eldeman La BĂȘte est un ordinateur gigantesque occupant trois planchers de surface de l’immeuble administratif du siĂšge social du MarchĂ© Commun. Ce monstre est un ordinateur auto-programmeur possĂ©dant plus de cent sources distributrices de donnĂ©es. Des experts en programmation ont mis au point un plan appelĂ© Ă  rĂ©gir par ordinateur tout le commerce mondial. Ce plan de maĂźtre impliquerait un systĂšme de dĂ©nombrement chiffrĂ© de chaque ĂȘtre humain de la terre. Donc l’ordinateur attribuerait Ă  chaque habitant du monde un numĂ©ro pour servir Ă  tout achat ou vente, Ă©cartant le problĂšme des cartes de crĂ©dit courantes. Ce numĂ©ro serait invisiblement tatouĂ© au laser, soit sur le front, soit sur le revers de la main. la puce RFID est l’instrument de la bĂȘte . Cela Ă©tablirait un systĂšme de carte de crĂ©dit ambulante. Et le numĂ©ro ne se ferait connaĂźtre qu’à des appareils dĂ©chiffreurs infrarouges installĂ©s dans des comptoirs de vĂ©rification exprĂšs ou dans les places d’affaires. 666 Le Dr. Eldeman opina qu’en se servant de trois donnĂ©es de six chiffres chacune, chaque habitant du monde entier pourrait se voir attribuer un numĂ©ro de carte de crĂ©dit distinct. MONNAIE MONDIALE D’autres officiels du MarchĂ© Commun croient que le chaos et le dĂ©sordre actuels de cause mystĂ©rieuse dĂ©montrent le besoin d’une monnaie mondiale, d’une empreinte internationale qui mettrait fin peut-ĂȘtre au papier- monnaie et piĂšces de monnaie courants. la crypto monnaie A leur place, des billets de crĂ©dit seraient Ă©changĂ©s par les soins de la chambre de compensation d’une banque mondiale. Aucun membre ne pourrait acheter ni vendre sans se faire d’abord attribuer semblable empreinte chiffrĂ©e. Les dirigeants du MarchĂ© Commun sont maintenant convaincus que l’ordre mondial dĂ©pend de l’allĂ©geance de paix et de politique Ă  un nouveau systĂšme de commerce mondial et de numĂ©rotage. Un seul individu aurait Ă  portĂ©e de la main le numĂ©ro de tout habitant de la terre. Cela pourrait ĂȘtre ou un instrument de paix ou une arme de dictature. Quand on demanda Ă  l’une des tĂȘtes dirigeantes du marchĂ© commun ce qui arriverait si quelqu’un s’objectait au systĂšme et refusait de coopĂ©rer, elle rĂ©pondit plutĂŽt carrĂ©ment Nous serions obligĂ©s de recourir Ă  la force pour l’amener Ă  se conformer aux nouvelles nĂ©cessitĂ©s. » Henri Spaak, PĂšre du MarchĂ© Commun EuropĂ©en, et SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral de l L’OTAN, disait dans un de ses discours Nous ne voulons pas d’un autre comitĂ©, nous en avons dĂ©jĂ  trop maintenant. Ce que nous voulons, c’est un homme de telle stature qu’il soit capable de rallier l’allĂ©geance de paix et de politique pour nous tirer du marasme Ă©conomique dans lequel nous nous enfonçons. Envoyez-nous un tel homme, et, qu’il soit dieu ou dĂ©mon, nous l’accueillerons. » RĂ©flexions de Vers Demain LES FINANCIERS MAITRE SUPREMES Aujourd’hui donc, par le moyen de leur contrĂŽle Ă©conomique, les financiers prĂ©parent un contrĂŽle politique mondial absolu. Ils commanderont universellement et totalement, hissĂ©s au sommet des deux pouvoirs civils rĂ©unis la politique et l’économie. Le MarchĂ© Commun d’Europe semble ĂȘtre le premier plancher du gouvernement mondial politique. Et l’ordinateur Ă©lectronique sera cet homme de telle stature » qu’il puisse commander, surveiller, enregistrer, vĂ©rifier, censurer, punir tous les hommes de tous les peuples, chaque ĂȘtre humain de la terre ». Cet ordinateur est rĂ©ellement plus qu’un homme, un surhomme, Ă  intelligence lucifĂ©rienne, et un sans-cƓur. DES MENTEURS PAR SURCROIT Et les financiers internationaux qui savent trĂšs bien qu’ils contrĂŽlent eux-mĂȘmes tout l’argent du monde ont l’effronterie de nous parler de cause mystĂ©rieuse du chaos et du dĂ©sordre actuels ». Ils font semblant de chercher des moyens de tirer les peuples du marasme Ă©conomique dans lequel ils s’enfoncent », quand c’est eux-mĂȘmes les banquiers qui sont les auteurs du marasme, par leur contrĂŽle de l’argent et par leurs jeux sur les devises, jeux qui font trembler les pays. Le dollar canadien baisse. Le dollar amĂ©ricain aussi par rapport aux devises orientales et europĂ©ennes. Mais, le dollar canadien est encore plus bas que le dollar amĂ©ricain. La Banque du Canada vient au secours du dollar canadien. Mais, rien n’y fait, etc., etc. Tout cela, jeux de banquiers internationaux, jeux de financiers spĂ©culateurs, jeux de voleurs. Et pire encore, jeux de contrĂŽleurs des vies humaines, jeux de dictateurs, de tyrans des peuples. Les financiers-voleurs sont des menteurs. Ils ont longtemps cachĂ© le mystĂšre de leur tripotage. Et ils voudraient continuer Ă  nous faire avaler leurs reptiles. Bienheureux les crĂ©ditistes qui voient clair en toutes ces manipulations d’enfer, conduisant le monde entier Ă  un esclavage comme il ne s’en est jamais vu dans l’histoire. Et les vrais crĂ©ditistes savent, en plus, que s’ils mettent leur confiance en leur PĂšre Eternel, ce Dieu tout-puissant dĂ©gagera le monde des griffes de Satan. UN REGIME MARTIAL VA ETRE MIS EN PLACE, POUR TOUS CEUX QUI NE VOUDRONT, PAS CE SOUMETTRE A LA BETE. POUR LES ESCLAVES PUCES, LA PUCE RFID SERA AUSSI VOTRE PORTEFEUILLE, QUE DES ECRITURES COMPTABLES MONNAIE NUMERIQUE , COMME VOTRE CARTE BLEUE, QUI EST DEJA UN SYSTEME NUMERIQUE BANCAIRE. PAR THE GREAT RESET, LA CRYPTO – MONNAIE SERA, LE SEUL MOYEN DE PAIEMENT. BILL – GATES A DEPOSE, CE GENOCIDAIRE, APRES LE VACCIN COVID 19, LE BREVET SUR LA CRYPTO – MONNAIE. La demande de brevet a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e par Microsoft Technology Licensing, LLC, dirigĂ©e par Bill Gates, le 20 juin 2019, et, le 22 avril 2020, le brevet a reçu un statut international. Le titre du brevet est SystĂšme de crypto-monnaie utilisant des donnĂ©es sur l’activitĂ© corporelle » SANS VOTRE PERE VOUS ETES FOUTU, CAR JE PENSE, QUE CETTE MACHINATION DU GRAND RESET EST LE POINT FINAL, POUR DETRUIRE LES ENFANTS DE DIEU. HEUREUX, CE QUI EURONT FAIT ALLIANCE AVEC DIEU, CAR ILS SERONT PROTEGES, CONTRE CETTE TYRANNIE, QUI ARRIVE. NOTRE PERE, VA DETRUIRE, CETTE CREATION LUCIFERIENNE, AINSI, QUE TOUS LES ESCLAVES DE CETTE MATRICE. SOMMAIREPierre-Jean Jouve, Les Sonnets Marcelin Pleynet, Les Sonnets : volontĂ© et testament Marcelin Pleynet, Le théùtre Bernard SichĂšre, Les Sonnets et le Nom de Shakespeare PubliĂ© le 01 avril 2022 Ă  18h30 Scandale royal le supposĂ© fils cachĂ© du prince Charles et de Camilla Parker Bowles - ©David Cole/REX/SIPA Depuis plusieurs annĂ©es, un certain Simon Dorante-Day prĂ©tend ĂȘtre le fils cachĂ© du prince Charles et de Camilla Parker Bowles, bousculant au passage les certitudes autour de leur histoire d’amour. RĂ©cit. Par Marie Testa Pendant longtemps, ils ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme les amants terribles de Buckingham Palace. De leur rencontre au cours d’un match de polo en 1970, Ă  leur idylle secrĂšte malgrĂ© la prĂ©sence de Lady Diana, en passant par leur mariage et leurs futurs statuts de roi et reine d’Angleterre, le prince Charles et Camilla Parker Bowles sont devenus des figures incontournables de la monarchie britannique. Pourtant depuis plusieurs annĂ©es, une rumeur vient mettre Ă  mal les croyances qui entourent leur histoire d’amour. Et si le prince Charles et Camilla Parker Bowles s’étaient en rĂ©alitĂ© rencontrĂ©s en 1965 ? Et si cette premiĂšre rencontre avait donnĂ© lieu Ă  la naissance d’un enfant, gardĂ©e secrĂšte dans l’enceinte de Buckingham ? Lire aussi Mariage royal le prince Charles et Camilla Parker Bowles, les amants terribles C’est en tout cas la thĂ©orie qu’avance un certain Simon Dorante-Day et ce, depuis 2016. Si son nom n’est pas de notoriĂ©tĂ© publique, notamment dans l’Hexagone, cet Australien n’en finit pourtant plus de faire parler de lui dans la presse Ă©trangĂšre. Tout comme de ses parents biologiques supposĂ©s, Charles et Camilla. NĂ© le 5 avril 1966 Ă  Gosport, dans le comtĂ© anglais de Hampshire, ce cinquantenaire en est persuadĂ© il est bel et bien membre de la famille royale britannique. Pour le comprendre, c’est en 1965 qu’il faut se replonger. À l’époque, le futur roi d’Angleterre n’est ĂągĂ© que de 17 ans, Camilla Parker Bowles, nĂ©e Camilla Shand, en a 18, et ensemble, les deux amants terribles auraient eu leur premiĂšre relation amoureuse. Une version bien diffĂ©rente de l’originale, que Simon Dorante-Day complĂšte en affirmant que la duchesse de Cornouailles serait alors tombĂ©e enceinte de lui et aurait pris soin de cacher sa grossesse aux yeux du monde entier. Il aurait ensuite Ă©tĂ© adoptĂ© Ă  l’ñge de huit mois par une famille ayant des liens avec la royautĂ©. Ses grands-parents adoptifs, Winifred et Ernest, auraient d’ailleurs officiĂ© en tant que cuisiniers et jardiniers pour la reine Elisabeth II et le prince Philip. J’étais trĂšs proche de ma grand-mĂšre et elle m’a dit plusieurs fois que j’étais l’enfant de Camilla et Charles », expliquera-t-il au cours d’une interview pour le magazine australien New Idea ». Une proximitĂ© qui lui aurait notamment permis de cĂŽtoyer la famille royale en toute discrĂ©tion durant ses jeunes annĂ©es. J’ai des souvenirs trĂšs clairs de mes parents adoptifs m’emmenant dans cette rĂ©sidence du Hampshire », finira-t-il par glisser dans l’émission This Morning ». Et la machination ne semble pas s’arrĂȘter-lĂ  selon lui. Photos et tĂ©moignages Ă  l’appuiRĂ©sidant dĂ©sormais dans le Queensland, en Australie, Simon Dorante-Day ne cesse d’affirmer que la famille royale a passĂ© des annĂ©es » Ă  dissimuler la vĂ©ritĂ© ». Une vĂ©ritĂ© qu’il tente de mettre en lumiĂšre depuis 2016, Ă  travers diverses affirmations et photos troublantes diffusĂ©es, notamment, sur sa page Facebook qu’il introduit par ces quelques mots Une enquĂȘte sur mes parents naturels qui sont, selon moi, le prince Charles et la duchesse Camilla. » Le ton est donnĂ©. Les internautes dĂ©couvrent ainsi une sĂ©rie de clichĂ©s montrant la ressemblance du principal intĂ©ressĂ© avec certains membres de la famille royale, dont Elisabeth II, le prince Philip ou encore Tom Parker Bowles, le fils de Camilla. Pour rappel, avant d’épouser le prince Charles, cette derniĂšre a connu une premiĂšre union avec l’officier Andrew Parker Bowles, pĂšre de ses deux enfants Thomas et Laura Parker Bowles. Et si les ressemblances troublent les fans, les dĂ©clarations de Simon Dorante-Day, elles, n’en finissent plus de titiller leur curiositĂ©. Au cours d’interviews, il affirme, en effet, que ses dents ont Ă©tĂ© limĂ©es et que la couleur de ses yeux a Ă©tĂ© modifiĂ©e durant son enfance afin de dissiper tout lien avec sa famille biologique. Il Ă©voque Ă©galement son acte de naissance, sur lequel la femme nommĂ©e comme mĂšre biologique semble ĂȘtre un pseudonyme, qu’il n'y a pas de pĂšre rĂ©pertoriĂ© et que les papiers semblent bien avoir Ă©tĂ© falsifiĂ©s ». PersuadĂ© de dĂ©tenir la vĂ©ritĂ©, Simon Dorante-Day aurait mĂȘme dĂ©posĂ© des documents auprĂšs de la Haute Cour pour tenter de contraindre le duc et la duchesse de Cornouilles Ă  des tests ADN. En vain. Comme Ă  chaque fois qu’elle est placĂ©e au cƓur du scandale, la monarchie opte pour le silence. Lire aussi Scandale royal le prince Charles sur Ă©coute, ou la naissance du Camilla Gate »Lady Di prĂȘte Ă  rĂ©tablir la vĂ©ritĂ© ?Pourtant, alors que la famille royale aurait tout fait pour enfouir ce secret de famille, Simon Dorante-Day affirme qu’une tĂȘte couronnĂ©e connaissait son existence, et aurait mĂȘme Ă©tĂ© prĂȘte Ă  mettre en lumiĂšre toute cette affaire. Et cette personnalitĂ© n’est autre que la princesse Diana, l’ex-Ă©pouse du prince Charles disparue tragiquement dans un accident de la route en aoĂ»t 1997. Nous pensons que Diana connaissait mon existence et qu’elle avait rassemblĂ© les piĂšces du puzzle », affirmera-t-il dans un entretien avec le magazine australien New Idea », en 2019. À cette Ă©poque, il y avait de nombreuses rumeurs au sein de la famille royale, et mon existence Ă©tait l’une d’entre elles [
] Je pense que Diana Ă©tait Ă  un moment oĂč elle dĂ©couvrait des rĂ©ponses sur sa vie, sur comment elle avait Ă©tĂ© lĂ©sĂ©e, et elle allait rendre tout cela public. » De nouveaux Ă©lĂ©ments qui n’ont pour l’heure jamais Ă©tĂ© confirmĂ©s officiellement. Alors, supercherie ou vĂ©ritable secret gardĂ© dans l’enceinte de Buckingham ?
Aunom de la vĂ©ritĂ©: Machination amoureuse. TF1 Series | vendredi 18 fĂ©vrier 2022 | 07:25. OĂč regarder. LiveTV. vendredi 18 fĂ©vrier 2022 07:25. dimanche 13 fĂ©vrier 2022 06:10. jeudi 10 fĂ©vrier 2022 08:50. samedi 5 fĂ©vrier 2022 09:30. mercredi 2 fĂ©vrier 2022 09:25. SYNOPSIS . Chacun d'entre nous s'est dĂ©jĂ  retrouvĂ© au moins une fois, au cƓur de la tourmenteAu nom de la
PubliĂ© le 14/10/2021 Ă  1252, Mis Ă  jour le 18/10/2021 Ă  0807 Romain Duris joue Gustave Eiffel au moment de la conception de la tour qui porte son nom. Captue d'Ă©cran youtube / PathĂ© - VVZ Le film Eiffel consacrĂ© Ă  l'ingĂ©nieur et industriel français prend trop de libertĂ©s selon l'un de ses descendants. Pour lui, le gĂ©nie de son aĂŻeul ne peut ĂȘtre rĂ©duit Ă  une banale amourette». En colĂšre, il a demandĂ© aux producteurs que soit ajoutĂ©e la mention fiction romancĂ©e» au dĂ©but du long-mĂ©trage. Il n'a vu que la bande-annonce, mais son avis est dĂ©jĂ  tranchĂ©. Philippe CoupĂ©rie-Eiffel, arriĂšre-arriĂšre-petit-fils de Gustave Eiffel, est en colĂšre contre le film sorti mercredi 13 octobre au cinĂ©ma. IntitulĂ© sobrement Eiffel, le long-mĂ©trage n'est pas exactement un biopic, et la production assume avoir pris des libertĂ©s avec la rĂ©alitĂ© lire aussiEiffel, de Martin Bourboulon de l’amour Ă  tour de brasIl retrace en effet la vie de Gustave Eiffel au tournant de sa carriĂšre. Dans les annĂ©es 1880, l'ingĂ©nieur et industriel originaire de Dijon vient de rĂ©aliser la Statue de la LibertĂ©, fraĂźchement envoyĂ©e Ă  New York. Ses obsessions tournent alors autour du projet de mĂ©tro, l'enjeu majeur de l'Ă©poque pour Paris. Le gouvernement voit plutĂŽt en Eiffel le maĂźtre d’Ɠuvre de la future Exposition Universelle de 1889. C'est alors qu'il croise Adrienne BourgĂšs, un amour de jeunesse, qui va, en tout cas dans le film de Martin Bourboulon, l'inspirer et relancer sa crĂ©ativitĂ©, pour concevoir la tour qui va le faire entrer dans l' Duris et Emma Mackey campent les deux personnages principaux. Historiquement, Gustave Eiffel a bien eu une histoire d'amour avec une Adrienne BourgĂšs Ă  l'adolescence. Une histoire qui n'a jamais connu de second acte, selon son reconstitution imparfaite qui n'a pas plu Ă  Philippe CoupĂ©rie-Eiffel. Le public mĂ©ritait mieux, au moins la vĂ©rité» dĂ©plore-t-il dans les colonnes de Sud Ouest. Celui qui est aussi prĂ©sident de l'association des Amis de Gustave Eiffel regrette que le gĂ©nie de Gustave Eiffel et son Ɠuvre» soient rĂ©duits Ă  une banale histoire d'amourette», qualifiant le long-mĂ©trage rĂ©alisĂ© par Martin Bourboulon de vaudeville».Un courrier aux producteursInstallĂ© en Gironde, Philippe CoupĂ©rie-Eiffel dĂ©fend depuis des dĂ©cennies la mĂ©moire de son aĂŻeul. Bien qu'il n'ait pas vu que la bande-annonce, l'homme a pu lire le scĂ©nario il y a un mois. Un rĂ©cit qu'il n'a pas apprĂ©ciĂ©, puisqu'il a adressĂ© un courrier Ă  VVZ et PathĂ©, les coproducteurs du film. Dans sa lettre, il pointe du doigt les libertĂ©s prises avec la rĂ©alitĂ© historique et demande que l'inscription fiction romancĂ©e» soit ajoutĂ©e en dĂ©but de procĂ©dure loin d'ĂȘtre une premiĂšre pour lui. En 2011 dĂ©jĂ , il avait fait condamner Eiffage et sa filiale construction mĂ©tallique», qu'il poursuivait en justice depuis cinq longues annĂ©es pour que le gĂ©ant du BTP cesse d'utiliser son nom dans diverses que la part de fiction contenue dans Eiffel, l'homme semble mal Ă  l'aise avec le fait de voir la vie privĂ©e de son aĂŻeul dĂ©peinte dans un film Ă  gros budget, comme il l'explique Ă  Sud Ouest Peu importe la vie privĂ©e des grands hommes, c'est ce qu'ils nous ont apportĂ© qui nous guide, et cela dĂ©passe de beaucoup la fiction.» À lire aussiNotre critique de Vesper Chronicles la science-fiction se met au vertCRITIQUE - Ce film d’anticipation onirique tournĂ© dans les forĂȘts lituaniennes dĂ©livre un message Ă©cologique en prenant des voies Oscars s'excusent auprĂšs de Sacheen Littlefeather, huĂ©e, aprĂšs avoir refusĂ© une statuette au nom de Marlon Brando en 1973L'actrice et militante amĂ©rindienne, Apache et Yaqui, a Ă©tĂ© conspuĂ©e lors de la cĂ©rĂ©monie de 1973 alors qu'elle expliquait pourquoi Marlon Brando, qui n'Ă©tait pas venu, dĂ©clinait son Oscar du meilleur acteur pour Le mortel d'Alec Baldwin les conclusions du FBI contredisent la version de l'acteurLe rapport du FBI sur l'accident ayant coĂ»tĂ© la vie Ă  Halyna Hutchins, directrice de la photographie, en plein tournage de Rust, il y a 8 mois, contredit Alec Baldwin. Il prĂ©tendait ne pas avoir appuyĂ© sur la dĂ©tente du pistolet. L'arriĂšre-arriĂšre petit-fils de Gustave Eiffel en colĂšre Le public mĂ©ritait mieux, au moins la vĂ©rité» S'ABONNERFermerS'abonner
L INCOGNITO DANS H AN D ’ I SLANDE ET LA QUESTION DU NOM 169 . On verra qu’à bien des Ă©gards, Han d’Islande fonctionne tout Ă  fait selon la logique dĂ©crite par Freud qui Ă©voque la «tendance du crĂ©ateur littĂ©raire moderne Ă  scinder son moi en moi partiels, par l’effet de l’observation de soi; et, par voie de consĂ©quence, Ă  personnifier les courants conflictuels de sa
PrĂ©sentation Femme aimable, Laura dĂ©cĂšde Ă  la suite d’un complot de sa belle-soeur Francisca qui l’accusait d’ĂȘtre responsable de ses malheurs. AprĂšs l’avoir assassinĂ©e, Francisca Ă©pouse le mari de Laura, pĂšre de Clara, la fille de Laura. Francisca devient alors la nouvelle maĂźtresse de maison. Rien ne semble plus lui rĂ©sister. DĂ©terminĂ©e Ă  poursuivre sa quĂȘte de vengeance envers sa belle-soeur dĂ©cĂ©dĂ©e, elle reste fidĂšle Ă  ses idĂ©aux machiavĂ©liques. Par ailleurs, Clara, la fille, aime Manel, le jeune officier de police qui se rangera dans le camp de son ennemie. Clara est alors impliquĂ©e dans une affaire de vol alors qu’elle tentait de venir en aide Ă  son frĂšre. Manel n’a d’autre choix que de diligenter une enquĂȘte afin d’établir les responsabilitĂ©s. Francisca se satisfait des embrouilles judiciaires de Clara, sa niĂšce et fille adoptive et en profite pour donner le coup de grĂące Ă  son plan de vengeance. Sans que Francisca s’en doute, Clara dĂ©couvre que sa bellemĂšre projette d’assassiner son pĂšre afin de s’emparer de ses richesses. ApeurĂ©e et traumatisĂ©e, Clara tente de prĂ©venir son pĂšre, mais il n’en croit pas un mot et trouve insensĂ© de douter de la bonne foi de sa tendre Ă©pouse. Manipulatrice et persuasive, Francisca rĂ©ussit Ă  tromper la vigilance de tous, y compris celle de Manel, avec qui elle entretient une liaison amoureuse dans le but de l’éloigner de Clara. S’étant assurĂ©e que plus personne ne pourra entraver son chemin, Francesca assassine son mari et accapare tout l’hĂ©ritage familial. Seule Ă  connaitre l’auteur de toute cette horreur, Clara dĂ©cide de non seulement se battre pour faire Ă©clater la vĂ©ritĂ©, mais aussi de reconquĂ©rir Manel, son unique amour. Les photos Vos commentaires sur Au Nom de l'Amour Informations Titre original Amor MaiorNombre d'Ă©pisodes 107 Ă©pisodes de 52 minutes Pays d'origine Portugal1Ăšre diffusion sur IDF1 22 mars 2021 Diffusion Du lundi au vendredi Ă  13h 2 Ă©pisodes et Ă  22h20 2 Ă©pisodes, dĂšs le 11 juillet avec 1 Ă©pisodeRediffusion Tous les samedis Ă  16h 2 Ă©pisodes Casting Sara Matos, JosĂ© Fidalgo, InĂȘs Castel-Branco, RogĂ©rio Samora... Recherche dans les programmes ï»ż
Search Le Comte De Monte Cristo Film. There are two sets of question sheets - one in French, one in English - for 1 re secondaire; 2 e secondaire; 3 e secondaire; 4 e secondaire; 5 e secondaire; Familles de situations Pris: 139 kr Le Comte de Monte Cristo Film Complet en Français De alom aanwezige en dominerende Depardieu moet het qua vertolking wel degelijk 0 commentaire 1 Ă©motion 0 vote pour le meilleur personnage Pour cette section est masquĂ©e ? Nous attendons que vous ayez marquĂ© l'Ă©pisode Ă  vu avant de rĂ©vĂ©ler les discussions, notes et autres contenu... pour vous Ă©viter les spoilers ! Afficher quand mĂȘme 0 rĂ©actions SitĂŽtla vĂ©ritĂ© apprise, il tente de tuer Iago, puis se suicide. C’est donc un personnage constamment en mouvement, et qui ne nous laisse rien ignorer de ses changements d’humeur, de ses tourments Mais est-il pour autant une figure barbare ? Le More, une figure ambivalente Certes les ennemis d’Othello voient en lui une figure repoussante. Roderigo parle avec mĂ©pris Émile Zola Écrivain et journaliste français, nĂ© le 2 avril 1840 Ă  Paris, oĂč il est mort le 29 septembre 1902. Pour en savoir plus sur sa biographie WikipĂ©dia. Quelques Ɠuvres d'Émile Zola Émile Zola 1. Germinal, d'Émile Zola 1885 Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris en feuilleton dans le Gil Blas du 26 novembre 1884 au 25 fĂ©vrier 1885, et en volume chez Charpentier en 1885. Une adaptation théùtrale - drame en cinq actes et douze tableaux, en prose - de W. Busmach sera créée aux États-Unis en 1886 avant d'Ă©chouer Ă  Paris au ChĂątelet en 1888. ConsacrĂ© mythe fondateur de la mĂ©moire collective par une dĂ©lĂ©gation de mineurs qui scanda le titre aux obsĂšques de Zola, Ă  l'occasion desquelles ClĂ©menceau salua la mĂ©moire de celui qui fut "un moment de la conscience humaine", Germinal, treiziĂšme roman du cycle des Rougon-Macquart, reste Ă  ce jour le roman le plus lu de Zola, jouissant d'un prestige Ă©gal Ă  celui des MisĂ©rables. Ce roman Ă©pique, symbolique, fantasmatique, offrant une foisonnante complexitĂ©, dont le titre est riche de significations multiples, est aussi un extraordinaire roman-feuilleton et une enquĂȘte, oĂč brille l'Ă©clat d'un style. Plus profondĂ©ment encore, la rĂ©ussite de Germinal tient Ă  l'art d'un Zola maĂźtre architecte. Tout passe par Étienne, substitut du romancier. Les sept parties amĂšnent lentement mais sĂ»rement l'accĂ©lĂ©ration du dĂ©nouement, soigneusement annoncĂ© par toute une sĂ©rie d'indices. PremiĂšre partie. Étienne Lantier, fils de Gervaise Macquart voir l'Assommoir, arrive une nuit de mars Ă  la fosse du Voreux, oĂč l'accueille le vieux Bonnemort. Il prend pension chez une famille de mineurs, les Maheu. Les parents et les sept enfants, dont Catherine, Jeanlin et Zacharie, vivent entassĂ©s dans la promiscuitĂ©. Étienne trouve du travail Ă  la mine, qu'il dĂ©couvre. IntĂ©grĂ© Ă  l'Ă©quipe de Chaval, il comprend enfin que Catherine, qu'il avait d'abord prise pour un garçon, est une fille. Catherine initie Étienne au mĂ©tier. Ce dernier lui raconte qu'il a giflĂ© un chef aprĂšs avoir bu et qu'il redoute son hĂ©rĂ©ditĂ© alcoolique. Au moment oĂč il va embrasser Catherine, arrive Chaval qui impose un baiser Ă  la jeune fille, en signe de possession. Catherine nie ĂȘtre l'amie de Chaval. L'ingĂ©nieur NĂ©grel inflige une amende Ă  l'Ă©quipe pour dĂ©faut de boisage. Les mineurs sont rĂ©voltĂ©s. AprĂšs avoir voulu quitter la mine, Étienne va au cabaret de Rasseneur, ancien mineur devenu chef des mĂ©contents. Celui-ci loge le nouveau venu, qui dĂ©sire partager la souffrance et la lutte des mineurs, et qui songe aussi aux yeux de Catherine. DeuxiĂšme partie. Chez M. GrĂ©goire, actionnaire de la Compagnie, on vit dans le confort et l'adoration de CĂ©cile, la fille de la maison. Le cousin Deneulin, qui a tout investi dans la modernisation de la fosse Jean-Bart, vient pour emprunter, mais GrĂ©goire lui conseille de vendre sa mine Ă  la Compagnie. Il refuse. La Maheude tente en vain d'apitoyer les GrĂ©goire, car l'Ă©picier Maigrat, ancien surveillant protĂ©gĂ© par la Compagnie, lui refuse tout crĂ©dit. Elle retourne chez Maigrat, qui exige que Catherine vienne chercher elle-mĂȘme les provisions. Au coron, les commĂ©rages Ă©voquent les moeurs et les liaisons des voisins. Mme Hennebeau, femme du directeur de la mine, qu'elle trompe avec NĂ©grel, fait visiter le logement des Maheu Ă  des Parisiens. Les mineurs commencent Ă  rentrer de la mine. Il faut faire la soupe. Commence alors chez les Maheu une soirĂ©e comme les autres. TroisiĂšme partie. Étienne devient un bon herscheur. Chez Rasseneur, il fait la connaissance de Souvarine, un rĂ©fugiĂ© russe anarchiste. En accord avec Pluchart, son ancien contremaĂźtre devenu responsable dĂ©partemental, Étienne envisage de crĂ©er une section de l'Internationale et une caisse de prĂ©voyance en prĂ©vision d'un prochain conflit. Nous sommes en juillet. Maheu propose Ă  Étienne de le prendre dans son Ă©quipe comme haveur. Ayant dĂ» accepter de mauvaises conditions de travail, les mineurs sont de plus en plus mĂ©contents. Maheu propose Ă  Étienne de le loger chez eux aprĂšs le mariage de Zacharie. Étienne parvient Ă  convaincre Chaval d'adhĂ©rer Ă  son association. Étienne apprĂ©cie la vie familiale et dĂ©sire Catherine. MalgrĂ© leur attirance rĂ©ciproque, rien ne se passe. Étienne se cultive, et alimente ses rĂȘves de rĂ©volution sociale pacifique. Chaque soir, il fait une causerie, Ă©veillant chez les Maheu des rĂȘves utopiques. Fin octobre, le mĂ©contentement des mineurs s'aggrave, car la Compagnie baisse leur salaire. Des discussions sur l'opportunitĂ© d'une grĂšve se dĂ©roulent chez Rasseneur. Jeanlin est victime d'un accident Ă  la mine et reste infirme. Catherine doit accepter de vivre avec Chaval. Étienne est dĂ©terminĂ© Ă  agir. QuatriĂšme partie. En dĂ©cembre, la grĂšve Ă©clate, le jour oĂč les Hennebeau reçoivent les GrĂ©goire pour prĂ©parer le mariage de CĂ©cile et de NĂ©grel. Hennebeau songe Ă  profiter de la grĂšve pour absorber la mine de Deneulin. Arrive une dĂ©lĂ©gation de mineurs. Maheu, qui a acceptĂ© de la conduire, expose les revendications de ses camarades. Étienne exprime sa volontĂ© de changement social. Deux semaines plus tard, la grĂšve est gĂ©nĂ©rale, sauf au puits Jean-Bart. Le silence rĂšgne sur le coron. Les mineurs tiennent, bien que la caisse de prĂ©voyance soit Ă©puisĂ©e. Une scĂšne violente se dĂ©roule chez les Maheu. Chaval accuse Étienne de coucher avec Catherine et la Maheude. Fous de rage, les deux hommes se dĂ©fient. Étienne dĂ©cide de demander l'aide de l'Internationale auprĂšs de son dĂ©lĂ©guĂ©, Pluchart. Rasseneur, partisan de la nĂ©gociation, s'oppose Ă  Étienne et Ă  l'Internationale. A l'issue d'une rĂ©union clandestine, les dix mille mineurs de Montsou adhĂšrent Ă  l'Internationale. En janvier, le froid et la famine accablent les mineurs. On tente de survivre grĂące Ă  des expĂ©dients. Maheu et Étienne convoquent une assemblĂ©e dans la forĂȘt pour remobiliser l'Ă©nergie des mineurs. Au cours de la rĂ©union, Étienne parvient Ă  galvaniser l'enthousiasme des mineurs, malgrĂ© Rasseneur. Jaloux, Chaval annonce la grĂšve Ă  Jean-Bart. CinquiĂšme partie. Deneulin se prĂ©cipite Ă  Jean-Bart, et parvient Ă  circonvenir Chaval en lui promettant une place de chef. Le travail reprend. L'Ă©quipe de Chaval travaille au fond, mais l'on apprend que les grĂ©vistes de Montsou ont coupĂ© les cĂąbles. Il faut remonter par les Ă©chelles. Les grĂ©vistes ont envahi la fosse Jean-Bart, et, malgrĂ© Étienne, qui tente de les calmer, ils sabotent le matĂ©riel. Étienne contraint Chaval Ă  se joindre Ă  la manifestation qui marche sur les autres fosses. La foule traverse la plaine et va d'une fosse Ă  l'autre. Fuyant les gendarmes, la foule revient Ă  Montsou pour rĂ©clamer du pain Ă  la Direction. Hennebeau fait appel Ă  l'armĂ©e alors qu'au cours d'une promenade, Mme Hennebeau et NĂ©grel ont cru voir l'image de la rĂ©volution dans la foule des manifestants. On se barricade. Les mineurs hurlent leur faim. Pour faire diversion, Étienne lance la foule sur l'Ă©picerie Maigrat. Les femmes tuent l'Ă©picier et le chĂątrent. SixiĂšme partie. L'armĂ©e occupe les fosses. Maheu est renvoyĂ©, Étienne se cache, et Jeanlin le nourrit. Étienne, dĂ©goĂ»tĂ© par la violence et la misĂšre, ambitionne une carriĂšre politique. Chez Rasseneur, Étienne et Souvarine Ă©changent des nouvelles dĂ©moralisantes. Arrive Chaval qui annonce qu'il va diriger une Ă©quipe de mineurs belges recrutĂ©s pour briser la grĂšve. Il se bat avec Étienne, qui l'emporte. Catherine dĂ©sarme son amant, qui sort, au comble de la fureur. Catherine refuse de vivre avec Étienne. La foule des grĂ©vistes affronte les soldats, qui tirent et tuent. Maheu tombe. SeptiĂšme partie. La Compagnie veut mettre fin au conflit. Étienne est en butte Ă  l'hostilitĂ© des mineurs qui le rendent responsable des morts. Chez les GrĂ©goire, on cĂ©lĂšbre les fiançailles de CĂ©cile et de NĂ©grel. Deneulin s'est rĂ©signĂ© Ă  vendre sa mine Ă  la Compagnie. Étienne et Souvarine confrontent leurs opinions. Étienne tient pour le socialisme, Souvarine ne croit qu'Ă  la violence anarchiste et nihiliste. Il fait ses adieux Ă  Étienne, avant de descendre dans le puits du Voreux pour le saboter. C'est la reprise du travail. Par suite du sabotage, les galeries sont inondĂ©es. On Ă©vacue, mais l'Ă©quipe d'Étienne est restĂ©e au fond. La mine s'effondre dans un gigantesque cataclysme. IndiffĂ©rent, Souvarine s'en va. Hennebeau reçoit la LĂ©gion d'honneur. Les mineurs tentent de sauver les survivants, mais Zacharie meurt dans les opĂ©rations de sauvetage. Les bourgeois organisent une excursion au Voreux. CĂ©cile est Ă©tranglĂ©e par le vieux Bonnemort. Prisonniers au fond, Étienne et Catherine doivent cohabiter avec Chaval. Étienne tue son rival. Les deux survivants deviennent enfin amants, malgrĂ© la prĂ©sence du cadavre de Chaval. L'obscuritĂ©, la faim, l'angoisse, le grisou ont raison de Catherine, Étienne est sauvĂ©, et rĂ©apparaĂźt au jour sous l'aspect d'un vieillard aux cheveux blancs, alors que la Maheude hurle devant le corps de sa fille. En avril, Étienne s'apprĂȘte Ă  partir pour Paris oĂč l'appelle Pluchart. Il vient saluer ses compagnons de lutte, qui lui ont pardonnĂ© et ont dĂ» reprendre le travail sans avoir rien obtenu. La Maheude doit travailler pour nourrir sa famille avec la seule aide de Jeanlin. Elle garde l'espoir d'une revanche et se rĂ©concilie avec Étienne. Ce dernier croit en l'organisation, en l'efficacitĂ© des syndicats et en une rĂ©volution prochaine. En s'Ă©loignant, il croit pressentir une germination irrĂ©sistible. Sans prĂ©tendre ĂȘtre le premier roman Ă  Ă©voquer le monde ouvrier, Germinal en donne l'une des images les plus puissantes. Peinture prĂ©cise et Ă©pique Ă  la fois de la vie quotidienne, du labeur et des souffrances des mineurs, il organise savamment une progression vers le point culminant de la grĂšve et de la catastrophe finale, ouvrant sur la perspective utopique de la citĂ© future. Zola avait dĂ©jĂ  traitĂ© de la condition ouvriĂšre dans l'Assommoir. Ces deux textes, liĂ©s "biologiquement", puisque Étienne est le fils de Gervaise Macquart et de son amant Auguste Lantier, fonctionnent aussi en parallĂšle. Aux malheurs et Ă  la dĂ©chĂ©ance de la blanchisseuse, rĂ©pondent les affres de son fils, menacĂ© par le dĂ©terminisme hĂ©rĂ©ditaire. L'Assommoir avait dĂ©jĂ  montrĂ© combien il est difficile de constituer le peuple en objet littĂ©raire. Grand absent du roman balzacien, il a Ă©tĂ© cantonnĂ© dans les bas-fonds avec les MystĂšres de Paris d'EugĂšne Sue et les MisĂ©rables de Victor Hugo. Le monde du travail, quand il n'est pas Ă©dulcorĂ© dans les romans ruraux, inquiĂšte. Alors que les classes laborieuses apparaissent comme des classes dangereuses aux yeux d'une bourgeoisie pour qui le mouvement ouvrier, en voie de formation, fait planer l'horrible menace du chambardement, les faire accĂ©der Ă  la dignitĂ© littĂ©raire, c'est Ă  la fois conjurer symboliquement la menace et projeter un Ă©clairage salutaire sur une rĂ©alitĂ© mĂ©connue. En somme, c'est prĂ©venir pour guĂ©rir. Telle est l'intention idĂ©ologique du romancier. Il faut d'abord souligner la qualitĂ© de l'information de Zola, nourrie par une documentation livresque abondante, mais aussi par la documentation rassemblĂ©e sur le tas lors de son voyage Ă  Anzin en 1884. Le monde des mineurs, leur environnement, leur mode de vie sont donc un matĂ©riau pris sur le vif. Corons, cabarets, fosses, tout a Ă©tĂ© vu, mis en fiches, retranscrit et retravaillĂ© dans l'espace fictionnel. LĂ  s'inscrit l'ambition scientifique du romancier, l'expĂ©rimentation d'une rĂ©alitĂ© par l'Ă©criture. Zola a su rendre ce pays minier, continent noir de la France industrielle, elle-mĂȘme terre presque inconnue pour les lecteurs de romans de l'Ă©poque. La mine transforme hommes et femmes, par l'influence du milieu sur les individus, mais aussi par l'empreinte indĂ©lĂ©bile de l'aliĂ©nation sur les corps et les Ăąmes. Celle-ci est montrĂ©e, mise en texte. Germinal parle de ce qui n'a pas encore de nom ailleurs que dans la philosophie politique et celle de l'Histoire la lutte des classes. D'oĂč la prise en compte romanesque du collectif. Dans cette lutte, le prolĂ©tariat des mines reçoit Ă©videmment la meilleure part. Son premier reprĂ©sentant dans le roman annonce en quelque sorte son essence Bonnemort. Ayant vĂ©cu par avance le destin de tous les autres, il symbolise l'exploitation sĂ©culaire, la dĂ©chĂ©ance, la maladie professionnelle. La famille Maheu Ă©largit la perspective en incluant les sexes et les gĂ©nĂ©rations. Le travail repose sur l'Ă©quipe, oĂč, suprĂȘme raffinement, les mineurs sont contraints de participer eux-mĂȘmes Ă  leur propre exploitation, dans les enchĂšres du marchandage. CatĂ©gories, spĂ©cialisations, division d'un travail globalement extĂ©nuant et dĂ©bilitant la mine gĂąche les existences en autant de gestes rĂ©pĂ©titifs, en heures de sueur et de souffrance. Salaires de misĂšre, systĂšme qui oblige Ă  nĂ©gliger la sĂ©curitĂ©, amendes, dĂ©pendance totale Ă  l'Ă©gard de la Compagnie logement, santĂ©, chauffage... la mine a ses nouveaux esclaves. L'espace social est celui des trajets du coron Ă  la fosse, du carreau au coron. A la lecture, le roman donne l'illusion de se passer le plus souvent au fond. Il n'en est rien. Le coron, c'est encore la mine. Le poids de la fatigue, celui de la pauvretĂ©, de l'environnement tout y redouble l'effet du travail. MĂ©canisation des comportements, dĂ©possession du temps et de la force vitale, obsession de la routine voilĂ  l'illustration la plus convaincante de l'aliĂ©nation de la classe ouvriĂšre. Seule la ducasse, avec ses tendances orgiaques, introduit une rupture dans cette rĂ©itĂ©ration. Germinal dit magnifiquement cette privation de libertĂ© le mineur et sa famille sont prisonniers de la mine. D'oĂč la force de l'opposition avec l'espace bourgeois, tout de confort, de chaleur, de jouissance Ă©goĂŻste. Plus importante encore est l'absence d'intimitĂ© dans le coron. Tout se sait, tout s'entend on scrute les lits et les couverts. PromiscuitĂ© qui fait que le mineur est toujours Ă  l'Ă©troit comme dans sa taille. L'espace de la mine proprement dite est celui des taupes. Galeries, couloirs, puits, l'enfermement, la chaleur oppressante, l'obscuritĂ©, la poussiĂšre tout indispose, tout mĂ©tamorphose le mineur en un corps enchaĂźnĂ© et menacĂ© d'Ă©crasement. Violence contenue, qui explose parfois; langage sec, rapports humains durs. Lieu de l'Ă©nergie Ă  la fois par son produit et son travail, la mine est aussi celui du rut. Seul plaisir qui ne coĂ»te rien, le sexe renvoie aussi Ă  l'angoisse existentielle. Germinal insiste, parfois lourdement, sur cette obsession de la reproduction. On y plante souvent des enfants, destinĂ©s Ă  reproduire le destin des parents. Comme si les mineurs ensemençaient en permanence leur propre malheur. Cette Ă©nergie s'investit aussi dans la conquĂȘte du jour. La grĂšve, c'est cette libĂ©ration des ĂȘtres de la nuit, qui envahissent la surface, qui courent, crient. Les mineurs forment une meute. PoussĂ©s par la faim, la colĂšre et la fureur meurtriĂšre, ils donnent libre cours Ă  leur ivresse. Comme le torrent furieux qui envahit la mine, la foule barbare dĂ©vaste tout sur son passage. Meurtre, viol, destruction le fantasme du grand soir acquiert chez Zola une ampleur extraordinaire. Cette humanitĂ© asservie prend une revanche Ă©phĂ©mĂšre, avant de retomber dans sa servitude. Car en dĂ©finitive, la grĂšve n'aura Ă©tĂ© qu'un rĂȘve, un moment oĂč l'ont peut croire tout possible. La vie des mineurs, hommes, femmes et enfants, s'Ă©puise en une terrible frustration. Les rĂȘves de la jeunesse, la quĂȘte d'amour, tout bute sur la rĂ©alitĂ© sinistre. Dans l'environnement noir, gris et rouge, dans la vĂ©gĂ©tation pauvre, dans ce monde de brique et de charbon, il n'y a pas place pour l'Art, sauf celui du romancier. Quand il n'y a pas de pain, le rĂȘve tourne vite au cauchemar. D'oĂč l'importance d'un avenir de germination, sans lequel Germinal se dĂ©finirait comme un voyage au bout de la nuit. La vĂ©ritĂ© historique Zola amalgame des Ă©vĂ©nements qui ne se produisent pas ensemble dans l'Histoire et les dĂ©bats au sein du mouvement ouvrier prĂ©sentĂ©s dans le roman sont anachroniques importe moins que la thĂšse Ă  dĂ©fendre. Aux conditions "rĂ©elles" de la lutte ou de la vie ouvriĂšre se substitue une conception syncrĂ©tique, informĂ©e par une vision mythique. La composition travaille l'antithĂšse celle du monde du Travail et du monde du Capital. Opposition irrĂ©ductible qui dĂ©gĂ©nĂšre en violence dont l'assassinat de CĂ©cile par Bonnemort, atroce meurtre de l'innocence par l'aliĂ©nation au sens quasi clinique, dit en quelque sorte la force fantasmatique - plus encore que la fusillade. A cette opposition manichĂ©enne et efficace, s'ajoute celle entre les diffĂ©rentes formes du capital. Le rentier GrĂ©goire contre l'investisseur Deneulin; le petit capital Deneulin encore contre le grand la Compagnie... La classe ouvriĂšre, quant Ă  elle, est divisĂ©e par la jalousie. La sociĂ©tĂ© est travaillĂ©e Ă  tous ses niveaux par la loi d'airain de l'intĂ©rĂȘt. Pour dynamiser cette lutte du capital et du travail, Zola utilise 52 personnages. Il faut leur ajouter des ĂȘtres ou des entitĂ©s animĂ©es par l'imaginaire les chevaux Bataille et Trompette, la fosse du Voreux, le "Capital-Minotaure" belle expression de Colette Becker, l'eau... La construction romanesque obĂ©it en partie aux prĂ©ceptes du naturalisme les personnages reprĂ©sentent des forces, des lois, mais lĂ  s'arrĂȘte la thĂ©orie. S'il est vrai qu'aucun d'entre eux ne domine vraiment, mĂȘme pas Étienne, s'il est vrai qu'ils prennent une valeur symbolique, ils gardent une prĂ©sence individuelle. Zola obĂ©it Ă  des contraintes la sĂ©rie, qu'il a dĂ©finie en 1868, avec la loi d'hĂ©rĂ©ditĂ©, et l'influence du milieu sur les individus. Personne n'y Ă©chappe. De plus, l'arbre gĂ©nĂ©alogique des Rougon-Macquart impose un Étienne marquĂ© par l'irrĂ©pressible dĂ©sir de tuer. Mais le personnage subit une mutation. Ce n'est pas seulement une force qui va, inconsciente d'elle-mĂȘme, dĂ©terminĂ©e par la fatalitĂ© scientiste, mais surtout un hĂ©ros qui s'attaque au Capital-Minotaure. Il vient d'ailleurs, et il repart ailleurs. DĂ©jĂ  en lutte avec le patronat, il apparaĂźt comme un homme d'action, mĂȘme si Zola le montre saisi par des sortes d'illuminations confuses. Contre Rasseneur, le rĂ©aliste tranquille, il incarne la force de la revendication immĂ©diate, la colĂšre des exploitĂ©s. Étienne prend alors sinon l'allure d'un hĂ©ros positif, du moins celle d'un initiĂ© et d'un initiateur. Germinal ressemble ainsi Ă  un roman d'Ă©ducation. Chez les Maheu, il s'installe, devient un membre de la famille, Ă  laquelle il va insuffler le dĂ©sir de justice et de revanche. Il y a du mysticisme dans l'Ă©volution d'Étienne. Il connaĂźt d'ailleurs l'humiliation christique de l'abandon des hommes et la passion de la souffrance dans la mine, vĂ©ritable descente aux Enfers. Contrairement Ă  Souvarine, condamnĂ© Ă  l'individualisme de l'action violente et dĂ©sespĂ©rĂ©e, torturĂ© par le souvenir d'une exĂ©cution, Étienne est un meneur et un Ă©claireur. Il annonce la libĂ©ration de la classe ouvriĂšre. Cette Ă©volution est aussi liĂ©e Ă  une pĂ©dagogie il faut peindre un milieu, des catĂ©gories, des diffĂ©rences spĂ©cifiques, des types voir les Maheu. Le roman zolien est un systĂšme, ce qui garantit sa grande lisibilitĂ© mais accentue son cĂŽtĂ© un peu artificiel et didactique; Ă  ces contraintes choisies et assumĂ©es, il convient d'en ajouter de plus subtiles, qui ressortissent Ă  l'idĂ©ologie de Zola. LiĂ©e dans son esprit au sang, Ă  la violence, la grĂšve rejoue la tragĂ©die de la Commune. L'ouvrier zolien est aussi un barbare dans une histoire de feu et de sang. La tradition la plus contraignante reste celle du romanesque. Si le roman est social, il est aussi tributaire des situations, des schĂ©mas narratifs conventionnels comme ceux du mĂ©lodrame et du roman noir. D'oĂč les stĂ©rĂ©otypes, certes remotivĂ©s, et les oppositions de type dramatique, comme celle entre Étienne et Chaval, rivalitĂ© amoureuse qui se modalise en querelle politico-syndicale. Ce roman de lutte s'inscrit dans un espace surdĂ©terminant. Le Voreux tire Ă©videmment son nom des rĂ©sonances qu'il autorise le champ sĂ©mantique de la dĂ©voration s'y Ă©panouit. Le pays minier, tout d'obscuritĂ© et de platitude, prend en hiver sa vĂ©ritĂ© oppressante et dĂ©sespĂ©rante. La vie semble condamnĂ©e dans ce monde Ă  la fois minĂ©ralisĂ© et esthĂ©tisĂ©. Tout est houille, tout est charbonnĂ©. Il faudra attendre la fin du roman pour voir triompher la vie la germination impose sa vitalitĂ© contre la mort et contre la fatalitĂ©. A la coloration sombre, aux tons de l'obscuritĂ©, s'ajoutent l'humiditĂ© et la boue. Pays froid, pays trempĂ© l'eau, on le pressent, jouera un rĂŽle dĂ©cisif. On ne cherchera pas lĂ  une vĂ©ritĂ© du Nord c'est l'imaginaire de Zola qui transfigure le paysage, le crĂ©e en accord avec la tragĂ©die glauque qui va s'y jouer. Germinal organise le rĂ©cit d'une catastrophe, comme nombre de romans des Rougon-Macquart. Une apocalypse est mise en scĂšne. Elle synthĂ©tise la rĂ©pression de la grĂšve, la quasi-liquidation de la famille Maheu, la disparition du Voreux et le bouleversement de la sociĂ©tĂ©, qui, annoncĂ©, prophĂ©tise l'imminence d'une fin du monde. Ce qui explique la place de Souvarine, incarnation des forces de destruction. Dans cette symphonie apocalyptique, les modalitĂ©s traduisent les fantasmes et rĂ©incarnent les mythes. Combinaison de l'air et du feu, le grisou menace toujours, mĂȘme s'il ne sera pas la cause du cataclysme final. Au feu, la terre ajoute sa puissance Ă©crasante. De surcroĂźt, c'est l'eau qui tue dans Germinal. L'inondation, sourde, constante, pernicieuse, prend soudain une allure irrĂ©sistible et effrayante. Les monstres le Voreux, la Compagnie, les hommes le meurtre jouent en majeur cette partition de mort et de cataclysme, oĂč seuls le sexe, cet exutoire, et le sommeil, ce luxe, offrent leur dĂ©rivatif. Germinal dĂ©veloppe une Ă©popĂ©e, avec son cortĂšge de grossissements, voire d'exagĂ©rations. Si elle comporte une cause et un hĂ©ros, l'Ă©popĂ©e implique aussi le merveilleux. Ici radicalement moderne, celui-ci transfigure machines et fosse, animĂ©es, animalisĂ©es, voire anthropomorphisĂ©es. L'Ă©popĂ©e combine enfin les symboles ils abondent. Cette Ă©popĂ©e rĂ©cupĂšre bien des recettes du feuilleton. Il n'y manque pas le personnage pathĂ©tique et persĂ©cutĂ©, incarnĂ©e par Catherine, qui mĂ©rite que deux hommes se battent jusqu'Ă  la mort pour elle. On ne doit pas nĂ©gliger cet aspect du roman il constitue en grande partie son efficacitĂ©, et autorise sa dramatisation. Roman Ă©pique, Germinal se dĂ©finit aussi comme roman lyrique. Roman de la pitiĂ©, il sait faire appel aux sentiments du lecteur. Art de la description, du tableau, du contraste le style de Zola est Ă  la fois artiste et parfaitement adaptĂ© Ă  un langage "populaire". Sans recourir au patois du Nord, Zola utilise un relĂąchement syntaxique, une certaine monotonie du vocabulaire qui combine une langue familiĂšre et une langue littĂ©raire. Il s'agit d'une tentative de restitution d'un univers mental, d'une expĂ©rience, de moyens d'expression proches de ce que vivent les ouvriers. Enfin, le style de Zola Ă©voque l'art du peintre. On mesure sa rĂ©ussite Ă  cette indĂ©niable capacitĂ© Ă  transmuer un paysage morne en objet esthĂ©tique. Germinal s'impose aussi, et peut-ĂȘtre surtout, comme roman poĂ©tique. 2. J'accuse, d'Émile Zola 1898 Lettre Ă  M. FĂ©lix Faure, prĂ©sident de la RĂ©publique. Pamphlet d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© sous forme de lettre ouverte Ă  Paris dans l'Aurore le 13 janvier 1898. Faisant suite Ă  trois articles donnĂ©s au Figaro entre le 25 novembre et le 5 dĂ©cembre 1897 et Ă  deux brochures parues en dĂ©cembre 1897 et janvier 1898, J'accuse demeure le texte le plus cĂ©lĂšbre consacrĂ© par Zola Ă  l'affaire Dreyfus. L'ayant initialement conçu comme une nouvelle brochure, Zola dĂ©cida de le confier Ă  un quotidien qui avait pris parti en faveur de l'officier injustement condamnĂ©. Trois cent mille exemplaires du journal se vendent en quelques heures. Le retentissement est Ă©norme. Zola s'attire la haine des antidreyfusards et s'impose comme modĂšle de l' intellectuel engagĂ©. Le titre restera dans la mĂ©moire collective une rĂ©fĂ©rence politique, idĂ©ologique et culturelle, utilisĂ©e par Abel Gance, entre autres pour son film manifeste contre la guerre 1937. AdressĂ©e au prĂ©sident de la RĂ©publique, la lettre dĂ©finit d'emblĂ©e son objet dĂ©noncer la "souillure" qui macule la face de la France - l'acquittement d'Esterhazy - et oser prendre le parti de la vĂ©ritĂ©. Puis elle rĂ©capitule les faits l'intrigue imaginĂ©e par Du Paty de Clam Ă  partir du bordereau, l'arrestation de Dreyfus, le conseil de guerre, et, trois ans aprĂšs, l'affaire Esterhazy dĂ©couverte par le lieutenant-colonel Picquart, enfin les protections dont a bĂ©nĂ©ficiĂ© Esterhazy, le jugement inique rendu par le nouveau conseil de guerre. La conclusion Ă©numĂšre les accusations profĂ©rĂ©es par Zola contre Du Paty de Clam, l'"ouvrier diabolique de l'erreur judiciaire", la complicitĂ© des gĂ©nĂ©raux Mercier, de Boisdeffre, Gonse, de Pellieux, le mensonge des experts en Ă©criture, la campagne de presse menĂ©e par les bureaux de la Guerre, le viol du droit par le premier conseil de guerre et la couverture "par ordre" de cette iniquitĂ© par le second. L'acte d'accusation une fois dressĂ©, Zola, au nom de sa seule passion, "celle de la lumiĂšre" et de l'humanitĂ© "qui a tant souffert et qui a droit au bonheur", dĂ©signe clairement la portĂ©e judiciaire de son acte il s'agit d'une diffamation dĂ©libĂ©rĂ©e. Il attend donc d'ĂȘtre traduit en cour d'assises. La lettre se termine par une formule de politesse respectueuse. DĂ» Ă  Clemenceau, le titre reprend l'anaphore qui gouverne la pĂ©roraison. Il constitue l'article en rĂ©quisitoire prĂ©cis, rigoureux, Ă©loquent. S'il avait rĂ©agi en Ă©crivain dĂšs octobre 1897 "Mon cƓur de romancier bondit d'une admiration passionnĂ©e", s'il avait dĂ©montĂ© en grand polĂ©miste le mĂ©canisme de l'erreur judiciaire dans ses articles du Figaro - lequel, menacĂ© par ses abonnĂ©s et ses lecteurs, vira de bord et abandonna la cause de Dreyfus -, et s'il avait affirmĂ© que "la vĂ©ritĂ© Ă©tait en marche et que rien ne l'arrĂȘterait", c'est la colĂšre qui, au lendemain de l'acquittement d'Esterhazy 11 janvier 1898, dicte Ă  Zola en deux nuits et un jour ce qu'il appelle lui-mĂȘme "un moyen rĂ©volutionnaire pour hĂąter l'explosion de la vĂ©ritĂ© et de la justice". Plus qu'un cri, une satire ou une dĂ©nonciation, il s'agit en effet d'une provocation dĂ©libĂ©rĂ©e, d'un dĂ©fi destinĂ© Ă  contraindre les adversaires Ă  sortir de leur silence ou du confort de la chose jugĂ©e. Zola entend les pousser Ă  l'action judiciaire en correctionnelle, et, si possible, en cour d'assises. L'acte du journaliste prend ainsi la dimension d'un fait historique. L'intention provocatrice est servie par une fougue pamphlĂ©taire remarquablement maĂźtrisĂ©e. Habilement, Zola prĂ©sente l'acquittement d'Esterhazy comme un "crime social" qui dĂ©figure la France. A l'audace de ceux qui, "par ordre" accusation dĂ©cisive et savamment calculĂ©e, ont osĂ© prononcer un tel dĂ©ni de justice, il oppose la loi de son devoir "Mes nuits seraient hantĂ©es par le spectre de l'innocent qui expie lĂ -bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu'il n'a pas commis." Faisant revivre sous forme narrative les principaux Ă©vĂ©nements, ponctuant chaque phase essentielle d'un cri d'indignation, Zola allie la dĂ©monstration rigoureuse Ă  l'art du rĂ©cit, la force des mots Ă  la mise en scĂšne de l'Ă©motion. La pĂ©roraison est un chef-d'oeuvre de nettetĂ© l'expression "J'accuse", employĂ©e huit fois, la scande, et les noms citĂ©s sont rassemblĂ©s en une ultime et assassine formule "Ils ne sont pour moi que des entitĂ©s, des esprits de malfaisance sociale." AssistĂ© de Me Labori, Zola comparaĂźtra devant la cour d'assises le 7 fĂ©vrier pour la seule diffamation concernant l'affaire Esterhazy, le gouvernement ne voulant pas rouvrir le dossier Dreyfus. Ayant prononcĂ© une vibrante "dĂ©claration au jury" publiĂ©e dans l'Aurore du 22 fĂ©vrier, condamnĂ© dans le tumulte le 23 fĂ©vrier Ă  un an de prison et 3 000 francs d'amende, radiĂ© de la LĂ©gion d'honneur, menacĂ©, injuriĂ©, lapidĂ©, Zola se pourvoit en cassation ses Impressions d'audience seront publiĂ©es en 1948. La sentence est confirmĂ©e le 18 juillet 1898. Zola s'exile en Grande-Bretagne le mĂȘme jour, d'oĂč il ne rentrera que le 5 juin 1899, aprĂšs la cassation du procĂšs Dreyfus. S'il a perdu des lecteurs, Zola a gagnĂ© le droit d'ĂȘtre saluĂ© comme un "moment de la conscience humaine" Ă©loge funĂšbre prononcĂ© par Anatole France. 3. La bĂȘte humaine, d'Émile Zola 1890 Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris en feuilleton dans la Vie populaire du 4 novembre 1889 au 2 mars 1890, et en volume chez Charpentier en 1890. Depuis longtemps, Zola mĂ©dite deux sujets que l'ouvrage, le dix-septiĂšme de la sĂ©rie des Rougon-Macquart, rĂ©unit progressivement le thĂšme du meurtre et de l'institution judiciaire, d'une part qui avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© utilisĂ© dans ThĂ©rĂšse Raquin, et qu'ont rĂ©actualisĂ© pour Zola la lecture de DostoĂŻevski et des recherches de Lombroso sur l'"homme criminel"; d'autre part, la description du monde des chemin de fer, qui oblige Zola Ă  s'informer abondamment, auprĂšs de l'ingĂ©nieur Pol LefĂšvre, et aussi par lui-mĂȘme en accompagnant un mĂ©canicien sur la locomotive du Paris-Mantes. Roubaud, sous-chef de la gare du Havre, a Ă©pousĂ© SĂ©verine qui est protĂ©gĂ©e par le riche et vieux prĂ©sident Grandmorin. Celui-ci a autrefois dĂ©bauchĂ© SĂ©verine lorsqu'elle Ă©tait toute jeune, et son mari, qui le devine, veut se venger chap. 1. Le mĂ©canicien Jacques Lantier est venu passer la journĂ©e chez sa marraine Phasie la garde-barriĂšre, mariĂ©e Ă  Misard et dont la fille Flore est attirĂ©e par Jacques. Celui-ci, avec toutes les femmes qu'il aime physiquement, est pris d'une pulsion criminelle Ă  laquelle il Ă©chappe cette fois Ă  grand-peine. Mais, du bord de la voie, il aperçoit, dans le train qui passe, Roubaud assassinant Grandmorin dont on dĂ©couvre bientĂŽt le corps 2. Au Havre, on apprend la nouvelle Roubaud donne une version mensongĂšre qui semble convaincre; seul tĂ©moin Lantier, se tait 3. L'instruction est difficile en raison des enjeux politiques on soupçonne les Roubaud qui ont hĂ©ritĂ© d'une maison, mais aussi un personnage trĂšs fruste, Cabuche, amoureux d'une jeune fille violentĂ©e par Grandmorin 4. SĂ©verine vient Ă  Paris plaider sa cause auprĂšs d'un haut fonctionnaire impĂ©rial qui pressent sa culpabilitĂ©, mais laisse le juge Denizet s'engager sur de fausses pistes 5. Faute de preuves, la justice ne dĂ©signe aucun coupable. Mais le couple Roubaud, aprĂšs quelques moments de tsanquillitĂ©, se disloque lui fait des dettes de jeu qui l'amĂšnent Ă  puiser dans l'argent volĂ© Ă  Grandmorin, elle tombe amoureuse de Jacques 6. Celui-ci a de la peine Ă  dĂ©gager sa machine, la Lison, arrĂȘtĂ©e deux fois par la neige 7. Sa liaison avec SĂ©verine lui fait retrouver ses pulsions de meurtre, mais il n'arrive Ă  tuer ni son amante ni le mari de celle-ci, qui devient gĂȘnant 8-9. Phasie a Ă©tĂ© empoisonnĂ©e par Misard qui voulait s'emparer de son magot, et Flore, jalouse, veut tuer les amants. Pour cela, elle organise un accident, qui fera des morts, mais n'atteint pas les personnes visĂ©es. Elle se suicide 10. Lantier, recueilli et soignĂ© par SĂ©verine, la tue et l'on inculpe Cabuche, que des preuves mal interprĂ©tĂ©es semblent accuser. Lantier Ă©chappe Ă  la justice, mais son chauffeur Pecqueux, dont il a sĂ©duit la maĂźtresse, se bat avec lui. Ils tombent tous deux de la locomotive qui entraĂźne le train vers la mort Ă  une vitesse folle. On va vers la guerre 11-12. La BĂȘte humaine est d'abord le roman des chemins de fer et du monde nouveau qui s'est organisĂ© autour d'eux avec le train, les deux gares de la ligne et le lieu maudit oĂč l'on trouve Ă  la fois la maison du garde-barriĂšre et celle du prĂ©sident, le lieu oĂč se produisent les accidents. Avec aussi l'Ă©chelle sociale complĂšte qui va du garde-barriĂšre au gros actionnaire, en passant par toute la hiĂ©rarchie intermĂ©diaire, du chauffeur au mĂ©canicien, du sous-chef de gare au directeur de rĂ©seau. Mais ce monde-lĂ  n'est pas autonome, il est au contraire au coeur du systĂšme politique gĂ©nĂ©ral, comme le montre bien l'intervention des pouvoirs dans l'affaire judiciaire qui devient un enjeu politique le capital engagĂ©, les influences en cause et les personnages rendent l'Empire vulnĂ©rable Ă  travers les dĂ©bauches d'un vieillard. Mais, au-delĂ  de la sociologie, il y a aussi des Ă©nergies et des symboles. Le titre nous renvoie alors non seulement aux locomotives dĂ©chaĂźnĂ©es de la ligne, mais surtout aux passions et aux douleurs qui s'y donnent rendez-vous et aboutissent toutes au meurtre Roubaud et sa femme assassinent Grandmorin, Misard empoisonne Phasie, Flore fait dĂ©railler le train avant de se tuer, Jacques veut tuer les femmes qu'il aime avant de tomber, emportĂ© dans sa lutte avec Pecqueux. Amour et mort sont donc liĂ©s dans un livre trĂšs noir, qui peut aussi ĂȘtre compris comme une sorte de roman policier oĂč Zola suit et critique les dĂ©marches de pensĂ©e du juge Denizet, comme il critiquera les constructions fallacieuses de l'affaire Dreyfus. Mais il dĂ©borde cette dĂ©finition par l'orchestration symbolique qui unifie tous les thĂšmes; la bĂȘte mĂ©tallique comme la machine humaine ont des crises parallĂšles, la vie qui les habite est instable, connaĂźt des Ă©chappements brusques, des explosions destructrices "Puisque c'Ă©tait la loi de la vie, on devait y obĂ©ir, en dehors des scrupules qu'on avait inventĂ©s plus tard, pour vivre ensemble." Mais la bĂȘte humaine a ceci de diffĂ©rent qu'elle possĂšde aussi une conscience, c'est-Ă -dire angoisse et remords. Et c'est dans la description de tels affres que ce roman trouve son originalitĂ© par rapport Ă  la violence peut-ĂȘtre plus primitive de l'Assommoir ou de Germinal. 4. La curĂ©e, d'Émile Zola 1871 Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris en feuilleton dans la Cloche du 29 septembre au 5 novembre 1871 publication suspendue par dĂ©cision du parquet, la scĂšne de l'"inceste" ayant choquĂ© les autoritĂ©s, et en volume chez Lacroix en 1871. Ce deuxiĂšme roman de la sĂ©rie des Rougon-Macquart sera repris en 1872 chez Charpentier, l'Ă©diteur qui fera paraĂźtre dĂ©sormais toute la sĂ©rie. Une adaptation théùtrale, RenĂ©e, sera jouĂ©e en 1887. Le dĂ©cor choisi alimentait depuis longtemps la lĂ©gende noire du second Empire; scandales immobiliers et financiers, dĂ©pravation morale des Ă©lites, tout cela Ă©tait dĂ©jĂ  portĂ© au passif de NapolĂ©on III, et l'on peut attribuer au roman de nombreuses sources politiques et journalistiques. Mais c'est sans doute dans les rĂ©fĂ©rences littĂ©raires que se trouvent les vraies filiations dans les subtils complots dĂ©crits par Balzac pour une autre Ă©poque, ou chez ces chroniqueurs pointus du rĂ©gime dĂ©chu que furent les Goncourt. RenĂ©e, jeune Ă©pouse d'Aristide Saccard, et son beau-fils Maxime contemplent le spectacle du Tout-Paris en promenade au Bois. La famille mĂšne grand train dans son hĂŽtel au luxe Ă©crasant, bien diffĂ©rent de l'hĂŽtel de l'Ăźle Saint-Louis oĂč a grandi RenĂ©e. Elle a Ă©pousĂ© depuis le spĂ©culateur Saccard qui traite somptueusement chez lui de hauts fonctionnaires, des entrepreneurs, toutes sortes de personnages influents. RenĂ©e, de son cĂŽtĂ©, fascinĂ©e par la serre tropicale oĂč elle se rĂ©fugie, vit dans le dĂ©sarroi des liaisons sans amour chap. 1. On apprend alors qu'Aristide Rougon a perdu une premiĂšre femme, AngĂšle, dont il a eu Clotilde et Maxime. Venu Ă  Paris, attendant beaucoup de son frĂšre EugĂšne qui devient la cheville ouvriĂšre du nouveau rĂ©gime, il obtient un poste Ă  l'HĂŽtel de Ville, change son nom en Saccard, d'aprĂšs le nom, modifiĂ©, de sa femme. Ses fonctions vont lui permettre de prendre connaissance de grands projets d'expropriation et d'urbanisme. GrĂące Ă  sa sƓur Sidonie, il se donne les moyens de rĂ©ussir en acceptant d'Ă©pouser, alors qu'elle est enceinte, RenĂ©e BĂ©raud du ChĂątel, une jeune bourgeoise, qui lui apporte terrains et argent. Commencent alors les premiĂšres escroqueries avec sescomplices, dont Larsonneau 2. Maxime est arrivĂ© de sa province. RenĂ©e s'entiche de ce garçon qui l'accompagne chez Worms, le grand couturier, et devient son complice. Alors que Saccard rĂ©ussit de mieux en mieux, jusqu'Ă  faire son apparition Ă  la cour, RenĂ©e connaĂźt quelques amants passagers qui ne la distraient pas de son ennui 3. Poussant plus loin ses aventures, lors d'un bal chez une actrice, elle devient la maĂźtresse de Maxime. RenĂ©e, prise de remords, s'engage pourtant dans une liaison durable. Elle a aussi la surprise de voir son mari connaĂźtre ses premiĂšres difficultĂ©s financiĂšres dont il essaie de triompher Ă  force de manƓuvres et de dĂ©penses ostentatoires 4. RenĂ©e poursuit cependant sa vie lĂ©gĂšre tout en reprenant ses obligations conjugales et elle ressemble un peu Ă  cette PhĂšdre qu'elle va admirer au théùtre. Sa position se complique encore lorsqu'elle se fait surprendre avec Maxime par la fiancĂ©e de ce dernier dont le mariage doit servir les plans du pĂšre. Ajoutons enfin que Saccard veut escroquer sa femme 5. Une fĂȘte pseudo-mythologique a Ă©tĂ© organisĂ©e pour mettre en valeur Maxime, RenĂ©e et leurs belles amies la lĂ©gende de Narcisse et d'Écho est alors le prĂ©texte Ă  des tableaux luxueux et voluptueux. Puis, pendant le bal qui suit, Saccard surprend Maxime et RenĂ©e 6. La famille se dĂ©fait encore plus tandis que le trou financier se creuse, malgrĂ© quelques escroqueries supplĂ©mentaires. Maxime s'est mariĂ© avec Louise et quitte RenĂ©e qu'abandonne mĂȘme sa fidĂšle femme de chambre. L'empereur a vieilli, Maxime refuse de prĂȘter son argent Ă  son pĂšre. RenĂ©e mourra quelque temps aprĂšs 7. Il y a une vraie poĂ©sie de la CurĂ©e, dont l'ouverture et la fin du roman portent tĂ©moignage au Bois, dans des teintes dorĂ©es, Zola compose des paysages inquiĂ©tants, symboliques, crĂ©pusculaire pour le premier, ensoleillĂ© et nĂ©anmoins morbide pour le second. C'est d'ailleurs bien dans ce registre de couleurs qu'il faut dĂ©couvrir une des clĂ©s du livre. A de trĂšs nombreuses reprises, les couleurs prĂ©cieuses de l'or et de l'argent vont revenir, par exemple lorsqu'il s'agira de dĂ©crire le salon Saccard ou encore un des tableaux chez Plutus de la fĂȘte mythologique. A l'opposĂ©, on aura toute la gamme des teintes froides de l'hĂŽtel de l'Ăźle Saint-Louis oĂč RenĂ©e a passĂ© son enfance, entre les verts glauques de la Seine. Comme d'habitude chez Zola, il y a lĂ  une opposition prĂ©mĂ©ditĂ©e et symbolique Ă  l'inertie passĂ©iste des BĂ©raud du ChĂątel, les parents de RenĂ©e, on peut facilement opposer l'activitĂ© productive, mais morbide, de la spĂ©culation, de Paris qui bouge sous la pioche des dĂ©molisseurs et l'argent des financiers. Car lĂ  est l'ambiguĂŻtĂ© comment apprĂ©cier le travail de Saccard, lui qui a pris ce nom fondĂ© selon un calembour rĂ©vĂ©lateur? D'un cĂŽtĂ©, il anime la ville et l'emplit d'une rumeur vivante, d'une foule vibrionnante et fertile que RenĂ©e et Maxime contemplent depuis le cabinet particulier qui abrite leurs amours. Mais son activitĂ© est aussi profondĂ©ment malsaine. Et c'est lĂ  que l'Ă©clairage mythologique devient rĂ©vĂ©lateur. Deux mythes sont explicitement et longuement repris dans le livre celui de Narcisse dont la lĂ©gende est exploitĂ©e au chapitre 6, celui de PhĂšdre dont la reprĂ©sentation occupe quelques pages du chapitre 5, qui ont pour point commun de reprĂ©senter les dĂ©viations de l'amour. Refus mortel dans le premier cas, quasi-inceste dans l'autre - qui nous renvoie bien sĂ»r Ă  la relation entre RenĂ©e et Maxime. C'est que la modernitĂ© selon Zola est artifice, destruction d'un rapport sain entre les ĂȘtres et avec le monde qui les entoure. La ville est pour lui le lieu de la corruption du lien social, que favorise en plus l'atmosphĂšre dĂ©lĂ©tĂšre du rĂ©gime impĂ©rial. Le dĂ©sordre est partout chastetĂ© calculĂ©e et sans vertu de la bonne CĂ©leste, homosexualitĂ© du domestique Baptiste, fĂ©minitĂ© de Maxime, mariages intĂ©ressĂ©s aprĂšs avoir Ă©pousĂ© RenĂ©e, qui a Ă©tĂ© violĂ©e et qui aura des amants, Saccard est le complice de dĂ©bauche de son fils avant de le marier par intĂ©rĂȘt, le lesbianisme, la prostitution! Tout le systĂšme des interdits moraux s'effondre et, avec lui, tout le systĂšme social. Quant Ă  la circulation financiĂšre, elle est aussi artificielle il ne s'agit pas d'un Ă©change stable et honnĂȘte, mais d'un vertige, d'une imposture permanente qui passe par la tromperie ou le chantage. On n'Ă©change pas des biens, mais des options, des menaces, des influences. En rĂ©alitĂ©, le malheur de cette Ă©poque est bien dans sa facticitĂ©, dans sa logique perverse de mensonge par exemple, le CrĂ©dit viticole de Saccard a renoncĂ© Ă  sa vocation premiĂšre pour devenir une banque d'affaires qui joue son argent au lieu de le faire paisiblement travailler dans l'agriculture; la seule autre "nature" de cette ville malsaine est celle d'une serre tropicale oĂč RenĂ©e mordra une plante vĂ©nĂ©neuse, celle aussi d'un bois de Boulogne artificiel et mondain. Le mythe de la CurĂ©e est moins celui d'une chasse Ă  mort que celui d'un univers dĂ©naturĂ© par une Histoire qui va trop vite et dĂ©vore ses enfants. 5. La dĂ©bĂącle, d'Émile Zola 1892 Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris en feuilleton dans la Vie populaire de fĂ©vrier Ă  juillet 1892, et en volume chez Charpentier et Fasquelle la mĂȘme annĂ©e. Le livre, dix-neuviĂšme de la sĂ©rie des Rougon-Macquart, est essentiel Ă  la signification du cycle gĂ©nĂ©ral et du projet de l'auteur par rapport au second Empire dont il a vĂ©cu l'effondrement en tant que citoyen et journaliste. Sa participation aux SoirĂ©es de MĂ©dan tĂ©moignait dĂ©jĂ  d'un intĂ©rĂȘt qui se prĂ©cise avec la lecture de livres spĂ©cialisĂ©s sur la guerre de 1870, par un voyage, oĂč il reprend le parcours de l'armĂ©e de ChĂąlons, par des entretiens et la consultation de documents privĂ©s nombreux sur les enjeux politiques et militaires. DĂšs sa sortie, le roman obtient un Ă©norme succĂšs, favorisĂ© certainement par les polĂ©miques qui discutent son exactitude matĂ©rielle, son interprĂ©tation de la dĂ©faite, son patriotisme. PremiĂšre partie. Le caporal Jean Macquart et ses hommes, parmi lesquels Maurice Levasseur, Lapoulle, Chouteau, Pache et Loubet, vont apprendre Ă  vivre les premiĂšres dĂ©bĂącles de l'armĂ©e française. Depuis l'Alsace, c'est alors la retraite, et le mauvais esprit se rĂ©pand dans la troupe, malgrĂ© les encouragements de Jean. Le mĂ©contentement s'accroĂźt vers Reims et lors d'une contremarche vers Metz, en raison des doutes de toute l'armĂ©e de ChĂąlons sur la stratĂ©gie du commandement et la soliditĂ© du pouvoir suprĂȘme. AprĂšs quelques incomprĂ©hensions, l'amitiĂ© s'Ă©tablit entre Jean et Maurice. On aperçoit l'empereur et l'on devine la prĂ©sence de l'ennemi et de ses espions; mais ce qui l'emporte, c'est l'abattement, la fatigue, la faim, assouvie Ă  l'occasion de quelques rapines ou Ă©tapes heureuses, comme chez le pĂšre Fouchard. La jeune Silvine s'y rĂ©concilie avec HonorĂ©, son ancien fiancĂ© oubliĂ© un temps au profit de Goliath, espion prussien qui lui a fait un enfant. On se dirige vers Sedan. DeuxiĂšme partie. Les mouvements de l'armĂ©e allemande enferment NapolĂ©on III et ses troupes dans Sedan oĂč, malgrĂ© quelques tentatives, les soldats se dĂ©couragent sous les obus des batteries prussiennes. Mac-Mahon est blessĂ©, les habitants sont affolĂ©s, parmi lesquels le bourgeois Delaherche et la soeur de Maurice qui cherche son mari celui-ci se bat dans une maison des environs transformĂ©e en place forte oĂč il finira par ĂȘtre pris et exĂ©cutĂ©. Les morts sont innombrables, les blessĂ©s sont opĂ©rĂ©s dans des conditions horribles. Maurice sauve Jean en l'emportant sur son dos hors du champ de bataille. Sedan se rend; la capitulation est signĂ©e Ă  des conditions trĂšs dures. TroisiĂšme partie. Sur le champ de bataille, on dĂ©pouille les morts avant de les enterrer. Quant aux prisonniers, dont Jean et Maurice, ils sont internĂ©s dans une presqu'Ăźle oĂč ils souffrent de la faim, de la pluie et du froid. Sous un dĂ©guisement, Jean et Maurice s'enfuient. Jean sera blessĂ© et plus tard soignĂ© chez le pĂšre Fouchard; Goliath sera assassinĂ©, tandis qu'Ă  Sedan l'occupant s'installe et n'est pas trop mal accueilli. Il avance aussi vers Paris oĂč, Ă  la suite des dĂ©sastres militaires, la Commune sera dĂ©clarĂ©e. Au cours de la rĂ©pression, Jean, qui appartient aux troupes "versaillaises", va y blesser involontairement Maurice, qui en mourra. Paris est en feu, mais Jean veut espĂ©rer en un avenir meilleur. L'intĂ©rĂȘt du livre tient d'abord Ă  l'ampleur que Zola a voulu lui donner au fil des pages, on parcourt les provinces et les champs de bataille, on arpente les routes au grĂ© des ordres et des contrordres, des marches et des retraites. D'oĂč le sentiment de vertige qui peut prendre le lecteur devant une gĂ©ographie bousculĂ©e le cadre du rĂ©cit n'est plus le quartier ou la ville, mais l'espace d'un pays battu par les vents, la pluie et les obus. Quant Ă  l'Histoire, elle est prĂ©sente dans toutes ses dimensions sociales, depuis l'homme du peuple jusqu'Ă  l'empereur ou au roi de Prusse autour desquels se sont groupĂ©es deux nations la guerre brasse et transcende les classes, grandit les sentiments, accentue les tragĂ©dies, bouleverse les conditions. A un premier degrĂ©, cette guerre est un affrontement entre deux "races", malgrĂ© les liens et les parentĂ©s de part et d'autre de la frontiĂšre. Mais, selon une autre symbolique, la guerre est une crise historique dont le peuple français sortira renforcĂ© dans une dynamique organique et darwinienne Ă  laquelle croit Zola. Elle est le moment de vĂ©ritĂ© oĂč se rĂ©vĂšlent les maladies sociales la frivolitĂ© et l'imprĂ©paration des chefs, le mauvais esprit des subordonnĂ©s et oĂč se forge dans la souffrance un avenir meilleur. On peut donc lire le roman comme une Ă©popĂ©e, malgrĂ© son titre dĂ©bilitant comme chez HomĂšre, la guerre est la matiĂšre d'une hyperbole permanente, d'un grandissement des personnages; comme chez TolstoĂŻ, le dĂ©cor est celui d'un continent labourĂ© par la violence et la mort, l'action, celle d'un drame multiple qui lie dans le mĂȘme mouvement des milliers de consciences. 6. La fortune des Rougon, d'Émile Zola 1872 Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris en feuilleton dans le SiĂšcle en 1870 et 1871, et en volume chez Lacroix en 1872. Le projet de ce premier roman de la sĂ©rie des Rougon-Macquart, liĂ© Ă  celui du cycle tout entier dix volumes pour l'instant, date de 1868. Les souvenirs de l'auteur toponymie, notations de nature et de psychologie provinciale s'y mĂȘlent Ă  certaines rĂ©miniscences historiques et littĂ©raires, en particulier Madame Gervaisais des Goncourt qu'on pourrait citer aussi Ă  propos de la ConquĂȘte de Plassans. DĂšs la premiĂšre version du plan, les grandes lignes du rĂ©cit sont Ă©tablies pour intĂ©grer l'histoire d'une double famille dans les troubles insurrectionnels qui suivent le coup d'État en Provence Plassans, c'est Aix. Un deuxiĂšme pĂŽle d'intĂ©rĂȘt est dĂ©jĂ  constituĂ© aussi autour d'un jeune personnage idĂ©aliste et exaltĂ© dont les amours finiront mal. On peut suivre enfin dans les notes prĂ©paratoires l'Ă©volution des patronymes les Richaud-David deviennent les Goiraud-Bergasse qui connaissent d'autres versions avant les Rougon-Macquart. D'ailleurs les hĂ©sitations portent aussi sur d'autres noms ainsi que sur certains Ă©lĂ©ments qu'il faudra harmoniser avec la suite du cycle, dĂšs la troisiĂšme Ă©dition. La guerre ayant interrompu la publication du feuilleton, le roman rencontra peu d'Ă©cho malgrĂ© l'approbation chaleureuse de Flaubert. Mais le symbole est remarquable d'une parution interrompue par la mort d'un rĂ©gime dont Zola montre la naissance criminelle une logique complexe de vie et de mort lie dĂ©sormais le cycle naissant Ă  son objet disparu. L'aire Saint-Mittre fut un ancien cimetiĂšre de Plassans avant de devenir un terrain vague chargĂ© de prĂ©sences et de souvenirs. C'est lĂ  que s'aiment SilvĂšre et Miette. Les deux jeunes gens vont rejoindre la colonne d'insurgĂ©s partie dĂ©fendre la RĂ©publique dans toute la rĂ©gion on est au moment du coup d'État chap. 1. Plassans est la ville stratĂ©gique cette citĂ© peureuse est divisĂ©e en trois catĂ©gories sociales qui font autant de quartiers. Il y a une aristocratie dĂ©cadente, dĂ©phasĂ©e et clĂ©ricale, une bourgeoisie arrivĂ©e, et enfin un groupe plus hĂ©tĂ©rogĂšne d'ouvriers et de petits bourgeois. C'est parmi ces derniers qu'il faut placer la descendance d'AdĂ©laĂŻde. Elle a eu de son mari lĂ©gitime un premier fils, Pierre Rougon, puis, avec Macquart, son amant tuĂ© par un gendarme, deux bĂątards, Antoine et Ursule, qui est la mĂšre de SilvĂšre. Pierre va rĂ©ussir Ă  dĂ©tourner Ă  son profit toute la fortune de sa mĂšre; il Ă©pouse aussi FĂ©licitĂ© dont il reprend l'affaire familiale et dont il aura surtout trois fils EugĂšne, avocat et futur politicien, Aristide qui va devenir journaliste, Pascal qui sera mĂ©decin et naturaliste. Les ambitieux Rougon tiennent un salon 2. La situation va se prĂȘter Ă  leurs manoeuvres. Face aux insurgĂ©s, certains vont rĂ©agir tout de suite et ĂȘtre faits prisonniers. Rougon, lui, se rĂ©serve les moyens d'intervenir plus tard 3. Le rĂ©cit fait alors entrer en scĂšne Antoine Macquart. DĂ©pitĂ© d'avoir perdu son hĂ©ritage, ce paresseux a Ă©pousĂ© la forte Fine qui l'entretient. Il a eu trois enfants, Lisa, Gervaise et Jean qui sont eux aussi exploitĂ©s par leur pĂšre. Au moment de la rĂ©volte, Antoine, rĂ©publicain par jalousie, va occuper la mairie 4. Retour ensuite sur les amours de SilvĂšre et de Miette dans un dĂ©cor de nature complice de leur idylle. Mais le chapitre nous ramĂšne au prĂ©sent avec l'affrontement dĂ©cisif des insurgĂ©s et de la troupe venue rĂ©tablir l'ordre. Miette est tuĂ©e 5. Dans Plassans inquiet et entre deux pouvoirs, le champ est libre pour les complots des Rougon. Dans un premier temps, ils s'emparent presque sans coup fĂ©rir de la mairie Ă  peine protĂ©gĂ©e. Devant les doutes et les moqueries, FĂ©licitĂ© va tramer une nouvelle affaire. InformĂ©e presque seule de la rĂ©ussite du coup d'État Ă  Paris, elle pousse Macquart Ă  trahir ses amis contre argent et Ă  les conduire dans un piĂšge. Celui-ci rĂ©ussit avant l'arrivĂ©e des forces de l'ordre 6. C'est le triomphe des Rougon; Pierre se voit dĂ©corĂ© de la LĂ©gion d'honneur et il va obtenir ce poste lucratif de receveur qui Ă©tait son ambition. SilvĂšre, lui, sera tuĂ© par le gendarme qu'il avait blessĂ© 7. Le premier intĂ©rĂȘt du livre est certainement son rĂŽle fondateur. Il ne s'agit pas d'une simple entrĂ©e en matiĂšre, d'une exposition rhĂ©torique de faits, de lieux ou de personnages contingents tout y a sa place et son sens dans une structure symbolique qui peut prĂ©tendre au statut de mythe. Par exemple avec un des endroits privilĂ©giĂ©s de l'action cet ancien cimetiĂšre oĂč les fantĂŽmes du passĂ© semblent guetter et nourrir les amours ou les violences d'aujourd'hui. De mĂȘme, le personnage de SilvĂšre ressuscite celui de l'ancien amant Macquart, lui aussi victime de l'ordre social, tout comme l'a Ă©tĂ© le pĂšre de Miette, bagnard honorable. Enfin il faudrait parler des agissements d'Antoine et de Pierre qui traduisent une fĂȘlure fondatrice et peuvent ĂȘtre vus aussi comme le crime initial qui scelle le destin d'une famille. RĂ©currences, symĂ©tries animĂ©es, hĂ©ros emblĂ©matiques, explications de et par l'origine, nous sommes bien dans un monde et un temps mythiques. On ne niera pourtant pas que le cadre soit celui d'une Histoire bien rĂ©elle et d'un rĂ©cit composĂ©. L'Histoire est d'abord celle d'un siĂšcle qui a laissĂ© ses marques dans les mentalitĂ©s et les fractures sociales de Plassans. Archives de souvenirs, pierres de mĂ©moire le prĂ©sent apparemment le plus banal ne s'explique que si le narrateur nous en donne l'origine, parfois lointaine; que s'il plonge dans le passĂ© des lieux et des ĂȘtres. A court terme, cependant, c'est l'histoire rĂ©cente de la IIe RĂ©publique et du coup d'État qui intĂ©resse Zola les Rougon-Macquart vont y proposer toute la gamme des attitudes possibles, des actes et des sentiments, lĂąches ou courageux, intĂ©ressĂ©s ou pas, une Histoire incarnĂ©e donc, et non pas une chronologie froide. Mais le mĂȘme raisonnement vaut aussi pour le deuxiĂšme projet dĂ©monstratif, celui des grandes lois hĂ©rĂ©ditaires et sociales annoncĂ©es dans une PrĂ©face dont les Rougon-Macquart sont l'application diversifiĂ©e et narrĂ©e, la combinatoire exemplaire. Car il faut insister ici sur la mĂ©thode de Zola qui classe tout en racontant oppositions, analogies, dĂ©placements, variations, chaque Ă©lĂ©ment est installĂ© dans son biotope et en mĂȘme temps intĂ©grĂ© Ă  l'Ă©volution dynamique de son groupe. D'oĂč des procĂ©dĂ©s trĂšs pĂ©dagogiques d'explication tableaux de la gĂ©ographie politique d'une ville, d'un quartier, d'un salon, climat moral d'une journĂ©e, biographies rĂ©sumĂ©es, filiations gĂ©nĂ©alogiques avec les dispositions qui en dĂ©coulent. Et c'est sur ce dernier point qu'on dĂ©couvre une Ă©popĂ©e autant qu'un rĂ©cit mythique ou une histoire naturelle et sociale. D'abord parce que chaque personnage reprĂ©sente et symbolise une "grandeur" biologique et sociale Pierre est le petit bourgeois ambitieux, FĂ©licitĂ© est l' intrigante, Antoine le dĂ©classĂ© paresseux, Miette la fille persĂ©cutĂ©e, mais noble, d'un bagnard. Ensuite parce qu'on commence Ă  dĂ©couvrir les vraies forces qui animent les personnages et les animeront jusqu'au bout du cycle ce ne sont que des appĂ©tits, des dĂ©sirs de pouvoir, d'argent, de places, avec des nĂ©buleuses de haines, de jalousies, de lĂąchetĂ©s. En face, bien sĂ»r, il y a la gĂ©nĂ©rositĂ© de Pascal, son intelligence, l'honnĂȘtetĂ© d'un fonctionnaire lĂ©galiste, la passion noble de SilvĂšre et de Miette, mais quelle est leur chance face Ă  la fĂ©rocitĂ© ou Ă  la ruse? Antoine jalouse Pierre qui voudrait enlever sa place au receveur, et SilvĂšre blesse le gendarme qui le tuera une anthropologie pessimiste donc, qui fait de l'homme un loup pour l'homme. Mais si Zola n'en est pas encore Ă  justifier cette lutte au nom d'un progrĂšs socio-biologique, il n'en fait pas moins suivre avec passion cette immense confrontation, mortelle et fertile, de volontĂ©s et d'actions, de morts et de naissances, de foules en marche et de forces qui lĂšvent. 7. Le roman expĂ©rimental, d'Émile Zola 1880 Recueil d'articles d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris chez Charpentier en 1880. Le livre rassemble des textes parus essentiellement dans le Messager de l'Europe une revue de Saint-PĂ©tersbourg oĂč a Ă©tĂ© publiĂ© notamment l'article qui donne son titre au recueil, ainsi que dans le Bien public et le Voltaire les sections "Du roman" et "De la critique". Le Roman expĂ©rimental, qui paraĂźt la mĂȘme annĂ©e que Nana, est Ă©videmment liĂ© aux combats alors menĂ©s par Zola, dont le succĂšs s'impose Ă  tous dĂ©sormais, en dĂ©pit de certains adversaires irrĂ©conciliables. L'ouvrage a sa place dans la stratĂ©gie de l'Ă©crivain, qui, malgrĂ© lui, se voit considĂ©rĂ© comme un chef d'Ă©cole. Il s'inscrit aussi dans le dĂ©bat intellectuel gĂ©nĂ©ral de l'Ă©poque, rĂ©pondant aux prĂ©occupations dominantes que sont, d'une part, la dĂ©faite et la façon de s'en relever pour prĂ©parer la prochaine guerre, et d'autre part, les relations entre une science triomphante et une philosophie idĂ©aliste, une littĂ©rature encore encombrĂ©e de poncifs romantiques et une rĂ©publique doctrinaire ou fanatique. Le livre sera attaquĂ© avec violence, notamment par J. LemaĂźtre et F. BrunetiĂšre. "Le Roman expĂ©rimental". Premier article du recueil, il propose une brĂšve analyse de l'Introduction Ă  l'Ă©tude de la mĂ©decine expĂ©rimentale de Claude Bernard, en suggĂ©rant d'y mettre en place du mĂ©decin, le romancier naturaliste. En effet, celui-ci peut vraiment ĂȘtre un observateur et un expĂ©rimentateur, cette derniĂšre activitĂ© ouvrant la voie au talent ou au gĂ©nie Balzac. De plus, certaines lois, comme celles de l'hĂ©rĂ©ditĂ©, permettent de penser l'homme comme soumis au dĂ©terminisme. Au romancier d'interroger le "comment" des choses plutĂŽt que leur "pourquoi", et il sera utile aux autres. Ainsi la littĂ©rature Ă©chappera au statut de simple pratique esthĂ©tique et progressera en vertu d'une mĂ©thode. Le naturalisme n'est donc pas un moment comme les autres de l'histoire de la littĂ©rature, mais l'Ă©tape dĂ©cisive d'un grand mouvement d'idĂ©es qui, contrairement Ă  ce que pense Claude Bernard, ne laisse pas de cĂŽtĂ© le domaine esthĂ©tique. Les Ă©crivains et les artistes ont ainsi un rĂŽle Ă  jouer dans le cadre de la recherche scientifique et de l'enquĂȘte de terrain. "Lettre Ă  la jeunesse". La concomitance d'une reprise de Ruy Blas et de la rĂ©ception de Renan Ă  l'AcadĂ©mie française offre l'occasion d'une mise en accusation parallĂšle d'un cĂŽtĂ©, le romantisme et sa rhĂ©torique dĂ©passĂ©e, malgrĂ© ses innovations verbales; de l'autre, la timiditĂ© idĂ©aliste de Renan, que Zola oppose Ă  la hardiesse de Claude Bernard dont Renan fit l'Ă©loge dans son discours de rĂ©ception. En fait, si la France veut reprendre l' Alsace et la Lorraine, il faut qu'elle s'inscrive franchement dans le mouvement intellectuel qui conduit vers la vĂ©ritĂ©. "Le Naturalisme au théùtre" montre que ce genre s'est rĂ©novĂ© dĂšs le XVIIIe siĂšcle et que le drame romantique est un accident de cette Ă©volution. Si le roman a changĂ© avec Balzac, Stendhal, Flaubert et les Goncourt, le théùtre semble en retrait malgrĂ© V. Sardou, Dumas fils ou É. Augier. On ne peut expliquer ce phĂ©nomĂšne par le poids des conventions dramatiques, alors qu'au contraire la scĂšne, avec ses effets, ses dĂ©cors, offre un champ idĂ©al Ă  l'enquĂȘte. "L' Argent dans la littĂ©rature" oppose la condition servile de l'Ă©crivain d'autrefois au travail qui lui est aujourd'hui offert par les journaux, les Ă©diteurs, les théùtres. Ce nouveau marchĂ© est rude aux dĂ©butants, mais les plus talentueux rĂ©ussissent toujours Ă  Ă©merger. "Du roman" constate d'abord la dĂ©chĂ©ance de l'imagination par rapport au sens du rĂ©el. L'expression personnelle reste cependant possible et souhaitable, comme dans le cas d'A. Daudet. Il faut cependant, ainsi que le fait la critique, appliquer une mĂ©thode rigoureuse. Par exemple, la description n'est pas un exercice de peintre, mais une obligation de sociologue qu'ont comprise les Goncourt ou Flaubert. Trois dĂ©butants Hennique, Huysmans, Alexis permettent d'espĂ©rer, tandis que la parution des FrĂšres Zemganno, des Goncourt, est accueillie avec enthousiasme. "De la critique" rĂ©pond aux attaques contre le naturalisme et le roman, Ă©voque le souvenir de la revue le RĂ©alisme, souligne les incertitudes de Sainte-Beuve, met en valeur l'exemple de Berlioz, se moque des adversaires de Balzac, se prononce contre un prix de Rome littĂ©raire, attaque les bassesses de la politique, dĂ©fend le naturalisme contre l'accusation d' obscĂ©nitĂ©. Enfin, "la RĂ©publique et la LittĂ©rature" fait le portrait des diffĂ©rents types de rĂ©publicains, souvent hostiles au naturalisme. Contre la politique politicienne et les intĂ©rĂȘts cachĂ©s derriĂšre les beaux discours, Zola demande Ă  l'État nouveau de laisser aux artistes leur libertĂ© entiĂšre. Le caractĂšre composite de l'ouvrage est indĂ©niable, mais les articles forment entre eux une doctrine cohĂ©rente, dont on peut facilement dĂ©gager les traits principaux. Le naturalisme a d'abord des adversaires, malgrĂ© son triomphe inĂ©vitable le romantisme, avec ses jeux verbaux sans valeur, son emphase; l' idĂ©alisme, en particulier religieux, avec ses illusions et ses lĂąchetĂ©s; les romanciers Ă  l'eau de rose; les journalistes et les critiques superficiels, ou hostiles. Mais il a aussi ses ancĂȘtres tous les grands crĂ©ateurs, appliquĂ©s Ă  l'Ă©tude de la nature, chacun Ă  travers leur tempĂ©rament, le XVIIIe siĂšcle, les grands romanciers, ceux surtout du siĂšcle oĂč Ă©crit Zola - Stendhal et Balzac, souvent honnis Ă  leur Ă©poque comme Zola l'est Ă  la sienne, Flaubert ensuite et les Goncourt avant le naturalisme et ses jeunes pousses. A plusieurs reprises, Zola refuse d'ĂȘtre un guide ou mĂȘme un patron, s'inscrivant au contraire dans la lignĂ©e continue des expĂ©rimentateurs. Qu'est-ce pour lui, dans ces conditions, que la littĂ©rature? Certes un style, une "expression personnelle", mais d'abord l'oeuvre d'un "juge d'instruction de la nature", capable d'atteindre une vĂ©ritĂ© socialement utile. D'oĂč la rĂ©fĂ©rence envahissante Ă  Claude Bernard, figure tutĂ©laire du naturalisme, et plus gĂ©nĂ©ralement Ă  la science et Ă  ses processus heuristiques. Le fond doit l'emporter sur la forme, et le roman devenir une sorte d'entreprise sociologique oĂč les prĂ©occupations littĂ©raires passent au second plan, et oĂč la rĂ©ussite tient Ă  la mise en place d'une mĂ©thode efficace. L'ambition peut sembler Ă©trange ou naĂŻve, elle n'en traduit pas moins un projet cohĂ©rent et gĂ©nĂ©reux lĂ©gitimer le roman par la connaissance Ă  laquelle il fraye la voie, aux antipodes de tout formalisme. Cette thĂšse ne mĂ©rite pas le discrĂ©dit dont on l'entoure elle a le mĂ©rite d'exiger du romancier une Ă©tude sociale approfondie, de le libĂ©rer des clichĂ©s et des facilitĂ©s, d'ouvrir mille routes Ă  sa curiositĂ©; elle lui donne aussi la possibilitĂ© de s'intĂ©resser concrĂštement aux images d'une science qui en est riche par exemple dans le cas de l'hĂ©rĂ©ditĂ© et qui dĂšs ce temps, comme le montre aujourd'hui Michel Serres, dialogue subtilement avec la fiction. 8. Le ventre de Paris, d'Émile Zola 1873 Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris en feuilleton dans l'État du 12 janvier au 17 mars 1873, et en volume chez Charpentier la mĂȘme annĂ©e. Ce roman, troisiĂšme de la sĂ©rie des Rougon-Macquart, a probablement Ă©tĂ© prĂ©parĂ© dĂšs 1871, mais le vrai travail de plan et de rĂ©daction date de 1872. Partie du personnage de Lisa, la structure du livre se dĂ©ploie grĂące Ă  l'intervention des deux frĂšres antithĂ©tiques, puis du personnel auxiliaire, ces silhouettes que Zola a pu observer lors de visites attentives aux Halles. L'Ă©crivain a Ă©galement, selon son habitude, consultĂ© toute une documentation livresque, interrogĂ© des amis, repris la matiĂšre de certains articles antĂ©rieurs. La Cloche ayant disparu, Zola a besoin d'un autre journal pour la publication en feuilleton. Le Corsaire sera interdit en raison d'un article virulent de Zola; c'est en dĂ©finitive l'État qui reprend le texte, qui, s'il est approuvĂ© des jeunes Ă©crivains audacieux, suscite, par certains de ses excĂšs, la rĂ©probation de la critique Ă©prise de "bon goĂ»t". Le roman est organisĂ© en 6 chapitres, dont 4 comportent une description gĂ©nĂ©rale des Halles ou celle d'un pavillon. Nous sommes en 1858. Recueilli dans la rue par Madame François, une maraĂźchĂšre, Florent, qui fut arrĂȘtĂ© lors du coup d'État, arrive dans le quartier des nouvelles Halles Ă  Paris. Il rencontre le peintre Claude Lantier, qui lui dĂ©crit les beautĂ©s de l'endroit, Marjolin et Cadine, les jeunes gĂ©nies du lieu, des commerçants, dont le rĂŽtisseur Gavard, qu'il reconnaĂźt. Il retrouve enfin son frĂšre Quenu, devenu un riche charcutier, dont la femme Lisa tient la somptueuse boutique chap. 1. On revient en arriĂšre Florent, destinĂ© Ă  ĂȘtre avocat, a dĂ» abandonner ses Ă©tudes pour Ă©lever son frĂšre aprĂšs la mort de leur mĂšre. Devenu un orateur rĂ©publicain, il a Ă©tĂ© dĂ©portĂ© Ă  Cayenne aprĂšs le coup d'État, alors que son frĂšre se plaçait chez leur oncle, le charcutier Gradelle, oĂč il rencontra Lisa, la fille aĂźnĂ©e d'Antoine Macquart. Le couple hĂ©rita de Gradelle, et ouvrit son magasin rue Rambuteau, avant d'avoir une fille, Pauline. Retour Ă  l'action les Quenu recueillent Florent, qui s'est Ă©vadĂ© du bagne, et Ă  qui Gavard, rĂ©publicain lui aussi, trouve une place d'inspecteur Ă  la marĂ©e 2. Florent tente de s'adapter Ă  ce nouveau milieu. Il apprend Ă  lire Ă  Muche, le fils de Louise MĂ©hudin, dite la Normande, poissonniĂšre ardente et superbe, qui, jalouse de Lisa, tente d'attirer Florent, qu'elle croit l'amant de la belle charcutiĂšre. Il frĂ©quente aussi un groupe d'opposants politiques, qui se rĂ©unissent chez Lebigre, un cabaretier qui fait office de mouchard 3. Marjolin et Cadine animent de leur espiĂšglerie amoureuse les pavillons des Halles. Lisa doit mĂȘme se dĂ©fendre des avances de Marjolin en l'assommant. Le peintre Claude, leur ami et celui de Florent, exalte les principes de l'art nouveau, nourri de rĂ©el, et dĂ©veloppe la grande mĂ©taphore allĂ©gorique des "gras" et des "maigres", qui dĂ©finit l'opposition fondamentale de la sociĂ©tĂ© 4. Les frĂ©quentations de Florent inquiĂštent de plus en plus Lisa, Ă©prise de prospĂ©ritĂ©, d'ordre et de tranquillitĂ©. Mlle Saget, une vieille fille acariĂątre et malveillante, propage la rumeur d'un complot dont Florent est la cheville ouvriĂšre, alors que la rivalitĂ© de la charcutiĂšre et de la poissonniĂšre s'envenime 5. Lisa finit par dĂ©noncer son beau-frĂšre, qui Ă©tait surveillĂ© dĂšs le dĂ©but par la police. Tous les conjurĂ©s sont arrĂȘtĂ©s, au grand soulagement du peuple commerçant et gras des Halles, qui fait taire ses querelles en se rĂ©conciliant sur le dos de ces marginaux maigres. Claude peut alors s'exclamer "Quels gredins que les honnĂȘtes gens!" 6. Le Ventre de Paris est le grand roman de la nourriture. Il est scandĂ© d'abord par autant de morceaux de bravoure descriptifs qu'il y a de pavillons et de spĂ©cialitĂ©s alimentaires Ă  vendre aux Halles. Poissons, fruits, lĂ©gumes, fleurs et aussi fromages dont la "symphonie" odorante fit scandale Ă  l'Ă©poque! Il est vrai que le procĂ©dĂ© peut paraĂźtre mĂ©canique, mais le romancier a disposĂ© ces passages de façon Ă  accompagner le rĂ©cit. Par exemple, lorsque les puanteurs fromagĂšres forment le dĂ©cor olfactif des ragots colportĂ©s par les bavardes du quartier contre Florent. Au dĂ©but du livre aussi, quand la bourgeoisie grasse et satisfaite des charcutiers s'exprime dans la disposition de leur Ă©talage. Autre prĂ©sence, plus discrĂšte celle des noms, lorsque lesdits charcutiers s'appellent Quenu ou Gradelle, que d'autres personnages se nomment Logre, Gavard, Marjolin, la Sarriette ! La premiĂšre interprĂ©tation de toute cette nourriture est politique le grand affrontement de la vie sociale est celui qui oppose les "gras", qui peuvent et aiment manger, aux "maigres" toujours affamĂ©s. Sociobiologie historique un peu courte et trop dĂ©terministe, mais trĂšs Ă©vocatrice. La rĂ©volution devient alors la rĂ©bellion impossible des ventres vides contre les ventres pleins, dont le symbole est constituĂ© par les Tuileries gorgĂ©es de nourriture et dont des marchands spĂ©cialisĂ©s vendent les restes. Manger ou ĂȘtre mangĂ©, l'alternative est claire "Les Halles gĂ©antes, les nourritures, dĂ©bordantes et fortes, avaient hĂątĂ© la crise. Elles lui semblaient la bĂȘte satisfaite et digĂ©rant, Paris entripaillĂ©, cuvant sa graisse, appuyant sourdement l'Empire. Elles mettaient autour de lui des gorges Ă©normes, des reins monstrueux, des faces rondes, comme de continuels arguments contre sa maigreur de martyr, son visage jaune de mĂ©content." Le rapprochement ici doit ĂȘtre fait avec Germinal dont un des thĂšmes essentiels est Ă©videmment la nourriture mal partagĂ©e qui mĂšne les hommes Ă  s'entre-dĂ©vorer un compagnon de Florent fut d'ailleurs mangĂ© par les crabes... Mais la nourriture est Ă©galement l'enjeu central d'une fĂȘte, d'une joie, d'une dĂ©pense heureuse, et elle sera liĂ©e positivement Ă  la satisfaction des appĂ©tits qui nous constituent. ApparaĂźt alors une sorte d'Ă©lan vitaliste, panthĂ©iste la nourriture est l'objet de la faim, du goĂ»t, mais elle est Ă©galement la mĂ©taphore Ă  peine voilĂ©e de la sexualitĂ©, elle aussi heureuse et rabelaisienne. La critique a depuis longtemps marquĂ© le rapport entre l'apologie des ripailles et une subversion carnavalesque qui semble nous Ă©loigner beaucoup du conformisme des "gras" Ă©conomes. On voit alors la richesse et l'ambiguĂŻtĂ© du thĂšme l'aliment est tantĂŽt richesse concrĂšte qu'on peut accumuler, matiĂšre thĂ©saurisĂ©e et proche de l'excrĂ©ment ou de l'or en quoi elle se transforme; tantĂŽt aussi, objet de dĂ©pense, d'Ă©change et de partage dans la grande table mĂ©taphorique des Halles. Au-delĂ  encore, la nourriture n'est vĂ©ritablement comprise et sentie que par les artistes et les peintres en particulier, sensibles, comme peut l'ĂȘtre l'Ă©crivain Zola, Ă  la force vitale et fĂ©minine voir le grand nombre des marchandes qui Ă©mane de ces montagnes d'anguilles et de beurre. Ce n'est pas un hasard, en effet, si le coeur du livre est constituĂ© par la profession de foi esthĂ©tique de Claude la nourriture est Ă©videmment le rĂ©el mĂȘme, l'objet qui montre le mieux la vie, sa production et sa consommation. Toutes choses que veut justement reprĂ©senter l'esthĂ©tique naturaliste l'aliment, naturel et socialisĂ©, se trouve au coeur d'une histoire naturelle et sociale. Chaque spĂ©cialitĂ© alimentaire est alors comme une couleur de la palette, un goĂ»t particulier dans l'Ă©ventail des saveurs que l'on peut assimiler, par l'ingestion ou la sensibilitĂ© esthĂ©tique. Elle est enjeu social, valeur symbolique et dĂ©fi lancĂ© Ă  l'artiste. 9. Les Rougon-Macquart, d'Émile Zola De 1870 Ă  1872 Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second Empire. Cycle romanesque en vingt volumes d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© dans divers journaux, et en volume Ă  Paris chez Lacroix de 1870 Ă  1872 et chez Charpentier de 1873 Ă  1893. Les Rougon-Macquart sont l'oeuvre d'une vie, et leur chronologie se confond avec celle de leur auteur. Au moment oĂč il commence Ă  penser Ă  son grand cycle, en cette fin de second Empire, Zola n'est pas un inconnu il est dĂ©jĂ  l'auteur de plusieurs volumes de critique et de rĂ©cits, contes et romans, dont ThĂ©rĂšse Raquin 1867. Mais son projet est cette fois plus ample il s'agirait d'une vaste saga familiale oĂč joueraient les forces Ă©piques de l'Histoire et de la nature. Grand lecteur de Balzac, son modĂšle littĂ©raire malgrĂ© les diffĂ©rences qu'il affirme avec orgueil, lecteur aussi, et trĂšs attentif, des biologistes et des mĂ©decins C. Letourneau, P. Lucas, Darwin, Claude Bernard [voir Introduction Ă  l'Ă©tude de la mĂ©decine expĂ©rimentale], journaliste enfin et tĂ©moin lucide de son temps, Zola, pense-t-il, a en mains les Ă©lĂ©ments d'une oeuvre radicalement nouvelle. On y montrera les quatre mondes qu'il distingue peuple, commerçants, bourgeois et "monde Ă  part"!, mais qui seront en mĂȘme temps liĂ©s par les noeuds de l'hĂ©rĂ©ditĂ© et de l'Histoire rĂ©cente le second Empire moribond que l'Ă©crivain est en train de vivre. L'aventure littĂ©raire plaĂźt Ă  l'Ă©diteur Lacroix qui fait paraĂźtre la Fortune des Rougon feuilleton en 1870-1871, volume en 1871 avant la CurĂ©e 1871 et 1872 entourĂ©e d'une aura de scandale. Changement d'Ă©diteur ensuite Zola se retrouve chez Charpentier qui publiera dĂ©sormais la sĂ©rie le Ventre de Paris, 1873; la ConquĂȘte de Plassans, 1874 et sera le compagnon indispensable d'une vie de labeur. Car Zola, avec application et rĂ©gularitĂ©, aligne les titres la Faute de l'abbĂ© Mouret 1875, Son Excellence EugĂšne Rougon 1876, enfin l'Assommoir 1876 et 1877 qui va montrer toute l'efficacitĂ© de la mĂ©thode ennuis avec la justice, mais aussi succĂšs extraordinaire qui, aprĂšs Une page d'amour 1878, se retrouvera avec Nana 1879 et 1880 et Germinal 1885 succĂ©dant Ă  Pot-Bouille 1882, Au Bonheur des Dames 1883 et Ă  la Joie de vivre 1884. Toujours une mĂ©thode similaire l'imagination, qui fournit le schĂ©ma initial de l'intrigue, se nourrit de lectures, d'enquĂȘtes, d'interviews, et dĂ©bouche sur un scĂ©nario - moins fluide, plus Ă©tayĂ© que le premier - enfin sur une rĂ©daction continue. C'est ce travail toujours angoissant qu'on peut suivre aussi dans l'Oeuvre 1886, oĂč le peintre est dĂ©passĂ© par sa folie crĂ©atrice. Mais Zola, lui, devenu chef d'Ă©cole et phĂ©nomĂšne d'Ă©dition, ira jusqu'au bout la Terre 1887 fait le portrait des paysans et, aprĂšs la douceur merveilleuse du RĂȘve 1888, la BĂȘte humaine 1890 renouvelle la violence lyrique de l'Assommoir; l'Argent 1891, enfin, montre les outrances et la corruption qui expliquent la DĂ©bĂącle 1892. Le Docteur Pascal 1893 achĂšvera le cycle par une sorte de sommaire qui en mĂȘme temps Ă©nonce sa philosophie biologique et sa morale. Le premier intĂ©rĂȘt des Rougon-Macquart, c'est leur variĂ©tĂ© et leur diversitĂ©. Si le grand public a surtout en mĂ©moire les rouges et les noirs sinistres de l'Assommoir, de la BĂȘte humaine ou de Germinal, le lecteur plus curieux connaĂźt et apprĂ©cie d'autres gammes l'or des champs de blĂ© oĂč travaillent les paysans de la Terre, les chairs rosĂ©es des courtisanes de Nana, le vert bleutĂ© des algues festonnant les falaises de craie de la Joie de vivre, la boue grise et brune de la DĂ©bĂącle. Mais cette grande variĂ©tĂ© chromatique n'offre pas seulement les charmes de la nouveautĂ© Ă  chaque livre, elle marque aussi la richesse d'une palette homogĂšne, pour filer la mĂ©taphore zolienne du peintre, la richesse d'un art qui donne Ă  ce monde une unitĂ©. Qu'on reprenne les grandes descriptions mĂ©tĂ©orologiques d'Une page d'amour et l'on dĂ©couvrira, dans un paysage urbain, complexe et variable au grĂ© des saisons, des Ă©clairages, les Ă©lĂ©ments d'une harmonie. Qu'on relise encore les pages du Ventre de Paris oĂč Zola, de façon tout aussi grandiose, prĂ©sente les marchandises accumulĂ©es des pavillons spĂ©cialisĂ©s Ă  chaque fois, l'inventaire produit en camaĂŻeu une sorte de petit cosmos gourmand, destinĂ© lui-mĂȘme Ă  n'ĂȘtre qu'un point dans un univers alimentaire plus large; les multiples senteurs et splendeurs des fromages, poissons, gibiers et lĂ©gumes composent une symphonie, suscitent une sorte de vertige sensoriel toutes les couleurs et saveurs du monde rĂ©sumĂ©es, offertes Ă  une ville qui les mange. Naissant souvent de cette exploitation intensive d'un registre, l'unitĂ© peut surgir aussi de quelques formes particuliĂšres, de certains thĂšmes repris et travaillĂ©s pour leur signification symbolique les flammes, par exemple, dĂ©truisent et animent en mĂȘme temps une matiĂšre qui devient alors mouvement ou objet d'une alchimie singuliĂšre. C'est la locomotive exaltĂ©e de la BĂȘte humaine, ou l'incendie du Docteur Pascal qui incinĂšre une vie de travail. Ailleurs, ce seront plutĂŽt les grands horizons, les paysages amples ceux de Germinal, infiniment plats et dĂ©cevants, ou les champs de la Terre qui donnent Ă  la scĂšne rapprochĂ©e et prĂ©cise un arriĂšre-plan cosmique. Ailleurs, ce seront ces grandes foules qui composent presque, elles aussi, des paysages masses humaines pĂ©tries par Zola en autant de flux dĂ©ferlants capables de faire l'Histoire et de la dĂ©faire; soldats de la DĂ©bĂącle, acheteuses d'Au Bonheur des Dames, Ă©meutiers ou grĂ©vistes, tous ces groupes, ces classes et ces peuples sont souvent les vrais protagonistes, malgrĂ© leur anonymat collectif. En fait, il y a lĂ  autant d'images fortes et rĂ©currentes qui donnent au naturalisme zolien plus que son unitĂ© esthĂ©tique sa qualitĂ© visionnaire et Ă©pique. Quand le puits du Voreux se transforme en bĂȘte dĂ©vorante, quand tant d'hommes deviennent des fauves et qu'un corps imprĂ©gnĂ©, imbibĂ© d'alcool, se consume spontanĂ©ment, c'est bien l'imagination qui l'emporte, et pas seulement le pittoresque. On comprend mieux alors le personnage de Claude, dans l'Oeuvre. Zola Ă©crivain est peintre, homme d'images en tout cas, rĂȘvĂ©es, ou photographiĂ©es peut-ĂȘtre, mais Ă  condition de comprendre que le photographe que fut, passionnĂ©ment, Zola compose toujours une scĂšne, dirige ses acteurs, dispose les formes et les couleurs de façon concertĂ©e et imaginative. Certains feront ici le rapprochement avec Courbet, avec la force et l'audace de Manet; moins avec CĂ©zanne, plus avec les impressionnistes dont le projet pictural n'est pas si loin de ce rĂ©alisme visionnaire. Dans les deux cas, il s'agit d'abord de faire apparaĂźtre une rĂ©alitĂ© nouvelle, jusqu'Ă  prĂ©sent ignorĂ©e ou occultĂ©e. En leur accordant une dignitĂ© littĂ©raire, le roman s'ouvre ainsi, avec Zola et quelques autres, les territoires nouveaux de la physiologie, en particulier de la sexualitĂ©, du peuple, avec Ă©ventuellement son vocabulaire argotique, de tout un monde inĂ©dit de travailleurs, de marginaux... De mĂȘme qu'en peinture, on voit dĂ©sormais des nuditĂ©s concrĂštes et prosaĂŻques, des gares et des banlieues, le temps est venu oĂč les livres peuvent parler de la sueur, des pots de chambre, des accouchements ratĂ©s, de l'odeur des cuisines sales, de la vapeur des trains, des vomissures d'ivrogne, du fer des machines et de la fonte des architectures modernes. D'oĂč, bien sĂ»r, l'accusation de produire une littĂ©rature putride et dĂ©goĂ»tante, de prĂ©mĂ©diter toute une stratĂ©gie de scandale. Cependant, si l'on dĂ©passe ce plan polĂ©mique, ce qui demeure pour le lecteur moderne, c'est surtout le sentiment parfois euphorique comme chez Rabelais ou Balzac, parfois douloureux comme chez Baudelaire d'un Ă©largissement du monde, d'une ouverture. Mais la rupture ne rĂ©side pas seulement dans le motif choisi; on peut mĂȘme dire que le choix de ce motif est le rĂ©sultat d'une recherche esthĂ©tique qui le dĂ©passe. Pour Zola, comme sans doute pour Flaubert et les Goncourt, il y a d'abord un dĂ©fi Ă  relever dans ces sujets banals ou sordides, qui ne peuvent ĂȘtre rendus prĂ©cieux que par une Ă©criture puissante capable d'esthĂ©tiser un terrain vague ou un coron, plus gĂ©nĂ©ralement toutes les laideurs modernes. Mais la vraie spĂ©cificitĂ© de Zola est probablement ailleurs, dans le dessin et l'animation d'un monde Ă  la fois construit et vivant. Construit d'abord, c'est-Ă -dire dotĂ© d'un certain nombre de structures intelligibles, de rĂ©gularitĂ©s fonctionnelles. L'hĂ©rĂ©ditĂ©, sujet central des Rougon-Macquart, permet ainsi de retrouver, tout au long du cycle, certains phĂ©nomĂšnes constants, notamment ces tares et ces folies prĂ©sentes dĂšs l'origine de la famille et qui se transmettront de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. LeDocteur Pascal, dernier roman de la sĂ©rie, reconstitue a posteriori les circuits gĂ©nĂ©tiques, avec les collisions, les amalgames, les clivages et les variantes qui font l'identitĂ© individuelle de chaque personnage en mĂȘme temps que son appartenance familiale; fiches, figures, schĂšmes et rĂ©cits, outils usuels du savant, deviennent alors, ou plutĂŽt Ă©taient dĂšs l'origine les instruments et les pistes du romancier. On aurait donc tort de nĂ©gliger tous ces rĂȘves de science en n'y voyant qu'une illusion d'Ă©poque, scientiste et dĂ©passĂ©e, une impasse de la littĂ©rature que certains de nos contemporains prennent plaisir, un peu facilement, Ă  dĂ©noncer. En rĂ©alitĂ©, l'idĂ©e fausse est un fait vrai, et elle constitue pour le moins un modĂšle de reprĂ©sentation fĂ©cond, qui permet d'inventer, et aussi, mais seulement dans un deuxiĂšme temps, de lĂ©gitimer ce qu'on vient de dĂ©couvrir. A cĂŽtĂ© de l'effet massif et de la diversitĂ© subtile des Rougon-Macquart, dans ce monument variĂ©, on sera donc sensible aux lignes de structure, aux dĂ©coupages, aux filiĂšres, aux subdivisions qui organisent le monde, orientent le regard, cadrent, en les faisant voir, les choses et les ĂȘtres. Par exemple, les villes sont toujours des agencements de quartiers, ayant chacun leur spĂ©cificitĂ©, leur place Ă  part dans la variĂ©tĂ© des atmosphĂšres sociales; les quartiers eux-mĂȘmes sont composĂ©s de maisons et d'immeubles divisĂ©s Ă  leur tour en appartements, dotĂ©s chacun d'un habitant spĂ©cifique qui jouit Ă  sa fenĂȘtre d'une perspective singuliĂšre! C'est l'histoire de Pot-Bouille, ce sera aussi le sens de certains passages de l'Assommoir oĂč la ville est ainsi repĂ©rĂ©e, balisĂ©e; mĂȘme chose encore pour les quartiers de Plassans, les rayons d'Au Bonheur des Dames, les secteurs spĂ©culatifs de la CurĂ©e, les bataillons de la DĂ©bĂącle Ă  chaque fois, le romancier range, organise, rĂšgle, il lui faut des listes, des Ă©numĂ©rations, des places et des cases, tout l'arsenal taxinomique d'une encyclopĂ©die qui, pour dire, est obligĂ©e Ă  la mĂ©thode, Ă  la rigueur. Tout dire, tout montrer, tout expliquer en fait, dans ce monde plein comme un oeuf, infiniment saturĂ©, le romancier est notre guide. Un dernier exemple, avec ces pages denses de la Faute de l'abbĂ© Mouret oĂč l'Ă©rudition botanique se fait aussi foisonnante que la jungle du Paradou on y dĂ©couvre le bonheur d'un Ă©crivain maĂźtrisant, parce qu'il le parcourt et le nomme techniquement, un univers riche comme celui de l'Ăźle mystĂ©rieuse de Jules Verne. C'est par les mots et les classements qu'on peut ne pas se perdre, comprendre et donner Ă  voir. Mais ce monde n'est pas seulement construit, et les descriptions zoliennes n'ont pas pour but de figer la rĂ©alitĂ©, de produire une nature morte. Elles sont au contraire le lieu privilĂ©giĂ© d'une cosmogonie vivante, dynamique et inventive. D'oĂč l'importance des naissances, des enfances, des accouplements, sordides ou dionysiaques, des agonies mĂȘme; d'oĂč ces chantiers et ces ruines, ces projets qui fermentent, ces ambitions, ces spĂ©culations de tous ordres. Quel que soit le thĂšme, on dirait que Zola veut toujours faire sentir une transformation organique, initier son lecteur aux mĂ©tamorphoses d'une vie qui passe toujours par des genĂšses, des croissances et des dĂ©gĂ©nĂ©rescences. C'est par exemple le ministre ourdissant ses complots Son Excellence EugĂšne Rougon, le paysan accroissant sa terre, Gervaise passant de la misĂšre Ă  l'opulence avant de tomber de sa splendeur l'Assommoir; c'est Saccard passant, dans l'Argent, de la ruine Ă  la fortune avant de se ruiner encore... On dira que tout romancier dĂ©veloppe ainsi une histoire qui avance et se dĂ©ploie; mais la particularitĂ© de Zola, c'est d'orchestrer, de poĂ©tiser avec ampleur ces dĂ©bordements d'Ă©nergie. Un ouvrage important de Michel Serres Zola, feux et signaux de brume, 1975 explique mĂȘme que le cycle entier serait finalement comme une illustration symbolique de ce que peuvent les flux et les souffles quand ils circulent selon des modalitĂ©s thermodynamiques. On expliquerait ainsi, Ă  un premier niveau, les halĂštements de la locomotive dans la BĂȘte humaine, ou encore les effets pervers de l'alcool lorqu'il alimente - mal - et rouille la machine humaine; sur un plan plus large, on comprendrait aussi la chaleur des villes, la violence des folies et des crimes, la frĂ©nĂ©sie solaire des amours et des enrichissements en fin de compte, la vie n'avance que par ces pulsions flamboyantes, ces germinations, ces appĂ©tits, ces corruptions. DĂšs lors, la vraie morale, si l'on tient Ă  ce mot, consisterait moins ici Ă  critiquer les passions qu'Ă  en admirer les catastrophes paradoxales, toujours productives, comme dans Germinal, d'une naissance Ă  venir, d'un prolongement Ă  attendre. En fait, l'hĂ©rĂ©ditĂ© et la sociologie zoliennes sont toutes d'imagination, et d'une imagination qui croise deux modĂšles celui du classement qui repĂšre les individus et les lignĂ©es, qui impartit Ă  chacun sa place dans un ordre; mais aussi celui d'une dynamique qui fait bouger ces classements, les intĂšgre dans une Ă©volution biologique ou historique. Le monde social de Zola, ses personnages, sont donc Ă  la fois dĂ©terminĂ©s, prĂ©visibles Ă  certaines conditions et dans certaines situations, mais ils sont aussi libres, et cette libertĂ© peut ĂȘtre identifiĂ©e Ă  leur capacitĂ© de se transformer et de transformer le monde autour d'eux. Logiquement, on en vient alors Ă  parler de l'Histoire les Rougon-Macquart sont, comme l'indique le sous-titre, l'"histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second Empire". Cette famille est d'abord le microcosme d'une sociĂ©tĂ© globale qui connaĂźt des lois gĂ©nĂ©rales d'Ă©volution. Ainsi paysans, ouvriers, bourgeois, ministres et prostituĂ©es forment-ils un organisme vivant dont les Rougon-Macquart sont un sous-groupe homogĂšne, un Ă©chantillon plus ou moins reprĂ©sentatif. En particulier on y retrouvera l'affrontement Ă©ternel, l'Ă©popĂ©e si l'on prĂ©fĂšre, des Gras et des Maigres le Ventre de Paris, des puissants et des pauvres, des tueurs et des victimes. Plus spĂ©cifiquement, on y remarquera aussi la violence, l'incandescence particuliĂšre d'une Ă©poque oĂč les appĂ©tits de sexe et d'or s'exaltent sous la fĂ©rule d'un aventurier NapolĂ©on III qui fut aussi un viveur et un vorace. ReparaĂźt ici le paradoxe biologique dĂ©jĂ  signalĂ© si le second Empire voit le rĂšgne dĂ©cadent de la corruption et de l'immoralitĂ©, il accomplit en mĂȘme temps une transition inĂ©vitable, fĂ©conde Ă  long terme, promesse de renaissances Ă  venir; les monstres biologiques ou sociaux, les luxures et les dĂ©pravations servent sans doute une Ă©volution qui passe par eux et dont la ligne doit ĂȘtre perçue; la mort fait donc partie de la vie et le pessimisme, comme dans la Joie de vivre, doit s'effacer devant l'adhĂ©sion Ă  ce qui est, Ă  ce qui a mĂ©ritĂ© d'ĂȘtre et possĂšde donc une beautĂ©. Ces deux temps du raisonnement, ces deux temps du processus souffrance et apaisement sont sensibles dans le cycle lui-mĂȘme, d'abord riche en dĂ©nonciations violentes, puis de plus en plus serein au fur et Ă  mesure qu'on s'achemine vers la fin, vers un "tout est bien" synthĂ©tique qui peut passer pour une philosophie. Mais cette philosophie ne doit pas nous tromper les Rougon-Macquart ne sont pas l'illustration d'un a priori biologique ou historique, et il ne faudrait pas voir dans ces personnages de simples supports dĂ©monstratifs, malgrĂ© les thĂ©ories du Roman expĂ©rimental, et Zola n'a pas Ă©changĂ© les clichĂ©s du roman noir ou du roman bourgeois pour ceux du positivisme. Il n'a jamais aimĂ© les romances fades, les mystĂšres gratuits, les rebondissements trop prĂ©vus, tout ce qui sonne faux en littĂ©rature comme dans la vie par exemple les scĂ©narios fabriquĂ©s de l'affaire Dreyfus. Mais ce n'est pas pour retomber dans les illusions d'une littĂ©rature sociologisante qui parlerait d'un homme moyen fictif, ou encore d'une littĂ©rature militante qui refuserait les nuances de la rĂ©alitĂ© et verrait dans l'Histoire une providence ou une bonne nouvelle Ă  annoncer. Ce qui nous retient au contraire chez Zola, c'est son attention au dĂ©tail prĂ©cis que sa formation de journaliste lui avait appris Ă  repĂ©rer notations singuliĂšres sur les odeurs, sensations nouvelles de nausĂ©e ou de dĂ©tresse, remarques mĂ©dicales, gĂ©ographiques ou techniques, tous Ă©lĂ©ments d'une enquĂȘte menĂ©e avec prĂ©cision, rigueur et luciditĂ©. 10. L'Argent de Zola 1891 Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris en feuilleton dans le Gil Blas de novembre 1840 Ă  mars 1891, et en volume chez Charpentier en 1891. L'idĂ©e originale du livre, dix-huitiĂšme de la sĂ©rie des Rougon-Macquart, Ă©tait celle d'un rĂ©cit sur la dĂ©bĂącle politique du second Empire. Puis le projet d'un roman sur la Bourse s'impose et se nourrit de souvenirs plus ou moins proches d'abord celui du financier MirĂšs et des frĂšres Pereire dont la chute se produisit sous le rĂšgne de NapolĂ©on III, respectivement en 1861 et 1866-1867. Plus prĂšs du moment de la parution, il y a aussi l'affaire de l'Union gĂ©nĂ©rale, banque catholique créée par E. Bontoux et qui s'effondre en 1882. Le canevas tourne assez rapidement Ă  l'Ă©popĂ©e; et il lui faut un dĂ©cor que Zola met en place grĂące Ă  la lecture d'un ouvrage d'E. Feydeau sur les milieux financiers, une visite Ă  la Bourse et divers renseignements, obtenus par exemple auprĂšs d'E. Fasquelle. Parmi les boursiers et les spĂ©culateurs attablĂ©s, Aristide Saccard attend l'Ăąme damnĂ©e de son frĂšre EugĂšne Rougon, qui ne veut pas vraiment l'assister dans ses projets. On dĂ©couvre aussi d'autres personnages le Juif Gundermann, puissance tutĂ©laire de la Bourse, la baronne Sandorff, joueuse invĂ©tĂ©rĂ©e, la MĂ©chain qui prospĂšre dans les faillites douteuses, l'affairiste Busch qui rĂ©cupĂšre brutalement crĂ©ances et impayĂ©s tout en protĂ©geant son frĂšre Sigismond, socialiste utopique ennemi de l'argent chap. 1. Saccard a louĂ© une partie de l'hĂŽtel d'une princesse philanthrope. Il devient l'ami de l'ingĂ©nieur Hamelin et de sa seour Caroline. Il va utiliser les ambitions du premier tandis que la seconde se donne Ă  lui. Il y a aussi les Beauvilliers, voisines nobles et ruinĂ©es qui joueront leur va-tout sur les projets de Saccard 2. Saccard crĂ©e la Banque Universelle il s'agit, contre l'argent juif, de susciter une grande entreprise catholique qui saura vider les bas de laine des bien-pensants. Saccard s'entoure de l'agent de change Mazaud, du spĂ©culateur Daigremont, d'autres encore, Bohain, SĂ©dille et Kolb 3. L'entreprise commence bien Saccard tient bien ses affidĂ©s, rĂ©pond aux solliciteurs et agioteurs inquiets dont la baronne Sandorff, les Beauvilliers et mĂȘme un garçon de bureau; il croit sincĂšrement au succĂšs et aux bienfaits de son action, mais Busch veut exploiter contre lui une vieille dette liĂ©e Ă  un enfant naturel, Victor. Caroline fait Ă©cran entre eux. Pendant ce temps, la rĂ©ussite semble se confirmer, par le biais notamment d'augmentations de capital et d'articles orientĂ©s grĂące auxquels Saccard fait monter les cours de son action 4-6. Il a aussi des affaires de coeur avec la baronne Sandorff ou avec une courtisane de haut vol. Il croise enfin les plus grands personnages dans les salons, dont Bismarck 7-8. MalgrĂ© certains succĂšs, des bruits inquiĂ©tants se font entendre. Sous un prĂ©texte, Saccard se rend chez Busch qui poursuit un jeune Ă©crivain ainsi que les Beauvilliers. Ses ennuis financiers, aprĂšs une premiĂšre victoire Ă  la Pyrrhus, vont s'aggraver brutalement et aboutir Ă  une catastrophe gĂ©nĂ©rale. Les associĂ©s se dispersent, l'agent de change se tue, Victor viole la fille des Beauvilliers. Mais Saccard veut monter une nouvelle affaire et il y a en lui une force qui lui permet d'espĂ©rer 9-12. Ductile, mallĂ©able, levier neutre et puissant de toutes les intentions humaines, l'argent prĂ©sente des aspects ambigus qui animent et diffĂ©rencient les personnages du roman. Il y a ceux, d'abord, pour qui l'argent est mauvais par principe, comme le frĂšre de l'usurier pour qui "toutes nos crises, toute notre anarchie viennent de lĂ  [...]. Il faut tuer, tuer l'argent". Mais il y a surtout ceux qui le gĂšrent et s'en nourrissent, dans la grande jungle financiĂšre de la Bourse Gundermann, milliardaire, dyspeptique et Juif mĂȘme si cette donnĂ©e "rapetisse" tout, selon Zola, joue froidement la logique financiĂšre, tandis que Saccard, jouisseur ambitieux, "capitaine aventurier", spĂ©cule, gagne et perd Ă  l'excĂšs. Sur le plan d'une morale Ă©conomique simple, ce jeu est dangereux parce qu'il est illusoire, par opposition Ă  l'argent sain du travail et de l'Ă©pargne. Saccard ruinera ceux qui lui ont fait confiance et l'on pourrait en ce sens le considĂ©rer comme un escroc. Mais, d'un autre cĂŽtĂ©, il est aussi un idĂ©aliste qui sauve la mise d'un jeune Ă©crivain et lance ses clients dans des rĂȘves de colonisation de l'Orient catholique! Tout ce progrĂšs par l'argent, Saccard finit par y croire en s'intoxiquant des illusions qu'il diffuse. L'argent prend alors une dimension mythique, Ă  la fois complexe et structurante. A un premier niveau, il est le symptĂŽme des rĂ©ussites et des Ă©checs, sous forme de bĂ©nĂ©fices et de dettes. Il est aussi l'instrument de l'action, de l'entrepreneur qui en fait le nerf de sa guerre. Mais il est encore, au-delĂ , le symbole de l'Ă©change organique et social de la citĂ©, des commerces qui s'y lient, avec leurs malheurs et leurs miracles. Le rĂ©cit, par exemple, est rythmĂ© par les soubresauts du cours de l'Universelle, qui sont bien entendu le signe clair de la force de Saccard et de ce qui lui reste d'Ă©nergie vitale. Pour ce "poĂšte du million", il n'y a que "le jeu qui, du soir au lendemain, donne d'un coup le bien-ĂȘtre, le luxe, la vie large, la vie tout entiĂšre". Au fond, Saccard est l'agent d'un renouvellement fĂ©cond qui passe par la vente et l'achat, le gain et la perte, la vie et la mort "Sans l'amour, pas d'enfants, sans la spĂ©culation, pas d'affaires", Ă©crit Zola dans son Ébauche. 11. L'assommoir 1877, d'Émile Zola Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris en feuilleton dans le Bien public d'avril Ă  juin 1876, puis, aprĂšs une interruption due Ă  certaines difficultĂ©s politiques et Ă©ditoriales, dans la RĂ©publique des lettres, une revue d'orientation parnassienne, de juillet 1876 Ă  janvier 1877. Une premiĂšre partie paraĂźt en volume en 1876, mais la vĂ©ritable originale date de 1877, toutes deux Ă  Paris chez Charpentier. L'immense succĂšs public du septiĂšme roman de la sĂ©rie des Rougon-Macquart, tient en partie au scandale qui accueillit sa publication, avec notamment des articles dans le Figaro, le Gaulois, le Journal des dĂ©bats. On sait aussi qu'Ă  cĂŽtĂ© de l'enthousiasme de Huysmans et de MallarmĂ©, certains "excĂšs" arrĂȘtĂšrent E. de Goncourt, pionnier pourtant dans la description de ce monde nouveau celui du peuple. Mais l'oeuvre de Zola reste radicalement nouvelle et correspond Ă  un investissement personnel considĂ©rable visites, notes, lectures notamment le Sublime de D. Poulot. Par ailleurs, sa vie passĂ©e l'a conduit Ă  frĂ©quenter, jeune homme, les milieux dont il parle, et il a connu aussi les aspects politiques d'une situation qui le marque et l'indigne. Il adapta le roman pour la scĂšne, en collaboration avec Busnach et Gastineau 1879. Dans sa PrĂ©face, Zola revendique la rigueur de son plan, la moralitĂ© de ses ambitions, la vĂ©ritĂ© de son tableau. Gervaise est arrivĂ©e dans un Paris pauvre et hostile. Lantier, son amant, n'est pas rentrĂ© Ă  l'hĂŽtel oĂč ils logent avec leurs deux fils, Claude et Étienne. Chapelier de mĂ©tier, Lantier est paresseux et infidĂšle les scĂšnes de mĂ©nage se multiplient. Au lavoir, Gervaise est provoquĂ©e par Virginie, la soeur d'AdĂšle, la nouvelle amie de Lantier. Une bataille s'engage alors, dont Gervaise sort victorieuse chap. 1. QuittĂ©e par Lantier, elle se retrouve seule, mais Coupeau, ouvrier zingueur et couvreur, lui fait la cour, notamment Ă  l'Assommoir, le cabaret du pĂšre Colombe. Ils se mettent en mĂ©nage dans le triste immeuble de la Goutte-d'Or, oĂč habite la soeur de Coupeau, mariĂ©e Ă  Lorilleux, un artisan avare qui travaille l'or. Ils vont se marier 2. La noce se rend d'abord Ă  la mairie, puis Ă  l'Ă©glise. AprĂšs un petit repas, on se dirige, pour passer le temps, vers le musĂ©e du Louvre oĂč le "cortĂšge" se perd. On monte Ă  la colonne VendĂŽme avant de revenir pour le grand repas du soir Mes-Bottes, un ami, engloutit des portions formidables. On commence Ă  mĂ©dire de Gervaise qu'on appelle la "Banban" parce qu'elle boite. Au retour, elle rencontre le sinistre croque-mort Bazouge. GrĂące au travail et Ă  l'Ă©conomie, le mĂ©nage prospĂšre et a un enfant, Nana. Goujet, un forgeron, ouvrier solide et sĂ»r, vit avec sa mĂšre Ă  cĂŽtĂ© des Coupeau il devient l'ami de Gervaise. Un jour, en travaillant, Coupeau tombe d'un toit et se casse une jambe. L'accident fera fondre les Ă©conomies du mĂ©nage 3-5. GrĂące Ă  l'argent que lui prĂȘte Goujet, Gervaise peut s'Ă©tablir blanchisseuse et prospĂšre au point d'engager des ouvriĂšres. Elle gagne honnĂȘtement sa vie, mĂȘme si elle s'avachit progressivement. Elle voit souvent Goujet qu'elle ne peut rembourser. Elle retrouve aussi Virginie qui lui parle de Lantier, tandis que Coupeau, dĂ©sormais infirme et sans travail, traĂźne de plus en plus au cabaret avec ses amis Mes-Bottes, Bibi-la-Grillade et Bec-SalĂ© 6-7. Gervaise a prĂ©parĂ© un grand repas dont le sommet sera une oie rĂŽtie. On boit beaucoup et l'on chante au dessert. Lantier, qui est revenu, devient l'ami du couple. Il va vivre dans la boutique tout en refaisant la cour Ă  Gervaise que, de son cĂŽtĂ©, Goujet aime d'un amour chaste 8-9. Coupeau s'installe dans la paresse, Gervaise aussi se laisse aller; elle grossit, ne travaille plus aussi bien, perd son argent et sa rĂ©putation, se trouve finalement obligĂ©e de dĂ©mĂ©nager 10; tandis que Virginie et Poisson son mari reprennent la boutique, Nana grandit. Tout se dĂ©grade Lalie, enfant martyr des Bijard, se fait battre violemment. Coupeau, malade d'ivrognerie, est obligĂ© d'entrer Ă  Sainte-Anne. Gervaise elle-mĂȘme sombre dans l'alcoolisme 11. Nana aussi tourne mal devenue fleuriste, elle se laisse courtiser et entretenir par un "vieux", fugue Ă  plusieurs reprises, court les bastringues, devient une femme entretenue, tandis que Coupeau multiplie les sĂ©jours Ă  l'asile. Il y a de moins en moins d'argent. C'est l'hiver, tout part au Mont-de-PiĂ©tĂ©, la faim arrive, tandis que Lalie, l'enfant martyr, disparaĂźt. Gervaise, totalement dĂ©munie, en vient Ă  se prostituer, se proposant mĂȘme Ă  Goujet, qu'elle n'a pas reconnu 12. Coupeau va mourir, au milieu des hallucinations du delirium tremens. Gervaise poursuit sa dĂ©chĂ©ance sociale avant de mourir, elle aussi. Elle sera enterrĂ©e par le croque-mort Bazouge dĂ©jĂ  plusieurs fois rencontrĂ© 13. L'Assommoir est le cabaret sĂ©ducteur oĂč Coupeau, puis Gervaise iront boire le poison le "vitriol" distillĂ© par l'alambic. C'est Ă  lui qu'on doit la dĂ©gradation physique, la folie, la dĂ©chĂ©ance sociale dans son ensemble, d'autant plus dramatiques qu'elles se cachent derriĂšre l'apparence de la joie, de la convivialitĂ©. Mais il s'agit d'une euphorie diabolique, d'une Ă©nergie nĂ©gative et illusoire qui n'a rien d'un travail cette gaietĂ© se transforme facilement en paresse, en violence et en forces de mort. Le phĂ©nomĂšne de l'alcoolisme n'est donc pas simplement le rĂ©sultat de certains facteurs psychosociaux il est montrĂ© comme une sorte de malĂ©fice symbolique et contagieux. Il trahit d'abord la fĂȘlure familiale qui court Ă  travers l'Ă©difice des Rougon et des Macquart quand Gervaise imite les convulsions de son mari Ă  Sainte-Anne, elle retrouve sans doute la "tante Dide", de Plassans. Mais, l'alcoolisme est plus qu'un rĂ©vĂ©lateur, comme le sont ailleurs une tension politique, une situation financiĂšre ou amoureuse. Au-delĂ  de l'enjeu familial, il faut y voir l'aspect social et collectif d'un peuple tout entier menacĂ© dont l'emblĂšme est Gervaise on conçoit que certains socialistes aient Ă©tĂ© choquĂ©s par une vision finalement aussi pessimiste du prolĂ©tariat urbain, aliĂ©nĂ© et passif. Le reproche cependant n'est guĂšre fondĂ©. D'abord parce qu'Ă  cĂŽtĂ© des fous, des alcooliques, des pĂšres bourreaux, des parasites, des coureuses, il y a le peuple digne ce ne sont certes pas les Lorilleux, avares et jaloux, mais par exemple Goujet, le forgeron athlĂšte et Ă©conome qui vit avec sa mĂšre et aime Gervaise en secret, ou Lalie, la petite victime qui meurt Ă  quatorze ans. Ensuite, parce que Zola propose un vĂ©ritable tableau, non seulement concret mais cruel, de la condition ouvriĂšre. Car le livre possĂšde aussi cette audace, cette nouveautĂ© de ne pas fuir le dĂ©fi du tabou on nous montre le travail du zingueur sur les toits, celui des artisans chaĂźnistes en chambre, du forgeron virtuose qui fabrique ses clous et ses boulons, des blanchisseuses, des fleuristes. On nous montre aussi leur vie dans un dĂ©cor triste et angoissant, le quotidien sale d'un quartier populaire un passage, en particulier, dĂ©crit la maison de la Goutte-d'Or, sa promiscuitĂ©, ses odeurs rances, ses bruits perpĂ©tuels. Ces conditions de travail expliquent ou accompagnent l'alcoolisme, la misĂšre morale et ses angoisses l'accident du mari qui entraĂźne le manque d'argent, les enfants Ă  nourrir, le terme Ă  payer.... Le peuple n'est pas coupable. A la condition ouvriĂšre correspond aussi une authentique culture populaire elle se dĂ©finit d'abord en opposition Ă  une culture officielle symbolisĂ©e par le Louvre oĂč la noce se perd. Mais positivement cette fois, c'est aussi un langage auquel Zola a voulu coller au plus prĂšs en utilisant, comme on le sait, le style indirect libre dans lequel la narration est comme contaminĂ©e par la syntaxe et le vocabulaire du milieu linguistique qui en est l'objet. Cette culture populaire se traduit enfin par une certaine façon de vivre avec les autres, de conquĂ©rir ou de perdre son identitĂ© sociale. L'histoire du livre peut alors ĂȘtre comprise comme l'acquisition et la perte par Gervaise de cette identitĂ© d'abord provinciale sans statut, puis blanchisseuse honorable et reconnue, enfin vieille souillon misĂ©rable. Et le signe de ce statut, c'est la possibilitĂ© d'une dĂ©pense ostentatoire qui passe par les meubles, les vĂȘtements, la nourriture l'oie rĂŽtie montre par exemple un succĂšs dĂ©jĂ  menacĂ© par le gaspillage et une perte dont l'ivresse est une autre forme. Si l'Assommoir est un des sommets des Rougon-Macquart, il le doit Ă  de violentes couleurs rouges et noires, au sang et Ă  la mort, Ă  la vie intense qui s'y dĂ©roule, mais menacĂ©e justement, et jusqu'Ă  la mort, par cette intensitĂ©. Il le doit aussi Ă  l'unitĂ© du livre, qui est due Ă  sa courbe le destin de Gervaise, mais aussi Ă  l'utilisation nouvelle du style indirect libre qui accroĂźt la participation du lecteur. Pour ces deux raisons, l'on peut rapprocher l'Assommoir d'une tragĂ©die. Dans la mesure oĂč on y trouve violence et passion, mais aussi parce que le sentiment d'une fin inĂ©luctable, d'un destin biologico-social exemplaire suscite la terreur et la pitiĂ©. 12. L' oeuvre, d'Émile Zola 1886 Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris en feuilleton dans le Gil Blas de dĂ©cembre 1885 Ă  mars 1886, et en volume chez Charpentier en 1886. L'ouvrage, quatorziĂšme roman de la sĂ©rie des Rougon-Macquart, est au confluent de deux directions privilĂ©giĂ©es de la biographie zolienne d'abord le souvenir des annĂ©es aixoises et de bohĂšme parisienne - Solari, Baille, ValabrĂšgue, Alexis sont, entre plusieurs autres, la clĂ© pour comprendre le rĂ©seau des amis de Claude, le hĂ©ros du roman, qui doit lui-mĂȘme beaucoup Ă  CĂ©zanne. Ensuite l'amour de la peinture c'est Zola qui fit venir CĂ©zanne Ă  Paris. DĂšs le dĂ©but de sa carriĂšre d'Ă©crivain, il suit et soutient les jeunes peintres dans leurs batailles, en particulier lors d'une sĂ©rie d'articles en 1866 Mon salon il apprĂ©cie Corot, Millet, Courbet, il connaĂźt Manet, qui fait son portrait, et aussi tous les paysagistes et impressionnistes de la gĂ©nĂ©ration nouvelle, dont Guillemet et Pissarro. Plus gĂ©nĂ©ralement, le monde des arts lui est essentiel Ă  un double titre objet d'Ă©tude sociologique, inscrit depuis longtemps dans le programme des Rougon-Macquart, mais prudemment rĂ©servĂ© jusque-lĂ , il est aussi l'occasion pour Zola de faire Ă©tat de ses choix esthĂ©tiques. L'ouvrage suscita certaines rĂ©ticences dans les milieux artistiques dĂ©crits, et une quasi-rupture, pense-t-on, entre Zola et CĂ©zanne. Il brouilla aussi un peu plus l'auteur de l'Oeuvre et Edmond de Goncourt, qui avait cru y retrouver la trame de Manette Salomon. Claude Lantier, fils aĂźnĂ© de la Gervaise de l'Assommoir, accueille un soir Christine, venue de province pour ĂȘtre lectrice et qui s'est perdue dans Paris. Il fait son portrait, qui viendra inspirer un tableau dĂ©jĂ  commencĂ© chap. 1. Sandoz, son ami Ă©crivain, pose devant Claude. Ils sont tous deux originaires de Plassans, comme Dubuche qui veut devenir architecte. Ils se souviennent de leur enfance, de leurs admirations et de leurs espoirs, des temps difficiles 2. Claude, abattu et inquiet, fait le tour de ses amis Dubuche, le sculpteur Mahoudeau, le peintre ChaĂźne et tout un groupe qui sera plus tard celui du "Plein air", du nom d'une toile de Claude. On dĂźne chez Sandoz l'unitĂ© du groupe semble dĂ©jĂ  fragile. Bongrand, peintre arrivĂ© mais dĂ©vorĂ© par le doute, est un peu la figure tutĂ©laire Ă  laquelle on se rĂ©fĂšre 3. Christine revient toutes les semaines et devient l'amie, puis le modĂšle attitrĂ© de Claude. A cĂŽtĂ© du Salon officiel, celui des RefusĂ©s mĂ©lange la laideur et l'audace. On rit de la toile de Claude, ce qui dĂ©sole Christine et Claude, qui deviennent amants 4-5. Ils partent tous deux Ă  la campagne et finissent par s'y enfermer, malgrĂ© la visite de Sandoz qui entreprend un cycle romanesque ambitieux. Un enfant naĂźt, le petit Jacques. Dubuche Ă©pouse la fille d'un riche entrepreneur 6. LassĂ© de la campagne, le couple Lantier revient Ă  Paris et retrouve les amis de naguĂšre, les intrigues sentimentales et professionnelles les fausses audaces de Fagerolles qui rĂ©cupĂšre et affadit les principes du "Plein air", les spĂ©culations du marchand Naudet, les divergences esthĂ©tiques 7. Claude est refusĂ© au Salon plusieurs fois, et ces Ă©checs l'aigrissent malgrĂ© le dĂ©vouement de Christine, qu'il Ă©pouse. Il choisit aussi le sujet d'un grand tableau, un paysage parisien avec l'Ăźle de la CitĂ©. Mais il a beau s'acharner, l'oeuvre ne vient pas 8. Le petit capital de Claude se dissipe, investi dans une peinture qui est la vraie rivale de Christine. Claude s'abĂźme dans des thĂ©ories changeantes, il connaĂźt le dĂ©couragement. Jacques, son fils, meurt. Dominant son chagrin, Claude s'acharne sur la toile et peint son enfant mort 9. Cette toile est finalement reçue au Salon grĂące Ă  Fagerolles. Mais elle passe inaperçue. Claude revoit pĂ©riodiquement ses compagnons, mais un dĂźner chez Sandoz montre des dissensions et rĂ©vĂšle mĂȘme des haines 10-11. Il ne terminera pas son tableau parisien, malgrĂ© quelques vellĂ©itĂ©s. Il dĂ©sespĂšre Christine Ă  qui il prĂ©fĂšre sa peinture, et finit par se pendre en face de son oeuvre inachevĂ©e 12. Le livre vit d'une opposition fondamentale entre les effets de groupe et la solitude de Claude. Effets de groupe avec les dĂźners de Sandoz qui scandent le rĂ©cit et marquent les Ă©tapes de la dispersion inĂ©luctable, avec ces multiples rĂ©unions oĂč l'on boit, discute, dispute et mĂ©dit de concert promenades, brasseries, visites et rencontres d'ateliers. Il y a aussi les Salons oĂč les artistes s'adressent au public, avec ses toquades et ses conformismes. Et autour, tout un marchĂ© coteries, marchands, amis, confrĂšres et concurrents. L'Oeuvre peut alors ĂȘtre lue comme le rĂ©cit de la montĂ©e en puissance d'une "Ă©cole". Elle a ses dĂ©buts polĂ©miques, son apogĂ©e et ses dĂ©rives, ses prophĂštes comme Claude, ses Ă©pigones comme Fagerolles, ses stratĂ©gies collectives comme en connurent le rĂ©alisme ou l'impressionnisme, ses destins individuels. Car le livre est aussi l'histoire d'une solitude irrĂ©mĂ©diable le souvenir du romantisme est lĂ , compliquĂ© de la fĂȘlure familiale et de l'exemple de CĂ©zanne. Cette solitude est peut-ĂȘtre le signe d'une malĂ©diction, la cause ou le rĂ©sultat d'une impuissance qui ressemble Ă  celle de Frenhofer dans le Chef-d'oeuvre inconnu de Balzac voir la Recherche de l'absolu; elle est aussi un aboutissement logique dans l'itinĂ©raire du gĂ©nie laborieux. Car l'art est essentiellement vie et travail. Sandoz le romancier raconte Ă  plusieurs reprises l'accouchement difficile de cette "oEuvre" qui est le titre et aussi le thĂšme directeur du roman. "Allons travailler", dĂ©clare le mĂȘme personnage Ă  la derniĂšre ligne de l'oeuvre. Mais quel est ce travail? Celui de l'artiste n'est jamais acquis; il est risque et progrĂšs Bongrand ne cesse de se remettre en cause, Mahoudeau ne parvient plus Ă  donner Ă  ses sculptures l'ampleur dont il rĂȘve. Exemple inverse ChaĂźne, le mĂ©diocre, est le seul Ă  croire Ă  son talent sans ĂȘtre habitĂ© du moindre doute. Claude, lui, est pris entre ses Ă©lans et ses abattements selon que la toile rĂ©pond au dĂ©fi du rĂ©el ou s'en Ă©loigne, et finit par mourir de sa stĂ©rilitĂ© aprĂšs avoir tout sacrifiĂ© Ă  son art son argent, son couple et mĂȘme son enfant. Pour lui, les chairs peintes ou Ă  peindre sont plus intensĂ©ment vivantes et lumineuses que le corps de sa femme, oubliĂ© dans le modĂšle qu'elle est devenue. De mĂȘme, si la campagne est finalement dĂ©cevante, c'est qu'elle est soumise Ă  l'empire d'une force inhumaine, tandis que le peintre peut espĂ©rer participer activement au spectacle urbain, toujours renouvelĂ© et pleinement humain. Il s'agit bien de "tout voir et [de] tout peindre", et cette façon de devenir Dieu, cette volontĂ© d'appropriation du monde est un appĂ©tit positif que rĂ©vĂšlent les titres envisagĂ©s par Zola pour son roman les Faiseurs d'hommes, les CrĂ©ateurs de monde, CrĂ©er, Enfanter. Mais l'art est en mĂȘme temps dĂ©vorateur de l'Ă©nergie de l'artiste, une dĂ©viation dangereuse qui rompt l'Ă©quilibre des forces naturelles et brise les formes coutumiĂšres de notre perception. Sandoz, pĂ©niblement, gĂšre cette Ă©conomie des flux et des risques; Claude n'y parviendra pas, et le Titan sera foudroyĂ©. 13. Lourdes, d'Émile Zola 1894 Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris en feuilleton dans le Gil Blas du 15 avril au 15 aoĂ»t 1894, et en volume chez Charpentier et Fasquelle la mĂȘme annĂ©e. C'est une visite de l'auteur Ă  Lourdes qui est le point de dĂ©part de ce premier roman du cycle des Trois Villes. En 1891, puis lors d'un second sĂ©jour en aoĂ»t 1892, Zola dĂ©couvre la ville et l'Ă©tudie, notamment en compagnie d'H. Lasserre, rĂ©dacteur d'un Notre-Dame de Lourdes. Le projet se dĂ©doublera rapidement avant de devenir l'Ă©tape initiale de la trilogie des Villes Lourdes montrera "le besoin d'illusions et de croyances qu'a l'humanitĂ©"; Rome sera un bilan du siĂšcle, "la science mise en doute, et [la] rĂ©action spirituelle"; Paris, enfin, tournera autour du "socialisme triomphant", "hymne Ă  l'aurore", "religion humaine Ă  trouver". A sa sortie, l'ouvrage suscita une vive polĂ©mique, notamment avec les catholiques et certaines autoritĂ©s ou personnalitĂ©s locales il sera mĂȘme mis Ă  l'Index. La critique, elle, sera dans l'ensemble sensible Ă  la bonne foi de Zola. PremiĂšre journĂ©e. Le train de Lourdes part de Paris en gare d'OrlĂ©ans. On y trouve Marie de Guersaint, infirme et malingre, ainsi que d'autres malades avec leurs accompagnateurs, tous demandant une grĂące, physique ou morale la guĂ©rison d'une petite fille Mme Vincent, le retour d'un mari volage, la fin d'une phtisie la Grivotte, d'un abcĂšs au foie, d'un cancer Mme VĂȘtu, d'un lupus de la face Élise Rouquet. On chante et on prie. L'abbĂ© Pierre Froment est dans le convoi il pense Ă  l'histoire de sa vocation, traversĂ©e par de terribles doutes. Il a Ă©tĂ© l'ami de Marie et l'accompagne aujourd'hui avec un sentiment plus fort. On s'arrĂȘte un temps Ă  Poitiers, on dĂ©couvre d'autres malades ainsi qu'une miraculĂ©e qui raconte son histoire. Pierre lit, puis raconte l'histoire de Bernadette Soubirous aux voyageurs. Il est dĂ©chirĂ© entre un scepticisme qu'attise le mĂ©decin Chassaigne, et la tentation de l'adhĂ©sion pleine. DeuxiĂšme journĂ©e. C'est l'arrivĂ©e des pĂšlerins en gare de Lourdes, au milieu des brancardiers, des prĂȘtres. Puis c'est le dĂ©part pour l'hĂŽpital oĂč ils trouvent un logement de fortune. Pierre est frappĂ© par l'idolĂątrie ambiante, si forte qu'elle a mĂȘme touchĂ© un mĂ©decin autrefois incrĂ©dule. On baigne les malades, et mĂȘme un mort pour le ressusciter, tandis qu'un bureau des constatations examine les miraculĂ©s, ou prĂ©tendus tels, selon une dĂ©ontologie discutable. Espoirs et dĂ©ceptions des malades. Pierre reprend l'histoire de Bernadette, les persĂ©cutions dont elle a Ă©tĂ© victime, puis son triomphe. TroisiĂšme journĂ©e. On dĂ©couvre davantage la ville et son activitĂ© les magasins, les hĂŽtels, les industries diverses embouteillage de l'eau, cierges auxquelles s'adonne l'Église et qui suscitent, par exemple, l'hostilitĂ© d'un coiffeur libre penseur. Pierre apprend les sourdes manƓuvres qui eurent lieu autour du personnage de Bernadette. QuatriĂšme journĂ©e. Parmi les malades, c'est l'exaltation. Une grande procession a lieu et Marie, brusquement, retrouve l'usage de ses jambes, guĂ©rie probablement par un processus psychologique prĂ©visible et qui ne dĂ©sarme pas les mĂ©fiances de Pierre. Celui-ci va dĂ©couvrir la petite chambre nĂ©gligĂ©e de Bernadette et l'Ă©glise du bon curĂ© Peyramale, laissĂ©e Ă  l'abandon par l'institution ecclĂ©siastique. CinquiĂšme journĂ©e. C'est le dĂ©part pour Paris aprĂšs quelques bonheurs la guĂ©rison de Marie, celle, partielle, d'Élise, mais aussi beaucoup de dĂ©ceptions, une rechute et des morts. Marie a promis sa virginitĂ© Ă  la Vierge en Ă©change de sa guĂ©rison, ce qui apaise les regrets de Pierre qui, de son cĂŽtĂ©, ne rĂ©ussit pas Ă  dissimuler Ă  son amie ses doutes persistants. Il mĂ©dite sur les souffrances finales de Bernadette et la mort de celle-ci. PartagĂ© entre la pitiĂ© et le scepticisme, il pense Ă  une religion nouvelle qui prendrait le relais d'un catholicisme moribond. Les attaques des catholiques contre le livre ne doivent pas cacher le caractĂšre nuancĂ© de la position de Zola. Il y a, sans doute, selon l'Ă©crivain, toute une psychose, une autosuggestion qui est Ă  l'oeuvre Ă  Lourdes, favorisĂ©e par l'angoisse, la bĂȘtise et l'ignorance. On y trouvera aussi des conditions d'accueil bien peu hygiĂ©niques, une industrie qui exploite les pĂšlerins, des pĂšres et des sƓurs exaltĂ©s ou avides de pouvoir. D'un autre cĂŽtĂ© cependant, la misĂšre humaine qui s'y rencontre est aussi digne de pitiĂ©; tous ces espoirs déçus ou exaucĂ©s mĂ©ritent au moins le respect et l'histoire de Bernadette, en contrepoint au rĂ©cit principal, est racontĂ©e avec une sympathie, une poĂ©sie qui peut rappeler le RĂȘve. L'abbĂ© Froment, au nom symbolique, apparaĂźt comme tĂ©moin partagĂ© entre le scepticisme agnostique ou scientiste dĂ» Ă  un pĂšre chimiste ou Ă  un ami mĂ©decin et la foi transmise par une mĂšre trĂšs pieuse, capable donc d'un double regard, compliquĂ© encore par l'amour refoulĂ© qu'il Ă©prouve pour Marie et sa position de porte-parole de Zola. La solution pourrait ĂȘtre celle d'une religion nouvelle, encore brumeuse, mais qui ne serait pas si loin de l'humanisme socialisant de Guillaume, le frĂšre de Pierre. Toujours est-il qu'Ă  cĂŽtĂ© de la thĂšse se dĂ©veloppent deux thĂšmes romanesques en rapport avec l'imaginaire du cycle des Rougon-Macquart d'une part, la question du mal et de la souffrance, Ă  travers, par exemple, la description d'un wagon de pĂšlerins emportant sa cargaison de malades vers les piscines dĂ©goĂ»tantes de Lourdes et, d'autre part, la prĂ©sence des foules, ici transcendĂ©es par l'espoir et l'approche du surnaturel comme elles le furent ailleurs par l'insurrection voir Germinal. 14. Nana, d'Émile Zola 1879 Roman d'Emile Zola 1840-1902, publiĂ© en 1879. Ce roman est le neuviĂšme de la sĂ©rie des "Rougeon-Macquart". Anna Coupeau, fille de la blanchisseuse Gervaise et d'un pĂšre alcoolique personnages principaux de l' "Assommoir", est une crĂ©ature superbe, faite pour le luxe et le plaisir. Nous faisons sa connaissance alors qu'elle vient de dĂ©buter aux VariĂ©tĂ©s dans une mauvaise opĂ©rette "La VĂ©nus blonde". Sa voix est fausse, ses talents de comĂ©dienne nuls, mais sa beautĂ© si provocante qu'elle devient vite un objet de convoitise. Entretenue d'abord par Steiner, un banquier vĂ©reux, elle le quittera bientĂŽt pour se mettre en mĂ©nage avec le comĂ©dien Fontan, brute Ă©paisse qui la rosse et finira par l'abandonner. Alors, puisque personne ne l'aime et qu'elle n'aime personne, elle pratiquera totalement son mĂ©tier de courtisane, ruinant tour Ă  tour ceux qui la dĂ©sirent l'Ă©lĂ©gant Vandeuvre, puis La Faloise, viveur stupide et pĂ©dant, puis le capitaine Hugon, qui volera pour elle, jusqu'Ă  son frĂšre George, jeune garçon timide et maladroit qui se suicidera de dĂ©sespoir. Mais sa liaison, avec le comte Muffat, chambellan de l'Empereur, personnage timide et bigot, sera peut-ĂȘtre la plus honteuse et la plus pitoyable. Elle le mĂšne comme son serviteur, se plaisant Ă  l'humilier en public, puis en se donnant Ă  lui dans l'espoir d'en tirer des bĂ©nĂ©fices considĂ©rables. Nana, vite Ă©coeurĂ©e par cette sociĂ©tĂ© de jouisseurs, se retire dans un hĂŽtel construit Ă  grands frais par le comte. Elle s'y enferme avec lui dans une sorte de fidĂ©litĂ© provisoire. Le luxe provocant dans lequel elle vit finit par lui donner complĂštement le goĂ»t de la destruction. Elle oppose et humilie les hommes qui l'entourent, en leur rĂ©vĂ©lant les infidĂ©litĂ©s de leurs femmes, -en particulier celle du comte qui le trompe avec le journaliste Fauchers. Comme une idole jamais satisfaite, elle assiste Ă  cette dĂ©bĂącle qui est en mĂȘme temps la sienne, mais elle aura eu au moins le suprĂȘme bonheur de pouvoir venger, Ă  sa maniĂšre, le peuple sur l' aristocratie. Elle finira dans une sordide chambre d'hĂŽtel, emportĂ©e par une horrible maladie. Et tandis que son cadavre se putrĂ©fie, des clameurs retentissent dans les rues c'est la dĂ©claration de guerre Ă  la Prusse. Ainsi disparaĂźt Nana et la fausse splendeur d'une sociĂ©tĂ© corrompue par le vice. Ce roman est moins la peinture cruelle et audacieuse d'une courtisane que celle d'une sociĂ©tĂ© qui retrouvait ses propres faiblesses en elle. Zola a donnĂ© au personnage de Nana un relief et une vĂ©ritĂ© saisissante, ne craignant pour cela ni la vulgaritĂ©, ni l'obscĂ©nitĂ©. En dĂ©pit de certains excĂšs de langage, ce livre demeurera une des oeuvres maĂźtresses du romancier. 15. Paris, d'Émile Zola 1898 Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris en feuilleton dans le Journal de septembre 1897 Ă  mars 1898, et en volume chez Fasquelle en 1898. Dernier roman de la trilogie des Trois Villes voir Lourdes et Rome, le livre avait pour objet d'illustrer le socialisme triomphant, [...], la rĂ©alisation du bonheur, et cela dans le cadre du Paris actuel». Pourtant, Zola notait Mais ne pas trop s'asservir Ă  la rĂ©alitĂ©. Du rĂȘve.» Les nombreuses clĂ©s l'affaire de PanamĂĄ, des ressemblances nombreuses Ă©voquĂ©es ci-dessous et surtout l'engagement de l'Ă©crivain dans l'affaire Dreyfus, contemporaine du feuilleton, expliquent les enjeux trĂšs politiques de la rĂ©ception du livre. Livre I. De retour de Rome, l'abbĂ© Pierre Froment doute de sa vocation. Voulant rendre service Ă  un vieil indigent et le placer dans une oeuvre de charitĂ©, il croise l'anarchiste Salvat, puis se rend chez le riche baron Duvillard Ă©pris d'une maĂźtresse ambitieuse, le baron est l'Ă©poux d'une juive fortunĂ©e qui, de son cĂŽtĂ© entretient des relations avec un amant que jalouse sa fille Camille! Le fils, Hyacinthe, est extrĂ©miste, anarchiste, symboliste et homosexuel. D'autres personnages, le juge Amadieu, le gĂ©nĂ©ral de Bozonnet, la princesse Rosemonde de Harth constituent un entourage disparate et douteux. Enfin Pierre Froment se rend au Palais-Bourbon oĂč il cherche l'administrateur de l'oeuvre charitable. Il y rencontre le socialiste MĂšge, mais aussi des ministres et des hommes politiques calculateurs, peu reluisants. On apprend que Salvat a fait sauter une partie de l'hĂŽtel Duvillard avec un explosif puissant volĂ© Ă  Guillaume, le frĂšre de Pierre, qui a Ă©tĂ© blessĂ© au moment oĂč il allait s'interposer. Livre II. Pierre cache son frĂšre qui craint d'ĂȘtre compromis et qui est soignĂ© par l'illustre chimiste Bertheroy. Il accueille aussi dans sa maison le vieux contestataire BarthĂšs, ainsi que d'autres progressistes» avec lesquels il converse. L'enquĂȘte policiĂšre progresse cependant et risque d'atteindre Guillaume Ă  qui Salvat vient annoncer qu'il ne le trahira pas. Livre III. Les turpitudes bourgeoises se poursuivent chez les Duvillard jalousie entre fille et mĂšre; adultĂšre du pĂšre avec l'actrice Silviane, qu'il tente de faire entrer Ă  la ComĂ©die-Française; sombres spĂ©culations politico-financiĂšres; divertissements canailles au Cabinet des horreurs, oĂč chante le vulgaire Legras. Au bois de Boulogne, oĂč se retrouvent par hasard la baronne et son amant, les deux frĂšres Froment et la princesse de Harth, la police met la main sur Salvat arrestation qui va servir les combinaisons d'un ministre menacĂ©. Livre IV. Guillaume revient chez lui oĂč Pierre passe le voir et devient progressivement amoureux de Marie, une jeune fille que Guillaume voulait Ă©pouser. Salvat est jugĂ© et condamnĂ© Ă  mort. AprĂšs bien des affres, Guillaume accepte finalement le mariage de son frĂšre avec Marie. Livre V. L'exĂ©cution de Salvat se dĂ©roule au milieu des snobs, des curieux et des journalistes. Camille se marie enfin avec l'amant de sa mĂšre, tandis que Silviane triomphe dans Polyeucte. Guillaume, de son cĂŽtĂ©, dĂ©sespĂ©rĂ©, veut faire sauter le SacrĂ©-Coeur. Il en sera empĂȘchĂ© par son frĂšre, qui a eu un enfant avec Marie. Dans ce dĂ©sordre gĂ©nĂ©ral, le bonheur semble ne rĂ©compenser que ceux qui ouvrent et qui crĂ©ent, tels les enfants de Guillaume nĂ©s d'un premier lit, le chimiste, le technicien et l'artiste. Le rĂ©cit procĂšde souvent par oppositions binaires le prolĂ©tariat misĂ©rable de la rue des Saules s'oppose visiblement Ă  la haute bourgeoisie repue et dĂ©bauchĂ©e de la rue Godot-de-Mauroy; les combinaisons politiciennes et financiĂšres contrastent avec l'oeuvre saine des savants et des artistes, de mĂȘme que le catholicisme moribond, malgrĂ© ses fastes, avec l'humanisme socialisant qui en prend le relais et qui est destinĂ©, selon Zola, Ă  triompher dans l'avenir. Tel est en effet dans les Trois Villes le sens de l'itinĂ©raire de Pierre converti progressivement aux vraies valeurs que sont la science reprĂ©sentĂ©e par son pĂšre, son frĂšre et Bertheroy-Berthelot, la gĂ©nĂ©rositĂ© politique et sociale BarthĂšs-Blanqui, MĂšge-Guesde, et, sur un plan plus personnel, la vie, non plus reniĂ©e comme l'exige le cĂ©libat des prĂȘtres, mais acceptĂ©e dans l'union naturelle avec Marie. On peut Ă©videmment critiquer certaines faiblesses du livre, parfois rĂ©pĂ©titif et caricatural, l'impression de dĂ©jĂ -vu que suscitent telle courtisane actrice rappelant Nana, tel ministre bien proche de son excellence EugĂšne Rougon, telle envolĂ©e prophĂ©tique Ă  la maniĂšre de Germinal, tel panorama parisien qui fait penser Ă  Une page d'amour. On pourra aussi trouver bien sommaire le portrait des anarchistes malgrĂ© l'approbation de J. Grave et celui des socialistes radicaux, considĂ©rer qu'une page sur le rĂŽle de la bicyclette dans l'Ă©ducation des filles ou la place des normaliens dans la critique n'Ă©tait pas nĂ©cessaire! Mais, de nombreux passages restent captivants et originaux par exemple la description des moeurs parlementaires d'une RĂ©publique sortant Ă  peine du scandale de PanamĂĄ, celle des quartiers pauvres d'oĂč vient Salvat, et aussi celle de son exĂ©cution; Guillaume, enfin, cherchant Ă  faire sauter les piliers du SacrĂ©-Coeur, symbole trĂšs trop? Ă©vident. En fait, la force du livre tient Ă  l'Ă©vocation des rapports entre les diffĂ©rents Paris» qui se cĂŽtoient en ennemis; pour le moment, les classes sociales ne font que se croiser sur le trottoir d'un quartier louche oĂč les Ă©lĂ©gants vont Ă©couter Legras-Bruant, mais la fraternitĂ© les rĂ©conciliera peut-ĂȘtre, ou la science, illustrĂ©e notamment par Guillaume, inventeur d'un moteur efficace belle image de l'Ă©nergie disciplinĂ©e, qui possĂšde, pour Zola, une portĂ©e politique. Car Paris lui-mĂȘme est une chaudiĂšre oĂč bout l'avenir», et sous laquelle [les] savants entretiennent l'Ă©ternelle flamme». 16. Pot-Bouille, d'Émile Zola 1882 Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris en feuilleton dans le Gaulois de janvier Ă  avril 1882, et en volume chez Charpentier la mĂȘme annĂ©e. DixiĂšme ouvrage de la sĂ©rie des Rougon-Macquart, Pot-Bouille emprunte son titre Ă  la langue populaire l'expression dĂ©signe l'ordinaire du mĂ©nage, une cuisine peu raffinĂ©e. Paul Alexis, un ami de Zola, dĂ©finit clairement le sujet "La marmite oĂč mijotent toutes les pourritures de la famille et tous les relĂąchements de la morale." AttaquĂ© par toute une critique qui affectait de se boucher le nez devant l'Assommoir ou Nana, Zola poursuit l'offensive naturaliste des SoirĂ©es de MĂ©dan 1880, tout en continuant son cycle romanesque et en prenant cette fois pour cible l' hypocrisie et les vices de la petite et de la moyenne bourgeoisie. Le roman s'ouvre avec l'arrivĂ©e d'Octave Mouret, montĂ© de Plassans Ă  Paris pour travailler comme calicot au Bonheur des Dames, sous les ordres de Mme HĂ©douin. GrĂące Ă  l'architecte Campardon, ami de la famille, il est logĂ© au quatriĂšme Ă©tage d'un immeuble bourgeois, rue de Choiseul - eau et gaz Ă  tous les Ă©tages - tenu par le concierge Gourd pour le compte du propriĂ©taire, Vabre; celui-ci a trois enfants, dont deux sont mariĂ©s, et loge chez son gendre Duveyrier. Outre les Campardon, Ă  qui la cousine Gasparine rend visite, l'immeuble a pour locataires une femme seule, Mme Juzeur, le mĂ©nage Josserand - le pĂšre caissier et deux filles Ă  marier -, le mĂ©nage Pichon - monsieur est un petit fonctionnaire -, et un Ă©crivain inconnu. Octave dĂ©couvre vite que Campardon a une liaison avec Gasparine chap. 1. Mme Josserand, femme déçue et aigrie, veut marier ses filles Berthe, en quĂȘte de mari, et Hortense, qui songe Ă  l'avocat Verdier, dotĂ© d'une vieille maĂźtresse. Les Josserand ont aussi deux fils LĂ©on, liĂ© Ă  une maĂźtresse plus ĂągĂ©e, et Saturnin, violent et presque fou. La famille tente de soutirer de l'argent Ă  l'oncle Bachelard, un vieux viveur Ă©goĂŻste 2-3. Lors d'une rĂ©ception chez les Josserand, Octave, qui a des vues sur ValĂ©rie, l'Ă©pouse de ThĂ©ophile Vabre, fait la conquĂȘte de la jeune Mme Pichon, pourtant Ă©levĂ©e par ses parents dans la morale la plus stricte 4. Puis, Ă  une soirĂ©e chez les Duveyrier, Berthe parvient habilement Ă  se compromettre avec Auguste Vabre, afin de le contraindre Ă  l'Ă©pouser 5. Alors que les bonnes commentent les turpitudes de l'immeuble, et qu'Octave tente vainement de plaire Ă  sa patronne 6, Bachelard refuse une dot Ă  Berthe, avant de nĂ©gocier un arrangement chez la maĂźtresse de Duveyrier 7. + Saint-Roch, le mariage de Berthe est troublĂ© par les cris de ThĂ©ophile Vabre, qui a dĂ©couvert une lettre compromettante pour sa femme, lettre qu'on tente d'attribuer Ă  la bonne 8. Les Ă©vĂ©nements se prĂ©cipitent Gasparine s'installe chez Campardon; Octave, qui a Ă©chouĂ© auprĂšs de Mme HĂ©douin, quitte le magasin pour les soieries des Vabre; le pĂšre Vabre meurt sans testament et ne laisse que l'immeuble; Duveyrier manoEuvre pour se l'approprier 9-11. Le mĂ©nage de Berthe ne marche guĂšre elle fait des dettes et devient la maĂźtresse d'Octave, qui pense y trouver son intĂ©rĂȘt. Se retrouvant souvent dans une chambre de bonne, les amants entendent les commentaires des domestiques, et se font finalement surprendre par Auguste, le mari. AprĂšs quelques pĂ©ripĂ©ties 12-16, Octave se fait embaucher de nouveau par Mme HĂ©douin, dont il fera prospĂ©rer l'entreprise. Auguste et Berthe se rĂ©concilient. Duveyrier, abandonnĂ© par sa maĂźtresse, tente de se suicider et se rapproche de sa femme. Le mĂ©nage Pichon attend un troisiĂšme enfant, dont le vĂ©ritable pĂšre est Octave 17. AdĂšle, la bonne des Josserand, accouche toute seule dans sa chambre. Les Duveyrier tiennent toujours salon, et les domestiques sont toujours au courant de tout 18. A partir d'un thĂšme simple mais efficace, l'adultĂšre bourgeois, traitĂ© ici dans une maniĂšre noire, Zola choisit l'unitĂ© de lieu et distribue ses personnages comme dans ces coupes d'immeubles si frĂ©quentes au XIXe siĂšcle. GĂ©omĂ©triquement empilĂ©e autour de l'escalier, axe de la maison et du roman, une micro-sociĂ©tĂ© se rĂ©partit en un vĂ©ritable tableau sociologique, disposĂ© selon une sĂ©grĂ©gation verticale. De bas en haut, on passe du propriĂ©taire capitaliste enrichi dans le commerce Vabre, Ă  la bourgeoisie de robe Duveyrier et aux professions libĂ©rales Campardon et l'Ă©crivain que l'on ne verra pas, tel un double de l'auteur. Puis, c'est l'Ă©tage des employĂ©s Josserand et des petits fonctionnaires Pichon. + ce niveau, l'escalier perd son tapis. Les chambres de bonne coiffent de leur misĂšre cette aisance en dĂ©gradĂ© ascendant. Fouillant les intĂ©rieurs, exposant au grand jour les intimitĂ©s, Pot-Bouille est un fĂ©roce roman de moeurs. DĂ©nonciation et dĂ©mystification, il montre ce qui se cache sous les apparences de respectabilitĂ©. De lĂ  l'importance des domestiques par les fenĂȘtres de la cour, leur choeur rĂ©vĂšle de façon orduriĂšre une rĂ©alitĂ© sordide. Berthe et Octave y entendront "dĂ©shabiller" leur amour, les Josserand y seront ridiculisĂ©s dans leur avarice. Se dĂ©ploient ainsi les diffĂ©rents aspects d'un adultĂšre universel, autour de cette vĂ©ritĂ© premiĂšre que la "baraque" est "cochon et compagnie". Tous les sentiments y sont frelatĂ©s Octave, en hĂ©ros balzacien au petit pied, n'obĂ©it qu'Ă  son ambition; la morale puritaine dissimule le vice. L'accouchement d'AdĂšle intervient comme le paroxysme d'une laideur omniprĂ©sente. L'ordure est partout Duveyrier, atteint d'une maladie de peau, tente de mettre fin Ă  ses jours dans les cabinets; la cour, ce cloaque, reçoit les dĂ©jections des cuisines; les draps sales le disputent aux dessous douteux et Ă  la nourriture rance. La vie de l'immeuble se tisse de tous ces rapports oĂč frustrations, tromperies, haines, jalousies composent une cacophonie de dĂ©nigrements mutuels. Roman du confinement, Pot-Bouille dĂ©crit une maison sans air, un milieu hermĂ©tique. Hormis quelques Ă©chappĂ©es dans Paris un restaurant, l'appartement d'une maĂźtresse embourgeoisĂ©e, l'Ă©glise Saint-Roch, le rĂ©cit se veut rĂ©pĂ©titif. Zola privilĂ©gie le principe flaubertien de retour des petits Ă©pisodes. RĂ©pĂ©titions, symĂ©tries et Ă©chos forment systĂšme. Le roman ne progresse pas selon la loi d'une intrigue, mais amplifie le premier chapitre, qui Ă©numĂ©rait les drames en germe dans chacun des appartements. Sans atteindre Ă  la rigoureuse combinatoire organisĂ©e dans la Vie mode d'emploi de Georges Perec, Pot-Bouille multiplie les rapports entrecroisĂ©s, et affiche sa structure fondamentale "Octave eut une singuliĂšre sensation de recommencement" chap. 18. Dans un tel cadre, dans une telle atmosphĂšre, ambitions, rĂȘves et dĂ©sirs s'exacerbent. Au coeur de la "basse cuisine de ce monde pourri", Octave parfait une "terrible Ă©ducation sentimentale" le Docteur Pascal. Le roman insiste sur une pathologie sexuelle Ă©touffĂ©es par leurs parents, perverties dans les pensionnats et par les domestiques, victimes du mariage, privĂ©es de droits, vouĂ©es Ă  l'oisivetĂ©, ou poussĂ©es Ă  l' infanticide quand elles sont ouvriĂšres, abusĂ©es par leurs lectures, les hĂ©roĂŻnes du roman sont autant d'Emma Bovary dĂ©gradĂ©es. L'immeuble devient un triste hĂŽtel du libre-Ă©change, oĂč s'accumulent les sanies de la bourgeoisie. Cette banalisation des personnages explique leur typologie, qui peut sembler primaire indignes d'une analyse psychologique individuelle, ils se rĂ©partissent en groupes les femmes, les hommes, les domestiques, dont les comportements presque caricaturĂ©s et la circulation forment l'essentiel du rĂ©cit. Roman de la pourriture qui, dans la vision de Zola, annonce la mort des couches bourgeoises, Pot-Bouille vaut aussi par son ironie. La veine satirique s'enrichit d'Ă©lĂ©ments de farce, de mĂ©lodrame et de vaudeville. Le rythme suit celui d'une cavalcade des adultĂšres, qui imposent le masque et distribuent les rĂŽles. La dĂ©rision renvoie Ă  un dĂ©traquement gĂ©nĂ©ral mis en scĂšne dans ce roman "fĂ©rocement gai". La foire au sexe procĂšde de la frustration qui affecte tous les personnages, mais se rĂ©vĂšle aussi danse de Saint-Guy des familles. Cuisines malpropres, lits souillĂ©s, faiblesse ou hypocrisie des pĂšres, pulsions des mĂšres, Ă©ducation pervertie des enfants, tout dĂ©crit la faillite des valeurs fondatrices. La scĂšne du mariage Ă  l'Ă©glise est particuliĂšrement rĂ©vĂ©latrice l'infortune conjugale de ThĂ©ophile Vabre joue en contrepoint avec la cĂ©rĂ©monie. Un tel tableau devait provoquer l'indignation de la critique il n'y manqua pas. Une anecdote montre combien Zola avait indisposĂ© les lecteurs un certain Duverdy, avocat, s'estimant lĂ©sĂ© par l'homonymie, exigea que son nom fĂ»t supprimĂ©. C'est pourquoi nous avons aujourd'hui un personnage nommĂ© Duveyrier. 17. Rome, d'Émile Zola 1896 Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris chez Charpentier et Fasquelle en 1896. Dans ce deuxiĂšme roman du cycle des Trois Villes, aprĂšs Lourdes et avant Paris, Zola, dont on connaĂźt l'ascendance italienne, prĂ©voyait de montrer l'"Ă©croulement du vieux catholicisme, l'effort du nĂ©ocatholicisme pour reprendre la direction du monde bilan du siĂšcle, la science mise en doute, et rĂ©action spiritualiste mais Ă©chec, sans doute". Pour nourrir son ouvrage, il se rend en Italie Ă  la fin de l'annĂ©e 1894. Il y est reçu avec tous les honneurs par les notabilitĂ©s et les autoritĂ©s, y compris le roi et la reine; il manque de peu une audience papale l'ambassadeur de France, apparentĂ© aux Goncourt, aurait pu la lui mĂ©nager sans les excĂšs verbaux d'un de ses hĂŽtes lors d'un banquet officiel. L'oeuvre suscita Ă  la fois des rĂ©actions idĂ©ologiques et des apprĂ©ciations plus littĂ©raires, celles-ci parfois gĂȘnĂ©es devant trop de compilations, parfois enthousiastes devant l'ampleur charpentĂ©e du livre. Pierre Froment arrive Ă  Rome pour dĂ©fendre son livre, la Rome nouvelle, contre une mise Ă  l'Index. Ce jeune abbĂ© audacieux veut rĂ©nover le catholicisme; et il a Ă©tĂ© soutenu par le cardinal Bergerot et le vicomte de La Choue, grand catholique social. Pierre est descendu dans l'hĂŽtel particulier de la famille Boccanera, Ă  laquelle appartiennent un cardinal traditionaliste et aussi Benedetta mariĂ©e d'abord Ă  un Prada, riche spĂ©culateur de l'Italie moderne, elle cherche Ă  faire annuler son union pour Ă©pouser Dario. Parmi les prĂ©lats influents, figurent Ă©galement le bouillant cardinal Sanguinetti qui, comme Boccanera, vise la succession du pape, et le cardinal Nani qui manipule tous les esprits et recommande Ă  Pierre l'attentisme, la prudence. Pierre visite alors Rome, ses jardins, ses monuments; il assiste aux cĂ©rĂ©monies officielles, admire les oeuvres d'art, en particulier la Sixtine. Mais il traverse Ă©galement les quartiers pauvres de Rome oĂč vit la belle Pierina, elle aussi amoureuse de Dario. On apprend finalement l'annulation du mariage de Benedetta, chĂšrement obtenue. Enfin, Pierre reçoit le conseil d'agir. Il rencontre alors les prĂ©lats qui vont avoir Ă  juger son livre. Il sent une hostilitĂ© gĂ©nĂ©rale, due sans doute Ă  une dĂ©nonciation par l'un de ses compatriotes, Ă  la haine des autoritĂ©s religieuses de Lourdes, aux jĂ©suites, et attisĂ©e par les thĂšses radicales du livre sur le pouvoir temporel du pape et l'idĂ©e d'une religion "nouvelle". Au cours d'une fĂȘte de mariage, Pierre apprend la condamnation de son livre tandis que Dario est empoisonnĂ© chez les Boccanera en raison des sombres machinations entre cardinaux pour succĂ©der au pape LĂ©on XIII, ĂągĂ© et malade. Benedetta suivra son amour dans la mort. Quant au pape, il reçoit finalement Pierre, qui comprend son Ă©chec et se soumet, du moins officiellement. Au moment de quitter Rome, il prend congĂ© de ses diffĂ©rents interlocuteurs, bien dĂ©cidĂ© en fait Ă  pousser plus loin son dĂ©sir de renouvellement religieux, peut-ĂȘtre jusqu'au schisme. Rome est d'abord un dĂ©cor, un spectacle superbe avec ses monuments de tous les siĂšcles, ses perspectives. Mais surtout, un peu comme dans la Madame Gervaisais des Goncourt, la ville est un vĂ©ritable acteur du rĂ©cit elle joue un rĂŽle important par sa beautĂ© mĂȘme, sa sĂ©duction magique, et les esprits les plus vifs y sont en quelque sorte frappĂ©s de lĂ©thargie. On comprend alors la tactique du cardinal Nani face Ă  Pierre le laisser s'imprĂ©gner de cette Histoire immĂ©moriale que contient le spectacle de la ville, et cela pour le persuader de l'inanitĂ© de toute vraie rĂ©forme, face Ă  la permanence d'une Église millĂ©naire. En fait, cette ville est trop lourde et trop morte pour bouger, du moins tant qu'on la considĂšre dans sa seule fonction de capitale du catholicisme. Mais Zola s'intĂ©resse aussi au fonctionnement interne de ce centre de pouvoir, avec ses hiĂ©rarchies, ses fĂ©roces luttes d'influence, ses secrets, ses flux d'argent voici la tĂȘte d'un corps immense de 250 millions de fidĂšles. Mais il s'agit lĂ  d'un monde obscur, incapable de s'adapter Ă  la modernitĂ© en raison de son fonctionnement monarchique. En revanche, il y a une autre Rome, elle bien vivante on y trouve des filles au visage admirable, des passions, des spĂ©culations, des affrontements sociaux. C'est la Rome italienne, moderne, tentant pĂ©niblement de se construire contre l'influence du Vatican. Pierre, et Ă  travers lui Zola, avoue que c'est lĂ  une dĂ©couverte pour le voyageur un pays nouveau est en gestation et il trouvera sa place dans le concert des nations. C'est toutefois Ă  Paris, derniĂšre ville de la trilogie, que Pierre discernera le sens vĂ©ritable de son action et de l'Histoire. 18. Les soirĂ©es de MĂ©dan, d'Émile Zola 1880 Recueil de nouvelles d'Émile Zola 1840-1902, Guy de Maupassant 1850-1893, Charles Marie Georges, dit Joris-Karl Huysmans 1848-1907, Henry CĂ©ard 1851-1924, LĂ©on Hennique 1851-1935 et Paul Alexis 1847-1901, publiĂ© Ă  Paris chez Charpentier en 1880. MĂ©dan une cabane Ă  lapins» dans un trou charmant» que Zola a pu acquĂ©rir grĂące aux droits d'auteur de l'Assommoir, en fait un logis agrĂ©able oĂč vivent sa mĂšre et sa femme, oĂč il accueille aussi ses amis et leur offre le couvert et le gĂźte. Ces amitiĂ©s vont se concrĂ©tiser en un livre qui deviendra, aux yeux du public, le manifeste d'une Ă©cole Zola a lancĂ© l'idĂ©e d'un ouvrage collectif oĂč ils Ă©voqueraient tous leur» guerre de 1870, et CĂ©ard, selon le rĂ©cit de Hennique, aurait trouvĂ© le titre en s'inspirant de celui d'un ancien proverbe dramatique, les SoirĂ©es de Neuilly. Les textes sont rapidement rĂ©digĂ©s, on tire au sort leur place dans le livre, qui paraĂźt le 1er mai 1880, avec quelques lignes de Zola auquel cet ouvrage, accompagnĂ© la mĂȘme annĂ©e de la parution du Roman expĂ©rimental, va donner une stature de chef d'Ă©cole. Mais, malgrĂ© le caractĂšre stratĂ©gique d'une telle publication dans le champ littĂ©raire de l'Ă©poque, malgrĂ© les propos de Zola parlant d'une idĂ©e unique», d'une mĂȘme philosophie», elle rĂ©unit en fait un groupe peu homogĂšne, dont les personnalitĂ©s les plus intĂ©ressantes sur le plan littĂ©raire Huysmans, Maupassant ne peuvent ĂȘtre dĂ©finies par leur seul naturalisme». L'Attaque du moulin Zola. Le pĂšre Merlier, riche meunier et maire de son pays, a une fille qu'il dĂ©sire marier Ă  un jeune homme Ă©tranger, venu s'installer dans la contrĂ©e. Lorsque les envahisseurs prussiens arrivent, le fiancĂ© se bat contre eux. Fait prisonnier et prĂȘt Ă  ĂȘtre exĂ©cutĂ©, il s'Ă©chappe, et l'on prend le meunier en otage. Il revient alors, est fusillĂ© et une balle perdue provoque la mort du meunier. Boule de suif Maupassant. Voir Ă  l'article Boule de suif. Sac au dos Huysmans. Le narrateur, jeune Ă©tudiant en droit, devient garde mobile. BientĂŽt malade, il erre d'hĂŽpital en infirmerie dans le dĂ©sordre d'un itinĂ©raire chaotique, avant de parvenir Ă  retourner finalement chez sa mĂšre. La SaignĂ©e CĂ©ard. Le gĂ©nĂ©ral commandant Paris, pendant le siĂšge de 1870, a une liaison avec Mme de PahauĂ«n, courtisane de haut vol, mais sur le retour. Elle quitte son amant pour se rendre Ă  Versailles, oĂč elle se refuse Ă  un officier allemand. Revenue Ă  Paris, elle pousse le gĂ©nĂ©ral Ă  une sortie inutile et meurtriĂšre, une saignĂ©e». L'Affaire du Grand 7 Hennique. ExaltĂ©s et rendus fĂ©roces par la mort de l'un des leurs, les soldats d'une garnison attaquent la maison de tolĂ©rance dont le patron est le meurtrier. Ils dĂ©truisent tout et assassinent les pensionnaires du lupanar. L'affaire sera Ă©touffĂ©e par l'autoritĂ© militaire. AprĂšs la bataille Alexis. Un jeune blessĂ©, dont on apprend qu'il est prĂȘtre, est recueilli sur la route par une femme jadis mal mariĂ©e, mais dĂ©vouĂ©e Ă  son mari dont elle ramĂšne le corps en traversant les combats de la guerre. Elle soigne ce blessĂ© de rencontre, ils s'aiment avant de se sĂ©parer. Le premier thĂšme commun Ă  la plupart des textes est Ă©videmment celui des ravages de la guerre elle dĂ©truit les ordres sociaux, les appartenances, les identitĂ©s, les vies et les biens. La famille et la maison du meunier sont anĂ©anties en quelques heures, le narrateur de Sac au dos» se perd au milieu de la dĂ©sorganisation gĂ©nĂ©rale, les Ă©vĂ©nements de la SaignĂ©e» font d'une courtisane le vrai chef de la place de Paris, l'Affaire du Grand 7» dĂ©bouche sur une tuerie absurde on comprend alors le sens cruel et ironique du premier titre envisagĂ© pour le recueil, l'Invasion comique... La guerre est en fait une sorte de fĂȘte noire et sordide, oĂč les repĂšres disparaissent en libĂ©rant des pulsions de meurtre, de haine et de destruction. D'oĂč sans doute la rĂ©currence du deuxiĂšme thĂšme, celui de la prostitution, prĂ©sent de Boule de suif» Ă  l'Affaire du Grand 7» en passant par la SaignĂ©e» la fille» est le symbole de cette destruction gĂ©nĂ©rale des normes, elle qui prolifĂšre sur la corruption; mais elle est aussi la victime prĂ©visible, innocente, noble mĂȘme, des vengeances et sacrifices nĂ©cessaires pour sortir de ce vertige national. On peut donc prendre les SoirĂ©es de MĂ©dan comme un tĂ©moignage sur la crise de sociĂ©tĂ© qui, selon Zola et les naturalistes, a produit la guerre et la dĂ©faite de 1870. Cette dĂ©faite est sans doute le rĂ©sultat de l'incurie des militaires, mais aussi et surtout celui de la maladie d'un peuple partagĂ© en classes Ă©goĂŻstes Boule de suif», mĂȘme si, d'un autre cĂŽtĂ©, la guerre change, voire illumine pour un temps des destins trop prĂ©visibles AprĂšs la bataille». Reste Ă  savoir si, au-delĂ  du tĂ©moignage moral et social, le livre propose vraiment une esthĂ©tique commune. Si l'on met Ă  part le cas de Boule de suif», on dĂ©couvre d'abord la construction solide, linĂ©aire, du rĂ©cit de Zola dont les effets lyriquement dĂ©nonciateurs semblent caricaturĂ©s chez Hennique et CĂ©ard, un peu attĂ©nuĂ©s chez Alexis. Le texte de Huysmans se distingue par son point de vue autant que par son organisation alors que les autres rĂ©cits ont une certaine unitĂ© logique, Sac au dos» prĂ©sente des notations sur le vif», relevĂ©es par un hĂ©ros-narrateur perdu dans la tourmente moins ordonnĂ©e et homogĂšne, la nouvelle est aussi moins fabriquĂ©e» que les autres pour reprendre un mot d'Armand Lanoux Ă  propos du texte de Zola. 19. ThĂ©rĂšse Raquin, d'Émile Zola 1867 Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris en feuilleton dans l'Artiste en mars 1867, et en volume Ă  la Librairie internationale en 1867. Zola, qui a dĂ©jĂ  fait paraĂźtre divers essais littĂ©raires la Confession de Claude, le Voeu d'une morte, les MystĂšres de Marseille, ainsi que de nombreux articles dans les journaux, se passionne pour un roman populaire, la VĂ©nus de Gordes, d'A. Belot et E. Daudet 1866, qui lui inspire aussitĂŽt la rĂ©daction d'"Un mariage d'amour", publiĂ© le 24 dĂ©cembre dans le Figaro et dont il propose Ă  ArsĂšne Houssaye, directeur de l'Artiste, l'extension et l'approfondissement. Celui-ci accepte, et l'ouvrage paraĂźt en trois livraisons sous ce mĂȘme titre. Le volume, publiĂ© Ă  la fin de l'annĂ©e 1867, dĂ©clenche une polĂ©mique qui n'effraie pas l'ancien chef de publicitĂ© qu'est Zola on retiendra notamment un article de Louis Ulbach, "la LittĂ©rature putride". Sainte-Beuve aussi, sans donner un article, Ă©crira Ă  l'auteur une lettre personnelle assez mitigĂ©e. Une adaptation théùtrale, un drame en quatre actes, sera reprĂ©sentĂ©e en 1873 celui-ci, comme la deuxiĂšme Ă©dition du roman, sera prĂ©cĂ©dĂ© d'une importante PrĂ©face. Dans la PrĂ©face, Zola revendique, contre une critique injustement scandalisĂ©e, un statut quasi scientifique pour les observations de son roman. Dans une sombre mercerie parisienne vivent Mme Raquin, son fils et la femme de celui-ci. La mĂšre a Ă©levĂ© son rejeton souffreteux, Camille, et lui a donnĂ© comme femme ThĂ©rĂšse, une cousine qu'elle a jadis recueillie. Camille est un employĂ© paisible au Chemin de fer d'OrlĂ©ans. ThĂ©rĂšse est Ă©coeurĂ©e par l'atmosphĂšre de la boutique. On reçoit un commissaire en retraite et un vieux collĂšgue de Camille. Celui-ci rencontre Laurent, un ancien ami, et l'amĂšne Ă  la maison, oĂč il va revenir de plus en plus souvent, jusqu'Ă  devenir l'amant de ThĂ©rĂšse. Une passion naĂźt, qui oblige les amants Ă  l'hypocrisie et aux rendez-vous difficiles. Petit Ă  petit se fait jour l'idĂ©e d'un meurtre, qui va ĂȘtre accompli lors d'une sortie champĂȘtre au bord de la Seine avec la complicitĂ© de ThĂ©rĂšse, Laurent noie Camille chap. 1-11. Laurent revient annoncer la nouvelle de la mort de Camille Ă  sa mĂšre, puis il cherche pendant plusieurs jours Ă  retrouver le corps du noyĂ© Ă  la morgue. Il y parviendra et sera frappĂ© par son visage, dĂ©figurĂ© hideusement. Entre les deux amants, c'est paradoxalement la fin du dĂ©sir et le dĂ©but d'une angoisse obsessionnelle. Ils vont malgrĂ© tout se marier, mais connaissent une nuit de noces dĂ©primante. Leurs souffrances grandissent, s'aggravent, et ils tentent d'y Ă©chapper par diverses occupations Laurent, par exemple, essaie de peindre, mais ne rĂ©ussit Ă  dessiner que le visage de Camille. La mĂšre, devenue impotente et qui avait donnĂ© son assentiment au mariage, comprend alors leur secret, mais, frappĂ©e d'aphasie, n'arrive pas Ă  les dĂ©noncer aux habituĂ©s de son petit salon. Les deux meurtriers se rejettent la faute l'un sur l'autre, songent Ă  se livrer Ă  la police, tombent dans la dĂ©bauche chacun de leur cĂŽtĂ©. AprĂšs plusieurs crises, ils se suicident ensemble 12-32. On a souvent remarquĂ© la simplicitĂ© linĂ©aire d'une intrigue aux allures tragiques, concentrĂ©e dans l'espace de la boutique maternelle, confinĂ©, noir, dĂ©primant, d'oĂč les protagonistes ne sortent que pour des Ă©chappĂ©es brĂšves dont l'une aboutit Ă  l'acte meurtrier. Un espace clos oĂč s'exaspĂšrent les passions, de l'Ă©rotisme Ă  la pulsion de mort les deux amants ne pensent pas Ă  fuir et ils rencontrent en permanence, dans des lieux trop connus, la prĂ©sence de leur victime; ThĂ©rĂšse finit mĂȘme par regretter Camille, tandis que Laurent le retrouve dans ses esquisses. Car l'adultĂšre ou le meurtre sont des transgressions de l'interdit qui se payent d'une sorte d'enfer moral oĂč ThĂ©rĂšse et Laurent ne peuvent se rejoindre, et se perdent eux-mĂȘmes d'oĂč l'issue finale du suicide. Les modĂšles tragiques ou dramatiques ne manquent pas Égisthe et Clytemnestre, Macbeth, avec ici la conjonction d'un chƓur bavard et ignorant les habituĂ©s de la maison, d'une conscience incarnĂ©e, vindicative et muette la vieille mĂšre, et aussi d'une touche de roman policier, de suspense. Mais le rĂ©cit s'inscrit dans un cadre social et matĂ©riel dĂ©fini. Les dĂ©cisions des personnages sont souvent inspirĂ©es par des calculs d'argent, Ă  la mesure d'une toute petite bourgeoisie. De mĂȘme, Zola dĂ©crit avec prĂ©cision la boutique des Raquin et un passage prĂšs du Pont-Neuf qui, comme chez Balzac, implique les personnages comme les personnages impliquent le lieu lui-mĂȘme; certains moments font aussi penser Ă  Pot-Bouille. Enfin il faut souligner l'insistante prĂ©sence des corps le cadavre de Camille, l'impotence progressive de la mĂšre, le corps amoureux de ThĂ©rĂšse, l'obsession qui tenaille physiquement Laurent Ă  travers la morsure que lui a infligĂ©e Camille et qui reste en permanence Ă  vif on pense ici Ă  certaines pages de Germinal. C'est cette dimension physiologique, avec ses consĂ©quences nĂ©vrotiques, qui frappa les lecteurs du temps et choqua la critique elle tient sans doute le rĂŽle du destin tragique dans un monde romanesque dĂ©sormais privĂ© de transcendance et oĂč le fantastique a trouvĂ© de nouveaux supports. 20. Travail - Émile Zola Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris en feuilleton dans l'Aurore de 1900 Ă  1901, et en volume chez Charpentier en 1901. DeuxiĂšme roman de la sĂ©rie des Quatre Évangiles ouverte avec FĂ©conditĂ©, Travail sera suivi de VĂ©ritĂ© Zola mourra avant d'avoir achevĂ© le quatriĂšme "Ă©vangile", Justice. Noirot, un disciple de Fourier, frappĂ© par un article de Zola, contacte celui-ci et le romancier dĂ©couvre alors les thĂ©ories du philosophe politique et de ses Ă©pigones. DĂšs l'exil anglais juillet 1898-juin 1899, au moment de l'affaire Dreyfus voir J'accuse, Zola cherche les matĂ©riaux concrets de son dĂ©cor. Ils lui seront fournis, pour l'essentiel, par les usines d'Unieux, propriĂ©tĂ© d'une riche famille, les MĂ©nard-Dorian, qui font visiter leur entreprise Ă  Zola. Progressivement, l'ouvrage prend forme, avec des personnages inspirĂ©s par des modĂšles du temps, Darwin pour Jordan et FĂ©lix Faure pour Boisgelin. MalgrĂ© les rĂ©ticences de certains socialistes doctrinaires, l'ouvrage reçoit un accueil politique enthousiaste de la part des fouriĂ©ristes bien sĂ»r, mais aussi de JaurĂšs, qui lui consacre une Ă©tude dans la Petite RĂ©publique. Livre I. Luc Froment arrive Ă  Beauclair pour une expertise industrielle auprĂšs de l'entreprise sidĂ©rurgique Jordan. Il dĂ©couvre d'abord la misĂšre celle de la jeune Josine, celle des ouvriers Bourron, Fauchard et Ragu, ce dernier Ă©tant l'amant occasionnel et brutal de Josine. Il y a aussi les commerçants et les bourgeois installĂ©s, qui ont eu peur pendant la derniĂšre grĂšve, longue de deux mois, Ă  l'usine QuĂ©rignon oĂč a investi le riche oisif Boisgelin, liĂ© Ă  la famille des fondateurs, et que dirige l'actif Delaveau. Luc, qui s'intĂ©resse au sort de Josine et ne va pas tarder Ă  en ĂȘtre aimĂ©, entre en contact avec le syndicaliste Bonnaire, qui va quitter les aciĂ©ries aprĂšs l'Ă©chec de la grĂšve et vit avec la soeur de Ragu, lequel finalement se remet en mĂ©nage avec Josine. Chez les Boisgelin, Luc rencontre la bonne sociĂ©tĂ© de la ville avec le sous-prĂ©fet, le maire, un couple de rentiers, un curĂ©. On discute de la situation sociale, et il dĂ©couvre aussi la pauvretĂ© des paysans alentour. Jordan, absent jusque-lĂ , revient enfin Ă  Beauclair mais ce savant, animĂ© d'idĂ©es gĂ©nĂ©reuses, n'a pas le temps de s'occuper de son usine. Il hĂ©site doit-il vendre Ă  Delaveau ou poursuivre l'exploitation qui a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  Morfain, un ouvrier zĂ©lĂ©, mais peu capable de s'adapter aux mĂ©thodes modernes? Finalement, il remet les rĂȘnes de l'entreprise Ă  Luc, trĂšs marquĂ© par la pensĂ©e de Fourier, et qui dĂ©cide de mettre en oeuvre ses idĂ©es dans une usine fraternelle - la SociĂ©tĂ© laborieuse du Bonheur - Ă  laquelle il essaie d'intĂ©resser Lange, un potier esthĂšte et anarchiste, ainsi que Bonnaire. Livre II. Les dĂ©buts semblent encourageants la condition des ouvriers s'amĂ©liore et le modĂšle coopĂ©ratif est imitĂ© par les paysans. En revanche, les commerçants de Beauclair sont furieux du manque Ă  gagner causĂ© par les innovations de Luc. Des ouvriers s'en vont aussi, repris par leurs habitudes de passivitĂ© et d'abandon, ce qui dĂ©courage Luc jusqu'Ă  ce que Jordan ranime son enthousiasme par un vĂ©ritable hymne au travail. Luc, amoureux de Josine, s'attire la jalousie de Ragu auquel Fernande, femme de Delaveau et maĂźtresse de Boisgelin, souffle des idĂ©es de meurtre. Ragu ne rĂ©ussit cependant pas Ă  tuer Luc dont le projet industriel prospĂšre au grand dĂ©pit de Delaveau qui entraĂźne avec lui dans la mort sa femme infidĂšle. Livre II. La situation de Boisgelin se dĂ©grade et Suzanne, son Ă©pouse dĂ©laissĂ©e, devient l'amie de Luc. Boisgelin, pris de folie, se pend, l'Ă©glise du curĂ© Marle s'effondre sur lui; son adversaire, l'instituteur intolĂ©rant, meurt Ă©galement. DĂšs lors, l'Ă©panouissement de la citĂ© radieuse ne connaĂźt plus d'obstacles les mariages rapprochent les familles autrefois sĂ©parĂ©es par les conditions sociales. La rĂ©ussite est complĂšte et Bonnaire, ancien collectiviste revenu Ă  des idĂ©es coopĂ©ratives devant la rĂ©ussite de Luc, peut montrer Ă  Ragu, de retour dans la citĂ©, tous les changements accomplis. Les recherches de Jordan aboutissent, le vol et l'hĂ©ritage disparaissent et Luc peut mourir heureux son oeuvre est achevĂ©e. Le livre peut donner au lecteur de Germinal une curieuse impression de dĂ©jĂ -vu Beauclair offre en effet le tableau d'une lutte des classes trĂšs proche de celle qu'on pouvait dĂ©couvrir dans les corons du Nord. D'un cĂŽtĂ©, la misĂšre, le vice et la haine chez des ouvriers souvent enclins Ă  la boisson et Ă  l'inconduite avec quelques notes rappelant aussi l'Assommoir. De l'autre cĂŽtĂ©, une bonne conscience satisfaite et Ă©goĂŻste qui n'empĂȘche pas la peur devant l'insurrection et la grĂšve. Mais, alors que dans Germinal, la solution Ă©tait seulement pressentie ou imaginĂ©e, Travail est, au contraire, la description d'une utopie progressivement organisĂ©e, concrĂ©tisĂ©e dans un avenir dont on suit les Ă©tapes et les difficultĂ©s. Les enjeux politiques en sont prĂ©cisĂ©s, mĂȘme si l'essentiel est sans doute ailleurs. Il s'agit, comme chez Fourier et Hippolyte Renaud, son disciple, de rĂ©aliser une solidaritĂ© concrĂšte qui remplacera le salariat aliĂ©nant et qui ne ressemblera ni Ă  la charitĂ© prĂȘchĂ©e par le curĂ© Marle, dont le message est dĂ©passĂ©, ni Ă  l'austĂ©ritĂ© rĂ©publicaine de l'instituteur, ni au collectivisme auquel croit Bonnaire voir sur ce point, dans le dernier chapitre, une page prophĂ©tique sur les mĂ©faits d'une bureaucratie totalitaire. SimultanĂ©ment, Zola formule une idĂ©ologie, sinon une mystique, du travail Ă  la fois comme hygiĂšne nĂ©cessaire du corps et de l'esprit, et comme moteur de toute vie individuelle et collective. CondamnĂ©s par le systĂšme coopĂ©ratif Ă  l'intĂ©rieur de l'usine, mais aussi entre ouvriers et paysans, dĂ©filent tous les parasites de l'organisation sociale les commerçants, maillon inutile de l'Ă©change, les rentiers qui doivent Ă  une spĂ©culation heureuse une vie d'Ă©goĂŻsme et d'oisivetĂ©, le richissime propriĂ©taire capitaliste, incapable de se reconvertir dans la citĂ© nouvelle, sa maĂźtresse rapace, tout comme le mauvais ouvrier qui prĂ©fĂšre se dĂ©truire ou paresser plutĂŽt que de s'accomplir dans la "belle ouvrage". En face, les hĂ©ros positifs Luc, bien sĂ»r, qui oeuvre et rĂ©ussit Ă  triompher d'un dĂ©couragement passager, mais aussi Bonnaire, toujours ardent Ă  la tĂąche, le potier Lange, crĂ©ateur de beautĂ©, Jordan, le savant laborieux qui multiplie l'efficacitĂ© du travail des hommes grĂące Ă  la technique libĂ©ratrice. Tous crĂ©ent, entreprennent et triomphent des obstacles selon une eschatologie humaniste trĂšs datĂ©e. L'ensemble des thĂšmes est Ă  l'unisson par exemple les recherches de Jordan visent symboliquement Ă  une nouvelle utilisation de l'Ă©nergie, d'abord traditionnelle, puis Ă©lectrique, enfin solaire; de mĂȘme, on notera les noms et leurs connotations transparentes Beauclair, Bonnaire, Froment, "la CrĂȘcherie" de Jordan opposĂ©e Ă  "l'AbĂźme" de Delaveau. On notera, enfin, la place importante du projet Ă©ducatif dans la nouvelle citĂ© cet aspect dĂ©monstratif, joint Ă  une certaine lenteur du rĂ©cit surtout dans la derniĂšre partie, peut lasser le lecteur, mais il est parfaitement cohĂ©rent avec le projet de Zola - composer une parabole lyrique, le poĂšme de la CitĂ© idĂ©ale. 21. VĂ©ritĂ©, d'Émile Zola 1903 Roman d'Émile Zola 1840-1902, publiĂ© Ă  Paris en feuilleton dans l'Aurore du 7 aoĂ»t 1902 au 15 fĂ©vrier 1903, et en volume chez Charpentier en 1903. Ce troisiĂšme ouvrage de la sĂ©rie des Quatre Évangiles est liĂ© directement Ă  l'affaire Dreyfus, dont il offre une adaptation libre Ă  travers des personnages aux clĂ©s Ă©videntes, de Simon-Dreyfus jusqu'Ă  Gorgias-Esterhazy, en passant par toutes les manipulations d'opinion et toutes les cruautĂ©s judiciaires parallĂšles qu'on peut retrouver. Livre I. Marc Froment, instituteur Ă  Jonville, passe ses vacances auprĂšs de la famille de sa femme, Ă  Maillebois oĂč enseigne Simon, un collĂšgue juif de Marc. ZĂ©raphin, le neveu de Simon, est retrouvĂ© mort un matin, aprĂšs avoir Ă©tĂ© violĂ©. Les voisins et les passants accourent et un frĂšre de l'Ă©cole catholique de la ville dĂ©robe une partie de la piĂšce Ă  conviction essentielle le coin d'un modĂšle d'Ă©criture portant la marque de son Ă©tablissement. Maillebois est une ville d'esprit clĂ©rical oĂč les capucins exploitent commercialement le culte de saint Antoine de Padoue, tandis que l'École des FrĂšres est trĂšs prospĂšre. Rapidement, la rumeur grossit et met en cause Simon, accusĂ© d'un meurtre rituel; les Ă©ventuels tĂ©moins, Ă©lĂšves ou parents d'Ă©lĂšves par exemple, refusent de s'engager et de l'innocenter alors qu'il est vilipendĂ© par le journal local. Marc s'intĂ©resse Ă  l'affaire, soutenu pour l'instant par sa femme, fervente catholique. Il contacte les notabilitĂ©s, un riche israĂ©lite qui refuse de s'engager, et les personnalitĂ©s de gauche qu'il connaĂźt son ancien directeur d'Ă©cole normale, deux dĂ©putĂ©s et l'avocat Delbos qui devine la culpabilitĂ© du frĂšre Gorgias. On va vers le procĂšs dans une ambiance pĂ©nible qui se tend encore lors des assises les magistrats, orientĂ©s et tendancieux, condamnent Simon, malgrĂ© l'absence totale de preuves et sans examiner les autres pistes possibles. Marc, pendant ce temps, poursuit sa mission pĂ©dagogique et remplace Simon Ă  Maillebois oĂč l'Église triomphe sauf quelques ecclĂ©siastiques lucides. Il craint cependant pour la paix de son mĂ©nage. Livre II. Marc entre en fonctions dans sa nouvelle Ă©cole oĂč, malgrĂ© l'hostilitĂ© des parents et d'un inspecteur lĂąche et arriviste, il parvient Ă  mettre dans les esprits un peu de raison et d'amour. Il enlĂšve le crucifix de sa salle de classe et, dĂšs lors, la rupture devient prĂ©visible avec sa femme, reconquise par une famille fanatique. Un collĂšgue de Marc, FĂ©rou, sera rĂ©voquĂ©. Marc, Ă©pargnĂ©, dĂ©couvre alors un document accusateur contre l'École des FrĂšres, qui permet Ă  Delbos de demander une perquisition le coin de feuille manquant est retrouvĂ© et les justifications apportĂ©es par les intĂ©ressĂ©s ne seront guĂšre crĂ©dibles, malgrĂ© toute une campagne de presse. Livre III. Marc est abandonnĂ© par sa femme, pourtant enceinte. Il se console avec son amie Mlle Mazelne; il a aussi prĂšs de lui sa fille, trĂšs jeune encore, mais qui partage ses idĂ©es. S'il est déçu par les rĂ©actions Ă  son dĂ©sir de vĂ©ritĂ© dans l'enquĂȘte sur Simon, le vent semble nĂ©anmoins tourner dans son sens, ce qui redouble les attaques et les manoeuvres lors de la rĂ©vision, malgrĂ© les preuves en faveur de l'accusĂ© et la dĂ©monstration d'illĂ©galitĂ© du premier procĂšs, Simon est Ă  nouveau condamnĂ©. Il l'est cependant Ă  une peine plus faible et pour laquelle le jury manipulĂ© une fois de plus par la droite, on l'apprendra plus tard demande sa grĂące cela va permettre Ă  Simon, au moins, de retrouver les siens. MalgrĂ© cette nouvelle victoire du parti clĂ©rical, la femme de Marc, convaincue de l'innocence de Simon, revient au foyer. Livre IV. Marc continue Ă  travailler, dans un climat qui a changĂ©. L'hystĂ©rie mystique et l'ignorance cĂšdent la place Ă  une mentalitĂ© plus rationnelle, et la Cour de cassation accompagne cette Ă©volution en innocentant complĂštement Simon, qui est finalement rĂ©habilitĂ©. On va mĂȘme lui offrir une maison. A cette occasion, Gorgias, revenu dans la ville poursuivre ses coupables manoeuvres, avoue finalement son crime. Le progrĂšs dans les esprits sera sensible lors d'un fait-divers similaire au premier, mais qui cette fois sera instruit avec honnĂȘtetĂ©. L'opposition centrale du livre est Ă©videmment celle qui confronte les forces d'avenir Ă  l'obscurantisme. Du cĂŽtĂ© de l'avenir, il y a d'abord l'Ă©cole, arme et symbole de l'esprit rĂ©publicain, capable d'intĂ©grer les minoritĂ©s religieuses, d'apporter Ă  tous les droits de la citoyennetĂ©; il y a aussi le socialisme, la gĂ©nĂ©rositĂ© et la raison. En face, deux ennemis liguĂ©s l'Église, Ă  quelques exceptions prĂšs, et la rĂ©action, avec ses bourgeois conformistes, ses institutions judiciaires truquĂ©es et sa presse aux ordres. Peu de nuances dans tout cela lorsqu'on voit les instituteurs audacieux condamnĂ©s au combat perpĂ©tuel Marc ou au martyre Simon ou FĂ©rou, lorsqu'on voit aussi les frĂšres rusĂ©s, intrigants, avides de pouvoir ou d'argent, pleins d'appĂ©tits refoulĂ©s et pervers comme ce Gorgias qui rappelle l'Archangias de la Terre. Entre les deux camps, grouille un marais d'attentistes ou de lĂąches, d'esprits bornĂ©s qui Ă©volueront lentement l'un des aspects importants du livre est cette transformation de l'opinion publique, et en particulier des femmes, autrefois soumises ou confites en dĂ©votion, et dĂ©sormais potentiellement actives, conscientes comme Louise, la fille de Marc. Il s'agit donc de faire accĂ©der le peuple Ă  la vĂ©ritĂ©, et la notion est alors au centre d'une triple problĂ©matique celle de l'Ă©cole, bien sĂ»r, qui diffuse la raison et la connaissance, en tuant les prĂ©jugĂ©s, les peurs ancestrales; celle aussi de l'intrigue policiĂšre qui donne au roman une tension dramatique, un intĂ©rĂȘt romanesque supĂ©rieur, il faut bien le dire, aux autres "Ă©vangiles" voir FĂ©conditĂ©, Travail; celle, enfin, de la littĂ©rature elle-mĂȘme telle que la conçoit Zola. Comme dans J'accuse au moment de l'affaire Dreyfus qui est en filigrane derriĂšre tout le rĂ©cit, il pose en principe qu'une accusation est absurde dĂšs lors qu'elle n'est pas vraisemblable, et un homme de l'art comme un romancier est le premier Ă  s'en apercevoir. En fait, les antisimonistes comme les antidreyfusards ne cessent d'Ă©crire de mauvais romans, et VĂ©ritĂ© qui se trouve symboliquement ĂȘtre le livre testament de Zola puisque Justice, dernier ouvrage prĂ©vu pour clore la tĂ©tralogie des Évangiles, ne pourra ĂȘtre menĂ© Ă  son terme en raison de la mort de l'Ă©crivain est une leçon de choses une dĂ©monstration Ă  la fois humaine et littĂ©raire de ce que peut une enquĂȘte honnĂȘte et raisonnĂ©e sur le rĂ©el.
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Aunom de la vérité : Machination amoureuse en images Les autres épisodes de la série jeudi 24 février à 06:10. Au nom de la vérité . jeudi 24 février à 06:35. Au nom de la vérité. jeudi 24 février à 07:00. Au nom de la vérité. jeudi 24 février à 07:25. Au nom de la vérité. jeudi 24 février à 08:20. Au nom de la vérité. jeudi 24 février à 08:50. Au nom de la
Ils ont vraiment perdu la boule
 Ils », c’est la meute gauchiste qui ne sait plus quelle saloperie faut dire que leurs dĂ©buts, aux Gauchos, Ă  l’AssemblĂ©e a Ă©tĂ© Coquerel
Affaire Bouhafs
Autain toujours hautaine 🔮 ClĂ©mentine Autain Ă  propos de l’affaire TahaBouhafs Je ne crois pas qu'il fallait dire la vĂ©ritĂ© aux Français ». Chez la FranceInsoumise, le mensonge est Ă©rigĂ© en doctrine ! HĂ©lĂšne Laporte HeleneLaporteRN July 8, 2022Et Panot toujours dans la panadeLeur duplicitĂ© Ă©clate entre Autain qui ne veut pas dire la vĂ©ritĂ© aux Français » et Panot qui impute au racisme de l’extrĂȘme-droite l’éviction de on rigole bien avec ces ces gens-lĂ  ne dĂ©sarmeront jamais dans leurs dĂ©lires et leur premier objectif est de faire taire ceux qui osent, seulement, les Ă©noncer, ces ils transforment en nazi » sic 
 Yvan Rioufol !Il fallait oser et ils osent La chaĂźne Cnews "mise en demeure", pour propagande nazie et nĂ©gationnisme par l'Arcom_fr . Combien de "mise en demeure" de ce genre faut-il avant la fermeture de cette chaĂźne de la honte ?! Fabrice Riceputi campvolant July 8, 2022Ce Carroz, Ă©lu gaucho de Grenoble, devrait s’occuper de sa ville, oĂč, entre autres exploits, il y a quelques jours des jeunes » se promenaient » sur un scooter, armĂ©s d’une kalachnikov 
Non, ce dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© va accuser Rioufol de nazisme » 
L’antisĂ©mitisme est massif parmi leurs chers Ă©lecteurs musulman, mais lĂ  le silence le plus total est de rigueur.Car il est leur est insupportable qu’il existe des mĂ©dias comme C-News oĂč l’on peut dire des horreurs » comme Non, l’immigration n’est pas, forcĂ©ment, une chance pour la France » ou Non, l’islam n’est pas une religion, d’amour, de tolĂ©rance et de paix » Alors les gauchos, le Monde » en tĂȘte, cognent tous azimuthsLes visages de ces nouveaux rĂ©actionnaires sont dĂ©sormais BastiĂ© du Figaro, Gabrielle Cluzel et Marc Baudriller du site d’info ultraconservateur Boulevard Voltaire, mais aussi l’essayiste nationaliste Mathieu Bock-CĂŽtĂ©, la journaliste de l’hebdomadaire Valeurs actuelles Charlotte d’Ornellas et les directeur et directeur adjoint de la rĂ©daction, Geoffroy Lejeune et Tugdual Denis
Toutes et tous ont contribuĂ© Ă  populariser certaines thĂšses et la rhĂ©torique de l’extrĂȘme droite auprĂšs des tĂ©lĂ©spectateurs de CNews, BFM-TV, France TĂ©lĂ©visions, ainsi que des auditeurs d’Europe 1, de France Inter, RTL, Radio journal de rĂ©fĂ©rence » pourrait s’interroger, utilement, de son infiltration », lui, par l’extrĂȘme-gauche la plus sectaire , dont voici un specimen 1,174 total views, 3 views today
NotrehĂ©ritage spirituel englobe la connaissance exacte de la Bible et une claire comprĂ©hension de la vĂ©ritĂ© au sujet de Dieu et de ses desseins. Mais il inclut Ă©galement un honneur trĂšs particulier. Nous nous sommes rĂ©jouis d’adopter le nom de TĂ©moins de JĂ©hovah lors de l’assemblĂ©e de 1931. 5 Cet honneur a enrichi notre hĂ©ritage lors de l’assemblĂ©e tenue en 1931
● Il faudrait que deux Dragons aient un profond goĂ»t du risque ou soient des masochistes ou des idĂ©alistes invĂ©tĂ©rĂ©s pour penser Ă  tenter une union. Quelles que soient l'intensitĂ© ou la sincĂ©ritĂ© de leur passion, ils ne pourront Ă©viter cris, colĂšres, rĂ©criminations et dĂ©chirements, car leur caractĂšre les poussera presque inĂ©luctablement Ă  ĂȘtre perpĂ©tuellement en concurrence. Deux Ă©toiles filantes qui se heurtent de plein fouet ne manqueraient certainement pas de produire des Ă©tincelles brĂ»lantes. ● Au conflit de deux natures orgueilleuses et pratiquement irrĂ©ductibles viendra se greffer la vieille et dĂ©sastreuse guerre des sexes. Le Dragon au masculin essaiera de prouver qu'il est meilleur que sa compagne en vertu du sexe auquel il appartient, tandis que la femme n'Ă©pargnera aucun effort pour prouver que l'autre a tort de croire Ă  la supĂ©rioritĂ© de la barbe, et qu'elle-mĂȘme le surpasse Ă  maints Ă©gards. C'est ici que ce moi de La Rochefoucauld peut trouver sa meilleure confirmation " Si on juge de l'amour par la plupart de ses effets, il ressemble plus Ă  la haine qu'Ă  l'amitiĂ©. " Aucun astrologue n'aurait assez de toupet pour conseiller ou mĂȘme approuver une union de deux Dragons. ● Comme on peut le deviner sans faire un effort d'imagination, la rivalitĂ© entre les Dragons amoureux ne fera qu'empoisonner leur vie commune et rendra impossible la comprĂ©hension mutuelle. On peut toujours essayer de leur donner quelques conseils, mais on ne doit pas trop espĂ©rer se faire Ă©couter. ● Les Dragons qui s'aiment doivent bien se dire que leur rivalitĂ© est parfaitement stĂ©rile et dangereuse. Au lieu de chercher Ă  rabaisser l'autre, pourquoi ne pas chercher Ă  le complimenter sur ses rĂ©elles qualitĂ©s et ses non moins rĂ©els mĂ©rites ? Le fair-play est indispensable non seulement en sport mais encore et surtout en amour. D'ailleurs, le vĂ©ritable amour doit ĂȘtre une coopĂ©ration et non une compĂ©tition. ● Afin de rĂ©duire les risques de rivalitĂ©, les Dragons amoureux auront intĂ©rĂȘt Ă  poursuivre chacun une profession nettement diffĂ©rente de celle de l'autre. L'un peut ĂȘtre banquier et l'autre journaliste, l'un commerçant et l'autre employĂ© de bureau. Il en sera de mĂȘme de leurs loisirs et de leurs hobbies. Ils ne risqueront certainement pas d'entrer en conflit si l'un fait de la peinture ou de la photographie et l'autre Ă©crit des poĂšmes. ● Quant Ă  la bombe de la compĂ©tition sexuelle, ils devront chercher Ă  la dĂ©samorcer par tous les moyens possibles. Qu'ils se rappellent constamment ce mot judicieux de Marguerite de Navarre " La vĂ©ritĂ© parle aussi bien contre les femmes que contre les hommes. "
Chacund'entre nous s'est dĂ©jĂ  retrouvĂ© au moins une fois, au cƓur de la tourmente Au nom de la vĂ©ritĂ© est une nouvelle fiction quotidienne de vingt-six minutes, qui s'attache Ă  des hĂ©ros du
La bataille des fins de matinĂ©e a lieu principalement chaque jour entre TF1 et France 2 qui relĂšguent le reste de la concurrence sous les 10% de part de marchĂ©. Ce mercredi 25 fĂ©vrier, la chaĂźne privĂ©e est parvenue Ă  prendre le leadership grĂące Ă  ses scripted reality. À partir de 9h30, Une histoire, une urgence n’est parvenue qu’à attirer 245 000 tĂ©lĂ©spectateurs, soit de part d’audience et TF1 Ă©tait battue par les soaps de France 2. DĂšs 10h30, La Une s’est emparĂ©e du leadership avec Au nom de la vĂ©ritĂ© . Le premier Ă©pisode a convaincu 645 000 Français, soit 14% du public ĂągĂ© de 4 ans et plus, contre 11% pour Amour, gloire et beautĂ© sur France 2. Le deuxiĂšme Ă©pisode a Ă©tĂ© regardĂ© par 827 000 fidĂšles de part de marchĂ© quand Motus devait se contenter de 597 000 tĂ©lĂ©spectateurs, reprĂ©sentant du public. Enfin Les Z’amours a Ă©galement subi de plein fouet cette concurrence. Au nom de la vĂ©ritĂ© a ainsi captivĂ© million de Français juste avant Les 12 coups de midi, soit de part de marchĂ©. En face, Tex et son jeu ont pour leur part sĂ©duit 999 000 aficionados, pour de part d’audience. Au nom de la vĂ©ritĂ© est diffusĂ©e chaque matin Ă  partir de 10h25 sur TF1.
Aunom de la vĂ©ritĂ© 13M views. 38.4K. maffderulo Tik Toker. 227.6K views. 38.4K Likes, 696 Comments. TikTok video from Tik Toker (@maffderulo): "C’est important l’argent #pourtoi". Il y a des gens qui prennent des cours de théùtre Ă  40 000 € Pour finir dans au nom de la vĂ©ritĂ©. original sound. C’est important l’argent #pourtoi . original sound. 803. srhnaraa
MEBAHEL est un ChĂ©rubin, son nom signifie " Dieu Conservateur " ou " Dieu Qui Tient Ses Promesses " Le nom de Mebahel est tirĂ© du psaume 9, L’Éternel est un refuge pour l’opprimĂ©, un refuge au temps de la dĂ©tresse. Il s'agit, avec cet Ange, de l'Amour Universel, sans contraintes, de la Sagesse Hochmah/Uranus + la BeautĂ©, l'Amour, le Corps sain, le DĂ©tail Netzah/VĂ©nus ; il y a ici, une idĂ©e de retour Ă  la Sagesse/Amour, Ă  sa puretĂ©, Ă  une promesse... incorporĂ©e et transformĂ©e dans chaque acte quotidien; une force qui nous rajeunit, en quelque sorte, pour nous faire avancer en toute confiance et foi vers l'avenir. Le rĂŽle de l'Ange Mebahel est de vous aider Ă  amĂ©liorer et/ou Ă  dĂ©velopper vos relations, vos amitiĂ©s. Vous pouvez, en vous adressant Ă  Mebahel, recevoir ses Essences Divines car vous ĂȘtes appelĂ© Ă  devenir un crĂ©ateur de nouvelles Normes, de Lois Justes, Ă©laborĂ©es Ă  partir des expĂ©riences acquises dans le passĂ© et qui font de vous l'Un des BĂątisseurs des Structures du futur Royaume Humain. MEBAHEL = M Mem B Beith H HĂ© A L Les Arcanes du Tarot sont 13 La Mort - 2 La Papesse - 5 Le Pape - M Mem = Lettre 13, Énergie qui offre les Ă©lĂ©ments matĂ©riels pour rĂ©aliser l'Oeuvre - Zodiaque = Le Capricorne - Kabbale = Hesed/Jupiter, 2eme cycle - Tarot = La Mort Mort provisoire du rĂȘve et renaissance du sens pratique . - B Beith = Lettre 2, Énergie de l'Amour LumiĂšre intĂ©rieure - ÉlĂ©ment = Feu, 2eme cycle - Zodiaque = Le Lion - Kabbale = Hochmah/Uranus - Tarot = Lame 2, La Papesse ArchĂ©type de toutes les Demeures possibles . - H HĂ© = Lettre 5, Apparition d'un nouvel Ă©lĂ©ment l'Eau Grande propagatrice de Vie dans l'Univers - ÉlĂ©ment = Eau Sentiments, Ă©motions, dĂ©sirs, priĂšres... - Zodiaque = Le Cancer- Kabbale = Gueburah/Mars La Mer Rouge des cabalistes... - Tarot = Lame 5, Le Pape Symbole du pouvoir des sentiments . Il faut noter que la racine du nom Mebahel Mem - Beith signale un retour... Il s'agit d'une Puissance qui fait renaĂźtre la PuretĂ©... Il s'agit d'une Force qui rajeunit, qui fait revenir certaines choses du PassĂ© pour aller vers un Avenir radieux... paradisiaque... QualitĂ©s Engagement - Aide humanitaire - Altruisme - Devise VĂ©ritĂ©, LibertĂ©, Justice - Amour inconditionnel - Inspirations en provenance des Mondes SupĂ©rieurs - LibĂšre les prisonniers et les opprimĂ©s - Aide ceux qui ont perdu l'espoir - ÉquitĂ© - Aime la justesse - RĂ©tablit l'ordre naturel - Comportement respectueux de l'environnement - MĂ©ditation - Exorciste - Richesse - ÉlĂ©vation des sens. Distorsions DĂ©sengagement - Ne tient pas ses promesses - Sentiment d'ĂȘtre mal aimĂ© ou rejetĂ© - Force dĂ©moniaque - Lutte intĂ©rieure - Mensonges - Faux tĂ©moignages - ProcĂšs - Accusation - CaptivitĂ© - Oppression - Calomnie - Usurpation - AdversitĂ© - Malfaiteur - Criminel - Tyran - Victime - S'identifie Ă  la loi sociale - Marche Ă  contre-courant. Si vous ĂȘtes nĂ© durant ses 5 jours de rĂ©gence, par sa prĂ©sence dans votre ciel, Mebahel vous annonce que vous avez en vous tout ce qu'il faut pour dĂ©velopper l'Art de l'AmitiĂ©. Les vibrations de Mebahel vous permettront d'Ă©lever vos sens jusqu'Ă  devenir un " MaĂźtre ", quel que soit le domaine dans lequel vous Ă©voluez; que vous soyez cuisinier, peintre, musicien, charpentier.., le goĂ»t du dĂ©tail se dĂ©veloppera et fera toute la diffĂ©rence comme les Ă©toiles dans le ciel; petits points de dĂ©tails et pourtant aveuglantes quand on s'en approche. Pour ceux qui ont perdu espoir, Mebahel se tient prĂšs de vous, Il vous soutient et c'est aux travers de petits dĂ©tails qu'il manifeste sa prĂ©sence. Il vous guidera, vous redonnera courage et vous fera voir que tout conduit au Bien, en amĂ©liorant votre discernement et votre luciditĂ©. Si vous ĂȘtes ou si vous vous sentez prisonnier, opprimĂ©, si vous avez soif de justice, de libertĂ©, de vĂ©ritĂ©, alors, priez Mebahel pour qu'il vous montre la voie, la marche Ă  suivre. Peu importe la prison dans laquelle vous ĂȘtes, personne ne peut vous empĂȘcher de prier, ce qui est le premier moyen de s'Ă©vader et de trouver la vrai libertĂ©. Mebahel vous aidera Ă  gagner vos procĂšs, qu'ils soient intĂ©rieurs ou extĂ©rieurs. Pour cela, Mebahel dĂ©veloppera le pouvoir de CrĂ©ation par votre Parole et s'exprimera Ă  travers elle. Ainsi, en Ă©tant toujours tolĂ©rant, comprĂ©hensif, libĂ©ral, vous exprimez la BeautĂ© et l'Amour de Dieu... Vous avez, en vous, par Mebahel, un immense pouvoir de crĂ©ativitĂ© que vous dĂ©veloppez en mettant de l'amour dans tout ce que vous faites, mais avec le soucis du dĂ©tail. De cette façon, vous amenez beaucoup de LumiĂšre dans chacun de vos actes ou rapports avec les ĂȘtres et les choses. Si vous n'ĂȘtes pas nĂ©s sous la gouverne de Mebahel mais que vous voulez dĂ©velopper ses QualitĂ©s, ses Vertus et ses Dons, rien ne vous empĂȘche de travailler avec Lui. Il est l'Ange de la VĂ©ritĂ©, de l'Espoir, du Secours. Imaginez que vous soyez un puceron... Pourquoi un puceron ?.. Parce que c'est une petite bestiole insignifiante pour la plupart des ĂȘtres humains... et pourtant, son rĂŽle est extrĂȘmement important, tout comme le vĂŽtre !.. Vous aussi avez cette capacitĂ© Ă  produire du miellat; cette substance Ă©nergisante pour eux-mĂȘmes et pour les fourmis qui veillent sur eux comme des "Anges Gardiens"... Telles deviendront vos paroles, Ă  la mesure de votre complicitĂ© avec Mebahel... Car cet Ange est un "Ange de Parole" dans le sens ou, si vous lui demandez quoi que ce soit, Il examinera cette demande, pĂšsera le pour et le contre par rapport Ă  votre Chemin de Vie, et tiendra parole... Mebahel est l'Ange des avocats; entrez dans un tribunal et vous verrez grouiller cette fourmiliĂšre avec tout ces pucerons qui s'occupent de dĂ©fendre les innocents... du moins, espĂ©rons... Pour vous faire signe de sa prĂ©sence, Mebahel peut vous donner envie de siffloter ou vous faire entendre quelqu'un siffler un air qui vous poursuivra toute la journĂ©e. D'autres signes... peut-ĂȘtre une ruche d'abeille, du miel, de la vanille... les mots songe, mĂ©diateur, vĂ©ritĂ©, justice, libertĂ©... Soyez attentif lorsque ces mots ou situations se prĂ©sentent Ă  vous et prenez soin de saisir la premiĂšre idĂ©e ou solution qui vous viendra en tĂȘte, ce sera la bonne ! En vous, se trouvent tous les gĂšnes de la crĂ©ativitĂ© et Mebahel vous encourage Ă  les mettre en Ɠuvre, en faisant confiance en vos capacitĂ©s crĂ©atrices qui vous illumineront de l'intĂ©rieur pour se projeter vers l'extĂ©rieur, ce qui constituera, pour vous, un bouclier protecteur. Influences de Mebahel sur Le corps Permet le contrĂŽle des rĂ©actions de celui-ci Ă  travers la tempĂ©rance acquise... Le moral GoĂ»t pour l'argutie juridique subtilitĂ© de langage, raison spĂ©cieuse qui dissimule l'absence rĂ©elle d'arguments sĂ©rieux, surtout pluriels et de la lĂ©galitĂ©... L'Ăąme Grande soif de justice et de vĂ©ritĂ© qui peuvent pousser Ă  se diriger vers les mĂ©tiers de la magistrature avocat pour dĂ©fendre la cause des opprimĂ©s, dĂ©voiler les machinations dont sont victimes les innocents, faire libĂ©rer ceux qui sont injustement incarcĂ©rĂ©s... L'amour Faire profiter au partenaire de ses propres opportunitĂ©s, c'est manifester l'Amour. Se montrer toujours libĂ©ral, tolĂ©rant, comprĂ©hensif; c'est aussi manifester son Amour. L'argent RentrĂ©es d'argent rĂ©guliĂšres et importantes, en rapport avec le travail de la personne. Son travail devrait concerner les Lois; et c'est ainsi que son argent proviendra, donc, de l'exercice d'une activitĂ© dans la magistrature, ou d'un hĂ©ritage rĂ©cupĂ©rĂ© au cours d'un procĂšs... La santĂ© Par une volontĂ© forte et dĂ©cidĂ©e, possibilitĂ© d'Ă©tablir l'Ă©quilibre dans son intĂ©rieur qui rendra solide et invulnĂ©rable sa santĂ©. PossibilitĂ© de gagner des procĂšs Ă  l'extĂ©rieur, donc, de les gagner Ă  l'intĂ©rieur... Le travail Directement ou indirectement, l'individu doit ĂȘtre l'Avocat qui lutte contre l'injustice; celui qui fait libĂ©rer les innocents, celui qui rend claire, admirable, lumineuse, la Justice. En mĂȘme temps, il libĂšre ses propres tendances positives, restĂ©es inactives... L'initiation Ă©sotĂ©rique La personne doit porter la Justice parmi les Humains, faire connaĂźtre la VĂ©ritĂ©. Elle connaĂźtra les rouages de la mĂ©canique universelle et devra les proclamer. Sa parole est crĂ©atrice, et l'Ange Mebahel s'exprimera Ă  travers elle... Invoquez Mebahel pour Trouver un avocat lorsque l'on est victime d'une injustice, de spoliation ou d'oppression - Faire respecter ses droits et la justice - RĂ©ussir dans la profession d'avocat Ă  condition que l'on ait la volontĂ© sincĂšre de dĂ©fendre la veuve et l'orphelin, le pauvre et l'innocent - Il n'est d'aucune aide pour les procĂ©duriers dont le mĂ©tier est d'enrichir les puissants, les spoliateurs et les oppresseurs - La justice, l'impartialitĂ© bienveillante d'un tribunal, les Droits humains - ReconquĂ©rir ce que l'on a perdu injustement - La libertĂ© de ceux qui nous oppriment - Protection face Ă  la calomnie, aux faux tĂ©moignages et contre ceux qui veulent usurper la fortune des autres... Mebahel gouverne l'un des 7 Charismes Les Esprits" Vos paroles sont comme le miel Ă  ma bouche " Lapis-lazuli Exhortation Essence dispensĂ©e VĂ©ritĂ© - LibertĂ© - Justice C'est Moi qui t'ai mis dans l'arĂšne de ce monde, PĂšlerin, pour que tu instruises tes frĂšres au sujet des normes prĂ©cises de l'Univers. Dis-leurs que le futur s'Ă©labore par les expĂ©riences acquises aux travers des Ă©difications du passĂ© et que la rigueur de ces normes empĂȘche qu'elles ne soient Ă©ternellement corrompues. J'attends de toi, FrĂšre, que tu sois l'Homme du juste milieu, celui qui arbitre les solutions, l'avocat de ceux qui prĂ©cipitent les choses, autant que de ceux qui traĂźnent en chemin. Le Monde doit trouver, en toi, un ĂȘtre sensible et dĂ©vouĂ© Ă  la cause de ceux qui avancent Ă  l'aveuglette, sans savoir, poussĂ©s par le joug de la nĂ©cessitĂ©. Tu leurs donneras l'Espoir, la Voie Ă  suivre, afin qu'ils aient la force de croire en eux. Tu dois ĂȘtre, en Mon Nom, le crĂ©ateur de nouvelles Normes, de nouvelles Lois, et le BĂątisseur, ferme et dĂ©cidĂ©, des structures du futur Royaume Humain. Je compte sur ton enthousiasme et ta persĂ©vĂ©rance. PriĂšre Mebahel ! Accorde-moi, Seigneur, des pouvoirs, afin que je puisse Ă©difier mon avenir de la mĂȘme maniĂšre que tu as Ă©difiĂ© la merveilleuse machine de l'Univers. Gonfle ! Mebahel, les voiles de mes sentiments, pour que je puisse ressentir, dans ma propre chair, la sainte colĂšre de mes frĂšres lorsqu'ils sont humiliĂ©s, dĂ©chirĂ©s, violĂ©s, par l'injustice, par la violence. Place-moi ! Seigneur, Ă  la pointe de la SociĂ©tĂ©, et fais que mes mots soient l'ÉpĂ©e qui brise et met en piĂšces tout ce qui est faux, pervers ou retors. Je veux lutter pour des lendemains heureux ! Mebahel, fais de moi l'un des artisans de ta Justice. Amen ! LumiĂšre/Amour... Amour/LumiĂšre... VIDÉO MEBAHEL 14 DĂ©couvrez Qui sont vos 3 Anges Gardiens principaux et offrez-vous une Consultation pour aller les Rencontrer... ©Florian KARMELITA
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DansInherent Vice de Paul Thomas Anderson, il est parfois difficile de faire la part des choses entre le réel complot et l'imagination de Doc qui est alimentée par les drogues qu'il consomme. Le Petit SeptiÚme

Sommaire Nous utiliserons l’édition bilingue Folio théùtre n° 70 traduction d’Yves Bonnefoy. Etudes synthĂ©tiques Textes expliquĂ©s Bibliographie Comparaison d’Othello avec ZaĂŻre, de Voltaire Études synthĂ©tiques Le contexte historique Les forces du mal dans Othello Les comparses dans Othello Les personnages fĂ©minins dans Othello DesdĂ©mone Emilia et Bianca La figure du More dans Othello Racisme et prĂ©jugĂ©s dans Othello La jalousie dans Othello Le contexte historique On relĂšve peu de noms propres, peu de dĂ©tails prĂ©cis permettant de situer prĂ©cisĂ©ment l’action d’Othello ; cependant, nous savons que Shakespeare s’est beaucoup inspirĂ© de la bataille de LĂ©pante, celle-lĂ  mĂȘme oĂč CervantĂšs perdit son bras gauche. La bataille de LĂ©pante ? La bataille de LĂ©pante, 1571 Cette cĂ©lĂšbre bataille eut lieu le 7 octobre 1571 ; elle opposait la flotte turque, composĂ©e de 210 galĂšres et de 63 navires plus petits, Ă  une flotte chrĂ©tienne formĂ© de 202 galĂšres et 6 galĂ©asses, vĂ©nitiennes, espagnoles, gĂ©noises, pontificales et savoyardes. La France n’y participait pas. Elle faisait suite Ă  la prise de Chypre par les Turcs en 1570, qui avait fait plus de 20 000 morts Ă  Nicosie. Le choc a lieu dans le golfe de Patras, devant LĂ©pante aujourd’hui Naupactos ; contre toute attente, la flotte turque est vaincue, et presque toutes leurs galĂšres sont prises ou coulĂ©es. Cette victoire eut un retentissement considĂ©rable en Europe ; beaucoup moins cependant du cĂŽtĂ© de l’Empire Ottoman, qui reconstitua sa flotte en moins d’un an. Chypre fut finalement cĂ©dĂ©e par Venise aux Ottomans. Mais s’agit-il bien de LĂ©pante, dans Othello ? On remarquera qu’il n’est jamais question d’une bataille navale ; mais d’une tempĂȘte qui a anĂ©anti la flotte turque. Une escadre ottomane avait pĂ©ri dans une tempĂȘte lors du siĂšge de Famagouste en 1570, mais cela n’avait pas empĂȘchĂ© la prise de la ville ! L’Histoire dans Othello Il n’est jamais question de LĂ©pante dans la piĂšce – pourtant, Ă  peine plus de 30 ans s’étaient Ă©coulĂ©s, et la mĂ©moire en restait vive. NĂ©anmoins, le contexte de la piĂšce Ă©voque, au moins en partie, ce conflit. Nous apprenons p. 75 qu’Iago s’est illustrĂ© Ă  Rhodes et Ă  Chypre ; Tout le premier acte bruisse d’inquiĂ©tude, Ă  propos d’une flotte turque en route pour Rhodes, puis pour Chypre ; Shakespeare nous dĂ©crit de maniĂšre trĂšs vivante l’atmosphĂšre dans le palais des Doges, les rumeurs contradictoires, les entrĂ©es des messagers
 Finalement, tous les protagonistes sont envoyĂ©s Ă  Chypre. Cette atmosphĂšre guerriĂšre donne Ă©videmment un caractĂšre dramatique au contexte, et permet un tableau d’histoire » trĂšs animĂ© ; et pourtant, le drame fait s’essouffle bien vite DĂšs la premiĂšre scĂšne de l’acte II, nous apprenons que les Turcs sont en difficultĂ© Une terrible tempĂȘte a si bien estourbi les Turcs que leurs projets en boitent. » p. 149 Puis Othello, sitĂŽt arrivĂ©, confirme Des nouvelles, mes bons amis ! Nos guerres sont terminĂ©es Les Turcs sont par le fond » Enfin, l’annonce officielle sera fait par un hĂ©raut, dans la scĂšne II. Le contexte guerrier n’aura donc eu pour seule consĂ©quence que d’enfermer les protagonistes loin de Venise, dans une citadelle, en une sorte de huis clos. Il donne Ă  la piĂšce une connotation dramatique, et actuelle. Les forces du mal dans Othello Comme dans toutes les tragĂ©dies, les hĂ©ros, ici Othello et DesdĂ©mone, vont ĂȘtre aux prises avec des forces agissant contre eux, forces puissantes et capables de les perdre. Dans le schĂ©ma actanciel classique, on parlera d’opposants. Parmi ceux-ci un se dĂ©tache du lot, Ă  tel point que l’on pourrait presque lui donner le rĂŽle titre ; il s’agit d’Iago. Qui est Iago ? Son identitĂ© est prĂ©sentĂ©e, par lui-mĂȘme, dĂšs la premiĂšre scĂšne c’est un jeune officier d’environ 28 ans, qui s’est illustrĂ© sur plusieurs champs de bataille cf. p. 75, et estime donc que la charge de lieutenant lui revient de droit – ce qui ferait de lui le plus proche compagnon d’Othello ! Et cette reconnaissance lui importait tellement qu’il a littĂ©ralement fait campagne » pour l’obtenir, au point d’envoyer trois notables de la ville plaider sa cause auprĂšs d’Othello
 Le refus de celui-ci, et le choix de faire de lui un simple porte-enseigne – au fond, un domestique – le met hors de lui, car il le renvoie au nĂ©ant, Ă  sa propre nĂ©gativitĂ©. je suis celui qui toujours nie
 » Iago ressemble par bien des traits Ă  MĂ©phistophĂ©lĂšs, le Diable de Faust – or on sait que la piĂšce de Marlowe portant ce titre, et créée en 1592, Ă©tait en cours de publication en 1604, l’annĂ©e mĂȘme d’Othello... Iago se caractĂ©rise par une dĂ©testation universelle de tout, et de tous ; rien de positif ne trouve grĂące Ă  ses yeux la vaillance militaire celle d’Othello n’est qu’un ramassis de rĂ©cits mensongers, et n’existe donc pas – il est le seul Ă  penser cela ; mĂȘme les pires adversaires d’Othello le respectent, y compris Brabantio ; celle de Cassio est inexistante Ă  ses yeux. Et de toutes maniĂšres, la vaillance ne sert Ă  rien, n’est pas reconnue p. 77 Les femmes et l’amour Iago est un terrible misogyne, enfermĂ© dans une vision caricaturale des femmes ; elles ne seraient, Ă  ses yeux, que des furies obsĂ©dĂ©es par le sexe. Sa propre femme, Emilia, il la hait et s’en mĂ©fie, cherchant Ă  la rĂ©duire au silence ; DesdĂ©mone serrant courtoisement la main de Cassio ne peut ĂȘtre qu’une dĂ©bauchĂ©e prĂȘte Ă  tromper son mari
 Voir p. ex. p. 161. Quant Ă  l’amour, il n’existe tout simplement pas. Ce n’est qu’un prurit du sang avec la permission de la volontĂ© » p. 139. Seul compte le dĂ©sir sexuel – qui n’est Ă  ses yeux que stupre et horreur ; et cette horreur se rĂ©pand partout il soupçonne Othello d’avoir sĂ©duit Emilia ! Iago est un ĂȘtre nĂ©vrosĂ© qui a manifestement un sĂ©rieux problĂšme avec sa propre sexualitĂ© ! Les valeurs morales ne sont que des illusions destinĂ©es Ă  tromper les naĂŻfs et les imbĂ©ciles qui y croient Iago se revendique traĂźtre et voleur ! Iago est donc la nĂ©gativitĂ© mĂȘme, comme MĂ©phisto Je suis l’esprit qui toujours nie, Et ce, Ă  bon droit car tout ce qui prend naissance mĂ©rite d’ĂȘtre dĂ©truit ; Mieux vaudrait dĂšs lors que rien ne naquĂźt. Ainsi donc tout ce que vous nommez pĂ©chĂ©, destruction, bref, le mal, est mon Ă©lĂ©ment propre. » Cette nĂ©gativitĂ© universelle a Ă©videmment pour corollaire une vie elle aussi nĂ©gative et vide. Iago n’aime personne – et lorsqu’il donne des conseils, c’est toujours pour servir ses propres fins. Il ne s’aime pas lui-mĂȘme, et il finira d’ailleurs isolĂ©, haĂŻ de tous, et vouĂ© aux pires supplices. Une nĂ©gativitĂ© agissante Iago ne se contente pas de ressasser ses haines et ses ressentiments ; il agit, en permanence, manipule les uns contre les autres, ne vit que d’intrigues et de coups tordus
 et il parle ! C’est un personnage omni-prĂ©sent Acte I scĂšne 1, c’est lui qui rĂ©veille Brabantio et lui apprend la fuite de sa fille, prĂ©tendument enlevĂ©e par Othello. scĂšne 2, nous le voyons tenter de monter Othello contre Roderigo dont il s’affirmait l’ami dans la scĂšne prĂ©cĂ©dente. scĂšne 3, il manipule Roderigo en promettant de l’aider Ă  conquĂ©rir DesdĂ©mone
 Acte II scĂšne 1, il arrive avec DesdĂ©mone, Cassio et Roderigo Ă  Chypre ; il se lance dans une joute verbale avec DesdĂ©mone, dans laquelle il rĂ©vĂšle toute sa petitesse de caractĂšre ; la scĂšne s’achĂšve avec le texte 2, oĂč nous le voyons commencer Ă  mettre en place sa stratĂ©gie. scĂšne 3, il pousse Cassio Ă  boire, alors que celui-ci supporte mal l’alcool ; et bien sĂ»r celui-ci sombre bien vite dans l’ivresse – et Iago en profite pour suggĂ©rer Ă  Montano, le gouverneur de Chypre, qu’il est un ivrogne invĂ©tĂ©rĂ©. Roderigo, conformĂ©ment au plan, provoque Cassio, qui ne tarde pas Ă  blesser Montano qui s’interposait. Cassio est alors relevĂ© de sa lieutenance par Othello. Et Iago lui suggĂšre de passer par DesdĂ©mone pour flĂ©chir son mari
 À ce point, la plupart des fils de l’intrigue sont tendus. Et Ă  chaque instant, on trouve Iago Ă  la manƓuvre. Acte III scĂšne 3 Cassio a obtenu une entrevue avec DesdĂ©mone, et Iago, qui a menĂ© Othello Ă  un endroit oĂč il pouvait les voir, suscite sans en avoir l’air les soupçons d’Othello. Et quand DesdĂ©mone vient plaider la cause de Cassio, il instille habilement le poison du doute – si habilement qu’il dit la pure vĂ©ritĂ© sans qu’elle puisse ĂȘtre comprise, en deux beaux exemples d’ironie tragique c’est le flĂ©au de ma nature que d’épier les faux-pas des autres ; par suspicion j’imagine des fautes inexistantes » p. 253 ; Gardez-vous de la jalousie ! De ce monstre aux yeux verts qui nargue la proie mĂȘme qu’il dĂ©vore
 » p. 255 A la fin de la scĂšne, DesdĂ©mone a laissĂ© tomber le mouchoir offert par Othello ; Emilia l’a ramassĂ©, et donnĂ©, sans penser Ă  mal, Ă  Iago. Et lorsque Othello rĂ©apparaĂźt torturĂ© par la jalousie, il l’attise en suggĂ©rant une liaison entre DesdĂ©mone et Cassio. scĂšne 4 DesdĂ©mone vient plaider la cause de Cassio devant Othello ; celui-ci lui rĂ©clame le mouchoir – qu’elle ne peut Ă©videmment lui donner. Acte IV ScĂšne 1 Iago s’arrange pour faire parler de Bianca Ă  Cassio, et pour faire croire Ă  Othello, qui Ă©coute, qu’il s’agit de DesdĂ©mone. Et Bianca entre Ă  ce moment rendre le mouchoir Ă  Cassio. Othello finit par se laisser convaincre du double meurtre de DesdĂ©mone et de Cassio il tuera DesdĂ©mone, et Iago se chargera de Cassio. ScĂšne 2 Othello Ă©tant sur le point d’ĂȘtre rappelĂ© Ă  Venise, et Cassio d’ĂȘtre nommĂ© Ă  sa place, Iago suggĂšre Ă  Roderigo d’assassiner Cassio, afin d’en faire accuser le More. Acte V scĂšne 1 Iago a fait en sorte que Cassio et Roderigo s’entretuent ; mais Cassio blesse Roderigo, et Iago Cassio. Pour Ă©viter qu’il ne parle, Iago exĂ©cute Roderigo, et accuse Bianca de la tentative de meurtre sur Cassio. scĂšne 2 Othello tue DesdĂ©mone ; mais tout se rĂ©vĂšle bientĂŽt et Iago est arrĂȘtĂ©. Il se mure alors dans le silence. Iago est donc prĂ©sent dans chaque acte, et Ă  tous les moments cruciaux de l’intrigue. Il est Ă  l’origine de chaque scĂšne violente, de chaque meurtre. La crĂ©dulitĂ© incroyable des autres Iago est transparent pour le spectateur il Ă©nonce toujours clairement son Ă©tat d’esprit, ses haines, ses projets – et le fait, le plus souvent, en prĂ©sence mĂȘme de ses victimes et en s’adressant Ă  elles. Et pourtant, tout le monde s’accorde pour cĂ©lĂ©brer son honnĂȘtetĂ© », sa loyautĂ© ». C’est mĂȘme un leit-motiv de la piĂšce ! Iago est donc particuliĂšrement habile Ă  repĂ©rer et exploiter les failles de tous ceux qu’il rencontre le caractĂšre colĂ©rique et emportĂ© d’Othello, l’orgueil chatouilleux de Cassio Ă  propos de ses qualitĂ©s militaires, et sa faiblesse face Ă  la boisson, son mĂ©pris des femmes aussi voir son attitude Ă  l’égard de Bianca, la bĂȘtise de Roderigo
 Il ne doit son pouvoir qu’à la faiblesse et Ă  l’aveuglement d’autrui. Othello p. 135 Roderigo fait toute confiance Ă  Iago
 qui n’hĂ©sitera pas Ă  le tuer ; Montano
 Emilia donne sans mĂ©fiance le mouchoir Ă  Iago ; DesdĂ©mone elle-mĂȘme le mĂ©prise, mais ne s’en mĂ©fie pas. Quand cesse cet aveuglement, il est rĂ©duit au silence et Ă  l’impuissance. Un homme qui hait l’amour, la vie, le plaisir, les femmes, qui est prĂȘt Ă  tout pour assurer son pouvoir, un homme tout de noirceur qui passe pour honnĂȘte
 Iago a tout d’un puritain, ces adversaires du théùtre ! Et la crĂ©dulitĂ© est celle du public
 Othello serait-il l’équivalent anglais de Tartuffe, un brĂ»lot contre le parti, ici puritain, lĂ , dĂ©vot mais ce sont Ă  peu prĂšs les mĂȘmes, et un avertissement devant leurs menĂ©es ? Les comparses dans Othello Othello est une piĂšce dans laquelle la scĂšne semble toujours pleine, oĂč les scĂšnes collectives, mettant en prĂ©sence de nombreux acteurs, abondent. Et de fait, les comparses, parfois simples figurants, parfois personnages secondaires rĂ©ellement impliquĂ©s dans l’action, sont nombreux. Les figurants Souvent anonymes, dotĂ©s parfois d’un rĂŽle mineur, on les retrouve Ă  divers moments clĂ©s des sĂ©nateurs, Ă  l’acte I, commentent avec effroi les nouvelles qui leur parviennent de Chypre, et lors du procĂšs » entre Brabantio et Othello, ils jouent un peu le rĂŽle du chƓur dans une tragĂ©die antique. Un clown, personnage grotesque qui apparaĂźt en III, 4, mais n’a qu’un rĂŽle mineur ; il sert d’intermĂ©diaire entre Cassio et DesdĂ©mone cf. III, 1 on trouve aussi un marin, un messager, un hĂ©raut, des officiers, des gentilshommes, des musiciens et autres ». Toutes ces prĂ©sences donnent Ă  la piĂšce une allure vivante, prolifĂ©rante, comme la vie mĂȘme. Les comparses Brabantio Il est le pĂšre de DesdĂ©mone, et tout son rĂŽle consiste, en pĂšre autoritaire, Ă  tenter d’empĂȘcher le mariage de sa fille et d’Othello ; mais trĂšs vite, il constate son impuissance DesdĂ©mone est bel et bien mariĂ©e, le Doge et son conseil acceptent la situation
 il en est rĂ©duit aux rĂ©criminations, et disparaĂźt trĂšs vite. On apprendra par la suite V, 2 qu’il en est mort, sans que son dĂ©cĂšs paraisse Ă©mouvoir quiconque. Gratiano et Lodivico Ce sont le frĂšre et un parent de Brabantio ; ils n’ont guĂšre de rĂŽle actif. Le doge de Venise Lui aussi voit son rĂŽle confinĂ© Ă  l’acte I c’est lui qui reçoit la plainte de Brabantio, et qui envoie Othello Ă  Chypre. Montano ReprĂ©sentant du doge Ă  Chypre, il doit ĂȘtre remplacĂ© par Othello II, 1 mais n’en Ă©prouve aucune amertume. Il offre Ă  boire sans penser Ă  mal Ă  Cassio II, 3, puis se laisse convaincre que celui-ci est un dangereux ivrogne. Il sera peu aprĂšs blessĂ© par Cassio – ce qui vaut Ă  celui-ci un renvoi immĂ©diat. Bianca C’est une courtisane, sincĂšrement amoureuse de Cassio, dont elle est la maĂźtresse, mais mĂ©prisĂ©e par lui – les propos de Cassio sur Bianca seront pris par Othello pour des injures adressĂ©es Ă  DesdĂ©mone ; accusĂ©e par Iago de la tentative de meurtre sur Cassio, elle Ă©chappera de peu Ă  une injuste condamnation. Les personnages secondaires actifs Eux ont un vrai rĂŽle dans l’intrigue, mĂȘme s’ils sont manipulĂ©s. Cassio Il est le plus important de tous C’est Ă  cause de lui que Iago se dĂ©chaĂźne contre Othello il a Ă©tĂ© nommĂ© lieutenant Ă  sa place ; Iago s’arrange pour le faire boire, et pour qu’il soit destituĂ© ainsi il demandera l’intercession de DesdĂ©mone auprĂšs d’Othello ; C’est chez lui que Iago dĂ©posera le mouchoir de DesdĂ©mone ; Ses propos mĂ©prisants Ă  l’égard de Bianca seront pris pour des injures Ă  DesdĂ©mone ; Il sera blessĂ© par Iago – qui accusera Bianca de ce crime. Roderigo Ce gentilhomme vĂ©nitien apparaĂźt d’abord comme le complice de Iago comme lui il en veut Ă  Othello mais pour une rivalitĂ© amoureuse, et il sera l’auxiliaire agissant de Iago I, 1 et II, 1. Il ira jusqu’à tenter d’assassiner Cassio pour faire accuser Othello du meurtre, mais sera lui-mĂȘme assassinĂ© par Iago V, 1. Emilia L’épouse d’Iago est aussi l’amie et la confidente de DesdĂ©mone. MĂ©prisĂ©e de son mari, elle ignore ses projets, et participe plus ou moins Ă  ses prĂ©jugĂ©s elle traite Bianca de roulure » ; c’est elle qui, sans le vouloir, cause la perte de sa maĂźtresse en donnant le mouchoir Ă  Iago. Mais ce sera elle aussi qui rĂ©vĂšlera, trop tard, Ă  Othello et Ă  l’ensemble des personnages les crimes de Iago – qui la tuera. On remarquera que de tous ces personnages, seuls Brabantio et Roderigo sont rĂ©ellement hostiles Ă  Othello ; tous en revanche apprĂ©cient et respectent DesdĂ©mone. Mais tous seront manipulĂ©s par Iago, et amenĂ©s Ă  dĂ©truire ce couple, plus ou moins volontairement. Les personnages fĂ©minins Othello est une piĂšce trĂšs masculine l’essentiel de l’action se joue entre des soldats, dans une citadelle menacĂ©e, puis rassurĂ©e ; Ă  Venise comme Ă  Chypre, les dĂ©cisions, les conflits ont lieu entre hommes ; les femmes sont souvent des victimes collatĂ©rales. Aussi est-ce Othello qui donne son titre Ă  la piĂšce, et non DesdĂ©mone celle-ci est un enjeu, un moyen d’atteindre le More ; Iago n’a rien contre elle, Roderigo n’en est que vaguement amoureux, Cassio ne voit en elle qu’un intermĂ©diaire qui lui permettra de flĂ©chir Othello
 Seul celui-ci, parce qu’il l’aime, voit en elle un personnage essentiel. Quant aux autres femmes, elles ne sont que deux – mais l’on verra que leur action est dĂ©cisive. DesdĂ©mone De la jeune fille libre et audacieuse
 Othello et DesdĂ©mone Ă  Venise – Théodore Chassériau DesdĂ©mone, Ă©voquĂ©e dĂšs les premiĂšres scĂšnes de l’acte I par les personnages, n’apparaĂźt elle-mĂȘme qu’à la scĂšne 3 ; elle nous est prĂ©sentĂ©e comme une toute jeune fille, qui, certes, vaque aux occupations de la maison sans se rĂ©volter apparemment contre les valeurs incarnĂ©es par son pĂšre celui-ci la croit bien sage !, mais semble attendre autre chose de l’existence. Entre un pĂšre inconsistant et une mĂšre, semble-t-il, absente, morte peut-ĂȘtre, elle s’ennuie ; et ce sont les rĂ©cits d’Othello qui l’éveillent Ă  elle-mĂȘme, au point de regretter que le Ciel n’eĂ»t point fait / d’elle un homme de cette sorte ». p. 123. Et de fait, elle affirme haut et fort son choix et sa volontĂ©, devant le Doge, les SĂ©nateurs, et son pĂšre, sans paraĂźtre le moins du monde intimidĂ©e ! ImmĂ©diatement, elle prend une dĂ©cision courageuse, celle de suivre Othello Ă  Chypre, bravant tous les dangers, Ă  commencer par la menace d’une dĂ©faite et de ses consĂ©quences prĂ©visibles elle est alors parfaitement cohĂ©rente avec elle-mĂȘme une jeune fille de caractĂšre, tentĂ©e par un mode de vie aventureux et dangereux, et s’engageant sans rĂ©serve pour l’homme qu’elle aime. Et c’est encore la mĂȘme jeune fille franche, directe, courageuse, qui affronte Iago dans la premiĂšre scĂšne de l’acte II, et le pousse dans ses retranchements, au point de mettre Ă  jour sa nature mĂ©diocre et mĂ©prisable paradoxes rebattus », Ă©paisse bĂȘtise », trĂšs grossier personnage, extrĂȘmement impudique »  p. 165-167 DesdĂ©mone est la seule, semble-t-il, Ă  juger Iago Ă  sa juste valeur. 
 Ă  l’enfant injustement punie La premiĂšre rupture intervient aprĂšs la perte du mouchoir III, 4 ; Ă  ce stade, DesdĂ©mone se montre encore ferme, refusant de cĂ©der Ă  Othello. Mais Ă  partir de l’acte IV, tout change scĂšne 1, Othello la gifle, l’insulte, et elle ne rĂ©agit pas. scĂšne 2, Othello la traite de putain, et cette fois elle semble accepter des accusations auxquelles elle ne comprend rien Il est juste que je sois traitĂ©e ainsi, tout Ă  fait juste, comment ai-je bien pu me comporter pour qu’il ait pu placer un tel opprobre sur mĂȘme la plus grave de mes fautes ? » p. 377 D’un caractĂšre qui semblait si bien trempĂ©, on attendrait de la rĂ©volte, de la colĂšre ; or elle se laisse briser sans vraiment se dĂ©fendre. scĂšne 3 Othello lui ordonne d’aller se coucher, en renvoyant Emilia ; on sent que DesdĂ©mone, qui Ă©voque Ă  ce moment le souvenir d’une autre servante, Barbara, abandonnĂ©e et qui en est morte, chante sa chanson ; on devine qu’elle pressent son sort imminent. Elle continue de rĂ©affirmer sa fidĂ©litĂ© Ă  Othello – devant Emilia, comme elle l’a fait devant Iago, c’est-Ă -dire en pure perte l’une ne pourrait, l’autre ne voudrait convaincre Othello. Enfin, lors de la derniĂšre scĂšne, elle tente une derniĂšre fois de dire la vĂ©ritĂ©, mais Othello est hors d’état de l’entendre – et elle ne peut que le supplier en vain. Comment comprendre ce changement radical, cette apparente soumission, cette acceptation de l’inacceptable ? DesdĂ©mone est victime d’une terrible solitude dĂšs le premier acte, on devine que son existence auprĂšs de son pĂšre est un dĂ©sert. La rencontre avec Othello a Ă©tĂ© pour elle un don total Ă  aucun moment elle ne renie cet amour, mĂȘme quand Othello lui fait subir des avanies aussi brutales qu’inexplicables, et l’accuse de fautes imaginaires. Or, si elle se refuse Ă  considĂ©rer Othello comme faillible, elle n’a d’autre choix que d’accepter son jugement. Cette acceptation n’est donc que le rĂ©sultat d’un amour absolu – qui ira jusqu’à s’accuser elle-mĂȘme de son propre meurtre. Et la souffrance, la solitude, l’abandon qu’elle a dĂ» Ă©prouver l’ont fait rĂ©gresser Ă  ce tout petit enfant » qu’elle redevient quand on la gronde l’ĂȘtre Ă  la fois le plus pur, mais aussi le plus vulnĂ©rable et sans dĂ©fense. Avec Othello, elle avait toutes les audaces ; sans lui, elle est brisĂ©e. Bianca Bianca a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mentionnĂ©e parmi les comparses voir ici. Bien qu’elle soit une courtisane, Bianca est assez proche de DesdĂ©mone, en ce sens qu’elle aussi est victime de l’amour, d’un amour asymĂ©trique elle aime profondĂ©ment Cassio, au point d’ĂȘtre abattue, atterrĂ©e par sa mort supposĂ©e ; mais lui ne l’aime pas. Elle est intermĂ©diaire entre DesdĂ©mone et Emilia comme la premiĂšre, victime des machinations d’Iago, elle subit son sort – et peut s’en faut, Ă  l’acte V, qu’elle soit accusĂ©e d’un meurtre qu’elle n’a pas commis ; elle aussi sera victime des apparences de mĂȘme qu’Iago a exploitĂ© la courtoisie de DesdĂ©mone pour laisser croire Ă  sa culpabilitĂ©, de mĂȘme, il exploitera son trouble devant Cassio blessĂ© pour l’accuser. Comme DesdĂ©mone aussi, elle aime sans restriction, et son amour n’est pas payĂ© de retour. Cassio en effet se moque d’elle, et la mĂ©prise ouvertement. Mais comme la seconde, elle est un instrument du mal sans le vouloir Cassio lui confie le fameux mouchoir pour qu’elle le fasse copier, et c’est en le rapportant Ă  celui-ci qu’elle sera vue d’Othello. Cependant, prĂ©sente dans seulement 3 scĂšnes, elle reste un personnage trĂšs secondaire. Emilia Emilia a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mentionnĂ©e parmi les comparses voir ici. L’épouse – mĂ©prisĂ©e, parfois maltraitĂ©e d’Iago – semble suivre le chemin inverse de celui de DesdĂ©mone. D’abord peu prĂ©sente une scĂšne Ă  l’acte II, elle est de plus en plus prĂ©sente. Contrairement Ă  DesdĂ©mone et Ă  Bianca, elle n’est en rien une victime. Son rĂŽle est dĂ©terminant c’est elle qui, sans penser Ă  mal, donne le mouchoir de DesdĂ©mone Ă  Iago. À ce moment, elle obĂ©it encore aveuglĂ©ment Ă  son mari ; elle ira d’ailleurs jusqu’à insulter Bianca p. 429. Mais Ă  mesure que la piĂšce avance, elle prend de plus en plus de caractĂšre, notamment lors de la scĂšne oĂč elle dĂ©shabille DesdĂ©mone, tout en essayant de la distraire de ses funestes pensĂ©es en plaisantant elle se montre joyeusement cynique, affirmant qu’elle-mĂȘme pourrait tromper son mari pour tout l’or du monde » ; elle pousse mĂȘme DesdĂ©mone Ă  une saine rĂ©volte contre les caprices masculins p. 405. Et finalement, c’est elle qui, la premiĂšre, comprend l’origine du drame et dĂ©nonce les manoeuvres d’Iago. Elle montre alors son courage et sa dĂ©termination, d’abord en affrontant un Othello encore armĂ© et fou de rage, puis un Iago dĂ©cidĂ© Ă  la faire taire Ă  tout prix ; elle y laissera sa vie. La dĂ©termination et le courage d’Emilia, qui ose affronter son mari et dĂ©noncer toute la machination semble compenser la faiblesse et la rĂ©signation de DesdĂ©mone elle meurt en hĂ©roĂŻne. Conclusion des relations hommes-femmes extrĂȘmement violentes. On peut avoir l’impression, dans cette piĂšce comme dans bien d’autres de Shakespeare d’une vĂ©ritable guerre des sexes ». À l’égard des femmes, les hommes exigent une obĂ©issance et une fidĂ©litĂ© absolues, qu’ils sont loin de pratiquer eux-mĂȘmes ; ils ignorent dĂ©libĂ©rĂ©ment les dĂ©sirs, la personne mĂȘme de la femme qu’ils prĂ©tendent aimer, comme le rappelle Emilia p. 405 
 c’est la faute des maris si leurs femmes les trompent. Pensez Ă  ceux qui nĂ©gligent ce qu’ils nous doivent et versent notre bien dans le sein d’une autre, ou qui ont des accĂšs de jalousie mesquine et nous accablent de chaĂźnes ou mĂȘme qui nous frappent ou par dĂ©pit rĂ©duisent notre train !
 Eh bien nous aussi avons nos humeurs, et, bien que gentilles, nous saurons prendre des revanches. Que les maris apprennent que leur femme a des sens tout aussi bien qu’eux. » Et cette violence s’exprime avec une vigueur tout Ă  fait impossible dans le théùtre classique, sans la moindre censure ainsi Othello peut-il insulter sa femme avec les mots les plus orduriers, la frapper devant son cousin, et finalement la tuer sous nos yeux ! Dans la piĂšce, ni Emilia, ni Bianca, ni DesdĂ©mone ne sont coupables de quoi que ce soit ; en revanche, les hommes se montrent menteurs, brutaux, insultants, et finalement meurtriers ils sont incapables d’aimer. La figure du More dans Othello Introduction Qu’est-ce qu’un More, ou Maure ? On donne d’abord ce nom principalement aux Sarrasins qui soumirent l’Espagne ; par la suite, on dĂ©signe ainsi les habitants d’Afrique du Nord, soumises aux Turcs. Et, par extension, le mot en vient Ă  dĂ©signer Ă©galement des Noirs. Qui est Othello ? Il se dĂ©crit lui-mĂȘme comme Noir » il fait probablement partie de ces Africains vendus comme esclaves aux Mores, puis devenu citoyen vĂ©nitien Ă  la suite d’on ne sait quelles pĂ©rĂ©grinations. Il est parfaitement intĂ©grĂ© Ă  la sociĂ©tĂ© vĂ©nitienne nul ne met en doute ni sa langue – il est mĂȘme passĂ© maĂźtre en matiĂšre de rĂ©cits – ni sa valeur militaire, ni sa religion il en est d’ailleurs fort peu question dans la piĂšce, ni sa citoyennetĂ©. Seule sa couleur de peau signale encore son caractĂšre Ă©tranger. Un personnage omniprĂ©sent et agissant ExceptĂ© deux courtes scĂšnes II, 2 et III, 1, Othello est constamment prĂ©sent, sinon en personne comme dans la plupart des scĂšnes, du moins dans l’esprit des personnages I, 1. GĂ©nĂ©ral, aventurier dĂ©jĂ  d’ñge mĂ»r, mais toujours en quĂȘte d’action, il est au centre de toutes les intrigues C’est lui qui dĂ©clenche l’ire d’Iago, en nommant Cassio lieutenant, et la jalousie de Roderigo en Ă©pousant DesdĂ©mone ; C’est lui qui sĂ©duit DesdĂ©mone par ses rĂ©cits, et aussitĂŽt l’épouse ; C’est tout naturellement que l’on fait appel Ă  lui quand le danger approche il est nommĂ© gouverneur de Chypre au moment oĂč les Ottomans menacent la citadelle, et il part aussitĂŽt avec une flotte ; SitĂŽt nommĂ© gouverneur, il fait rĂ©gner l’ordre, et destitue Cassio qui a commis une faute ; ManipulĂ© par Iago, il sombre dans la jalousie, mais non dans l’inaction il frappe DesdĂ©mone, l’insulte lors de la scĂšne du bordel », et dĂ©cide froidement d’éliminer Cassio et d’assassiner DesdĂ©mone – un dessein aussitĂŽt mis en Ɠuvre. SitĂŽt la vĂ©ritĂ© apprise, il tente de tuer Iago, puis se suicide. C’est donc un personnage constamment en mouvement, et qui ne nous laisse rien ignorer de ses changements d’humeur, de ses tourments
 Mais est-il pour autant une figure barbare ? Le More, une figure ambivalente Certes les ennemis d’Othello voient en lui une figure repoussante. Roderigo parle avec mĂ©pris de ce lippu » p. 79, de la puante Ă©treinte d’un More des plus lubriques » p. 87, d’un Ă©tranger, un aventurier, un vagabond, ni d’ici ni de nulle part » ibid. ; Iago le dĂ©crit comme un vieux bĂ©lier, la nuit tĂ©nĂ©breuse en personne » p. 81, et plus loin comme un Ă©talon de la Barbarie » p. 85, un vagabond de la cĂŽte barbaresque » p. 141 ; Brabantio Ă©voque, en parlant de sa fille, de ce qu’elle avait peur de simplement regarder », et le voit sous les traits d’un sorcier
 Mais il faut noter que ces trois personnages sont les seuls Ă  exprimer des sentiments racistes Ă  l’égard d’Othello. Et leur parole est dĂšs lors dĂ©valorisĂ©e. Pour tous les autres un honnĂȘte homme et un hĂ©ros. Ce qui frappe au contraire, c’est l’unanimitĂ© qui entoure Othello. On peut dĂ©plorer son emportement comme Lodovico quand il le voit frapper DesdĂ©mone, ou Emilia, mais cela n’enlĂšve rien Ă  l’estime gĂ©nĂ©rale. MĂȘme Iago est obligĂ© d’admettre qu’Othello est un homme de bien Le More est par nature franc, sans mĂ©fiance, il croit les gens honnĂȘtes pour peu qu’ils le paraissent » p. 145. Mieux encore, Ă  aucun moment son hĂ©roĂŻsme et sa loyautĂ© au service de Venise ne sont mises en cause nul ne le soupçonne d’une quelconque sympathie envers les Ottomans. Si bien qu’au dĂ©nouement, lorsque l’on dĂ©couvre avec horreur le meurtre de DesdĂ©mone, chez les assistants c’est plutĂŽt la pitiĂ© qui domine OĂč est ce forcenĂ©, cet homme si malheureux ? » demande Lodovico. Aux yeux du spectateur, Othello est-il un barbare ? Othello fait partie des tragĂ©dies les plus sombres de Shakespeare, et le spectateur moderne peut ĂȘtre horrifiĂ© Ă  bon droit de la violence du personnage il frappe, il insulte DesdĂ©mone, il prĂ©mĂ©dite froidement l’assassinat de Cassio et l’exĂ©cution de DesdĂ©mone. Mais si cette violence est indĂ©niable, elle n’a rien Ă  voir avec une nature barbare » qui serait celle du seul Othello. Cette violence, en rĂ©alitĂ©, est partagĂ©e par l’ensemble de la sociĂ©tĂ© ! Cassio manque de tuer Roderigo, qui lui a manquĂ© de respect ; Roderigo accepte sans broncher la mission d’assassiner Cassio, avec ce commentaire Ce ne sera qu’un homme de moins. Un coup d’épĂ©e, il est mort » p. 411 Dans le combat qui s’ensuit, Roderigo et Cassio se blessent mutuellement, avec la volontĂ© de tuer. Mais le pire de tous est Ă©videmment Iago il fait en sorte que Cassio et Roderigo s’entretuent, et il achĂšve lui-mĂȘme Roderigo, pourtant son complice ; dĂ©masquĂ©, il poignarde Emilia
 sans compter qu’au passage, il fait accuser Bianca, qui serait probablement condamnĂ©e Ă  mort si la vĂ©ritĂ© n’avait pas Ă©claté  La violence et le sang n’ont donc absolument rien Ă  voir avec la nature » d’Othello, et personne d’ailleurs ne fait le rapprochement. Le dĂ©nouement certes est sanglant, mais comme le sont ceux d’Hamlet ou de Macbeth
 Racisme, sexisme et prĂ©jugĂ©s dans Othello L’époque Ă©lizabĂ©thaine, et plus particuliĂšrement le théùtre, ignore le politiquement correct » racisme et prĂ©jugĂ©s en tous genres s’y expriment librement, sans que cela suscite de rĂ©actions outragĂ©es. Ce qui rend un certain nombre de piĂšces injouables aujourd’hui
 Ainsi, Le Marchand de Venise met-il en scĂšne un personnage de juif particuliĂšrement glaçant ! Othello n’y Ă©chappe pas le protagoniste est un Noir cf. plus haut, et la victime une femme ; deux victimes privilĂ©giĂ©es des prĂ©jugĂ©s
 Racisme et xĂ©nophobie Un contexte favorable Ă  la xĂ©nophobie L’Angleterre est une Ăźle, elle a optĂ© pour la rĂ©forme anglicane en 1535, ce qui a ajoutĂ© un nouvel ennemi Ă  la longue liste de ceux qui menacent le pays. Celui-ci se sent cernĂ© par les papistes », et notamment les missions jĂ©suites qui cherchent Ă  dĂ©stabiliser le royaume – or l’Irlande, toute proche, est restĂ©e catholique ; par le reste de l’Europe, France, Espagne notamment que l’on pense Ă  l' »invincible armada » lancĂ©e par Philippe II d’Espagne en 1588, vaincue par la flotte anglaise ; et, bien au-delĂ  de ce second cercle, l’immensitĂ© du monde paĂŻen, que les grandes dĂ©couvertes » ont permis de mieux connaĂźtre. Les Anglais sont accablĂ©s par la pluralitĂ© des mƓurs et des religions ces gens-lĂ , les plus Ă©loignĂ©s, juifs, musulmans et paĂŻens, il y a bien peu de chances de les convertir
 Ajoutons le fait que l’Angleterre du 16Ăšme siĂšcle souffre d’un retard technique chronique elle doit faire appel Ă  de nombreux Ă©trangers pour qu’ils importent des techniques et en tirent bĂ©nĂ©fice ceux-ci seront souvent accusĂ©s de crĂ©er la disette ! De nombreuses Ă©meutes anti-Ă©trangers vont Ă©clater, tout au long du siĂšcle. Or l’ennemi est Ă  la porte mĂȘme de l’Angleterre, comme le montre l’affaire Calvin ». Le roi Jacques Ier avait rattachĂ© l’Ecosse au royaume d’Angleterre, suscitant dans le pays une vague de chauvinisme et de haine – l’Ecossais Ă©tant considĂ©rĂ© comme un barbare. La question Ă©tait venue en 1607 au tribunal un enfant nĂ© en Ecosse avant l’avĂšnement de Jacques Ier en 1603 Ă©tait-il citoyen anglais ou Ă©tranger ? L’affaire Ă©tait d’importance, car le jeune Robert Calvin devait hĂ©riter de terres en Angleterre ; or, s’il Ă©tait reconnu Ă©tranger, il ne pouvait avoir aucun bien foncier. La cour de justice avait fini par statuer en sa faveur, mais Ă  la suite de cela, trois types d’étrangers avaient Ă©tĂ© dĂ©finis Les Ă©trangers amis ceux qui viennent d’un pays alliĂ© de l’Angleterre. Ils peuvent habiter dans le royaume, y acheter des biens meubles, mais ne peuvent possĂ©der ni terre, ni hĂ©ritage foncier. Les Ă©trangers ennemis temporaires ceux des pays catholiques, Espagnols ou Français, par exemple, dont on peut espĂ©rer une Ă©ventuelle conversion, ou dont les gouvernements peuvent devenir alliĂ©s de l’Angleterre ; Les Ă©trangers avec sauf-conduit » ceux des autres pays, Ă  qui l’on a accordĂ© l’autorisation de rĂ©sider en Angleterre par exemple des diplomates ; Les Ă©trangers perpĂ©tuels juifs, musulmans ou paĂŻens. Ceux-lĂ  sont dĂ©nuĂ©s de tous droits ; leur exclusion est totale et dĂ©finitive. MĂȘme convertis, on ne leur fait pas confiance et leur conversion est considĂ©rĂ©e comme fragile ou hypocrite. Barbares, ils sont hors de la loi naturelle et de la loi de Dieu. Si l’Angleterre conquiert leur pays, elle a le droit d’abolir toutes leurs lois et coutumes l’Angleterre colonisatrice considĂšre des groupes humains entiers comme des sauvages et des animaux. Racisme et xĂ©nophobie dans la piĂšce Il y a plusieurs Ă©trangers dans la piĂšce, qui reprennent la hiĂ©rarchie prĂ©cĂ©demment indiquĂ©e L’étranger ami Michel Cassio. Celui qui a supplantĂ© Iago auprĂšs d’Othello est Florentin ; et voici comment il est dĂ©crit un grand calculateur 
 un Florentin, du nom de Michel Cassio, / Un qui se damnerait pour de belles femmes, / Mais qui, jamais, jamais, n’a menĂ© se battre / La moindre escouade ; et qui ne sait pas mieux / que fille Ă  son fuseau commander la troupe ! » p. 75 ; et quelques vers plus bas, il est qualifiĂ© de Ce caissier, ce gratte-sous . Certes, c’est toute la haine d’Iago qui s’exprime ainsi, et devant sa dupe Roderigo ; mais justement, Iago sait fort bien s’appuyer sur les prĂ©jugĂ©s de ceux qu’il entend manipuler
 L’étranger perpĂ©tuel le Turc. S’il est un point sur lequel tout le monde est d’accord, c’est la guerre contre le Turc, ennemi belliqueux et conquĂ©rant qui veut s’emparer de Rhodes et de Chypre, possessions vĂ©nitiennes, ennemi d’autant plus haĂŻssable qu’il est habile stratĂšge, ennemi total puisque musulman. notre ennemi Ă  tous, l’Ottoman » p. 111 ; c’est d’ailleurs parce qu’il est le plus apte Ă  combattre cet ennemi qu’Othello obtient l’accord du Doge pour son mariage avec DesdĂ©mone
 Le Turc est donc Ă  la fois redoutĂ© pour sa puissance, et mĂ©prisĂ© Ă  l’acte II, la tempĂȘte qui anĂ©antit sa flotte apparaĂźt comme un signe divin. Et Turc » est une insulte. Je dis le vrai, ou c’est que je suis un Turc , dit Iago p. 161. et Othello, dans sa derniĂšre rĂ©plique, raconte que Ă  Alep, une fois, voyant un malveillant Turc enturbannĂ© Frapper un VĂ©nitien et insulter Venise, Je saisis par la gorge ce chien circoncis Et l’embrochai, – ainsi. » p. 479-481. L’étranger perpĂ©tuel Othello ? Nous avons vu plus haut le caractĂšre ambivalent d’Othello, Ă  la fois hĂ©ros reconnu, ĂȘtre parfait, mais aussi Barbare aux yeux de ses ennemis, et Ă  ses propres yeux. aux yeux de Brabantio, DesdĂ©mone a trahi son propre sang » mĂȘme converti, mĂȘme Ă©duquĂ© comme un VĂ©nitien, mĂȘme devenu un hĂ©ros national, Othello reste un Barbare, Ă  peine un humain Se pourrait-il qu’une fille aussi tendre, aussi belle et heureuse, 
 aurait couru 
 vers la poitrine noire comme la suie d’un machin comme toi ? » p. 101 ; et p. 105 Si de tels mĂ©faits avaient libre cours, Esclaves et paĂŻens nous gouverneraient . Quoi qu’il fasse, Othello ne sera jamais qu’un esclave » et un paĂŻen ». Les mĂ©taphores qui le dĂ©signent sont soit animaliĂšres, soit diaboliques le diable », les sciences de l’enfer », un dĂ©mon » Il se croit immĂ©diatement trahi de DesdĂ©mone parce qu’il doute de sa propre capacitĂ© Ă  ĂȘtre aimĂ© ; pour lui aussi, le choix de la jeune femme est contre nature Est-ce parce que je suis noir, ou n’ai en rien / les faciles maniĂšres des gens des villes, / ou redescends la pente de la vie
 » p. 267. Lui-mĂȘme associe la couleur de sa peau Ă  une souillure mon nom 
 le voici souillĂ© maintenant, noir comme l’est ma face ». p. 281. L’ennemi perpĂ©tuel Iago. Iago est Ă  la fois VĂ©nitien, soldat ayant fait la preuve de sa vaillance, et honnĂȘte homme aux yeux de tous, y compris d’Othello. Mais il est le pire ennemi, celui qui trahit de l’intĂ©rieur – la hantise des citadelles assiĂ©gĂ©es ! Seule DesdĂ©mone a, un moment, perçu sa mĂ©chante nature. Mais, une fois dĂ©voilĂ©, par un renversement spectaculaire, c’est lui qui devient l’Autre absolu, tandis qu’Othello est rĂ©intĂ©grĂ© parmi les hommes. Iago est alors fameuse canaille », ordure », suppĂŽt de l’enfer », vipĂšre », esclave damnĂ© » Y. Bonnefoy traduit a damned slave » par maudite canaille » p. 473 ; mais le terme slave », esclave » est important Iago Ă  son tour est ravalĂ© au rang infra-humain qui Ă©tait celui d’Othello. Il devient mĂȘme chien de Sparte », promis au supplice – comme un esclave. Les prĂ©jugĂ©s contre les femmes Nous avons Ă©tudiĂ© plus haut les personnages fĂ©minins de la piĂšce. Si les femmes sont moins rejetĂ©es sans doute que les Ă©trangers, les prĂ©jugĂ©s Ă  leur Ă©gard ne manquent pas, exprimĂ©s entre autres par Brabantio, Iago surtout, puis Othello lorsqu’il est sous influence ; et l’on peut penser que la force de ces prĂ©jugĂ©s est pour beaucoup dans la facilitĂ© avec laquelle il a cru Ă  la trahison de DesdĂ©mone. On est encore dans la lignĂ©e de la querelle des femmes » La femme est bavarde reproche constant d’Iago Ă  Emilia – et ironiquement, il sera effectivement confondu par les paroles de sa femme ! ; La femme est inconstante, lascive, toute entiĂšre soumise Ă  ses dĂ©sirs cf. le discours d’Iago Ă  Roderigo, II, 1 ; La femme est surtout trompeuse, experte en mensonges, toujours prĂȘtes Ă  berner un mari trop confiant Je sais trop ce que sont nos VĂ©nitiennes, Et qu’il n’est que le Ciel qui sache les tours Qu’à leurs maris elles n’osent certes pas dire. Toute leur morale, Ce n’est pas de ne pas pĂ©cher, c’est de n’en rien faire voir. » p. 259 Mais Shakespeare croit-il en ces prĂ©jugĂ©s ? S’il existe quelques beaux monstres fĂ©minins dans son théùtre, la monstruositĂ© est assez bien rĂ©partie entre hommes et femmes, et ces derniĂšres sont le plus souvent des victimes pitoyables et innocentes OphĂ©lie, Juliette
 ou DesdĂ©mone. Dans Othello, elles ont le beau rĂŽle si Emilia dit en badinant, pour distraire DesdĂ©mone, qu’elle trahirait son mari pour en faire un Roi », en rĂ©alitĂ© toutes les figures fĂ©minines se montrent ici honnĂȘtes, vĂ©ridiques, et sincĂšrement amoureuses du moins Bianca et DesdĂ©mone. La piĂšce apparaĂźt donc plutĂŽt comme un manifeste contre les prĂ©jugĂ©s sexistes. Conclusion Othello, le Noir de la piĂšce, ne devient conforme Ă  la figure honnie du Barbare que sous l’influence d’un empoisonneur et de ses poisons ; avant, et aprĂšs, il redevient l’ĂȘtre parfait dĂ©crit par les bons » personnages. Les femmes de la piĂšce ne correspondent en rien, bien au contraire, aux clichĂ©s sexistes des autres personnages. On peut donc en conclure que Shakespeare prenait grandement ses distances par rapport Ă  ces prĂ©jugĂ©s ; sans les combattre frontalement, il savait les remettre en question. La jalousie dans Othello Othello n’est pas, au dĂ©part, vouĂ© Ă  la jalousie Othello est un soldat, dont personne Ă  part Iago et Roderigo ne met en doute l’honnĂȘtetĂ© ni la vaillance ; lui-mĂȘme connaĂźt sa propre valeur il n’a donc aucune mĂ©sestime de soi, qui pourrait lui laisser croire que DesdĂ©mone pourrait en aimer un autre. En revanche, il a un sens de l’honneur chatouilleux, et c’est aussi par lĂ  que Iago va le toucher. Othello, parfaitement honnĂȘte, s’attend Ă  la mĂȘme attitude de la part d’autrui Le More est par nature franc, sans mĂ©fiance, Il croit les gens honnĂȘtes pour peu qu’ils le paraissent. » p. 145. Il accordera donc foi aux paroles d’Iago, dont il n’imagine mĂȘme pas la noirceur ; et inversement, il se croira trahi par Cassio, car les apparences joueront contre celui-ci. Et de mĂȘme, par DesdĂ©mone, quand il pensera avoir la preuve de son infidĂ©litĂ©. Il n’y a donc chez Othello aucune prĂ©disposition maladive Ă  la jalousie quand Brabantio dĂ©pitĂ© lui lance Aie l’oeil sur elle, More, apprends Ă  la surveiller. Elle a trompĂ© son pĂšre, elle peut aussi te tromper. » la seule rĂ©plique d’Othello est J’ai sa foi, j’en rĂ©ponds et sur ma vie ! » On peut y voir, bien sĂ»r, de l’ironie tragique ; mais c’est aussi et surtout une preuve d’amour et de confiance. Le seul personnage maladivement jaloux, c’est Iago – comme un aspect de son envie universelle. PersuadĂ© que toutes les femmes sont lubriques et menteuses, il soupçonne tout naturellement la sienne, sans l’ombre d’une preuve Car je soupçonne fort ce More fougueux d’avoir sautĂ© sur ma propre selle et cette pensĂ©e me ronge, comme un poison » p. 181 Emilia elle-mĂȘme y fera allusion acte IV, scĂšne II, lorsqu’elle devinera que quelqu’un a empoisonnĂ© » l’ñme d’Othello C’est un sire de cette sorte qui vous avait retournĂ© l’esprit pour vous faire nous soupçonner, moi et le More » p. 383 Emilia non plus n’imagine pas toute la noirceur de Iago
 et pourtant, elle partage sa vie. Ne minimisons pas la puissance de dissimulation de ce personnage, que tous, Othello, Cassio, Roderigo croient honnĂȘte presque jusqu’au dĂ©nouement
 Seul le public la connaĂźt, puisqu’à plusieurs reprises Iago la lui a exposĂ©e, droit dans les yeux, exactement comme Richard III dans la piĂšce Ă©ponyme s’est peint lui-mĂȘme comme un criminel – pour le seul public. De la jalousie d’Iago Ă  celle d’Othello Emilia dĂ©crit ainsi la jalousie ils ne sont pas jaloux pour une raison, mais parce qu’ils sont jaloux. La jalousie ? un monstre qui s’engendre lui-mĂȘme, et se nourrit de soi. » p. 313 Mais cette jalousie est celle de Iago, non celle d’Othello. Pour Othello, il faudra d’abord l’action constante, les insinuations perfides d’Iago, le poison » moi, dans l’oreille de ce dernier, je verserai de la pestilence
 » p. 221 Or souvenons-nous de la maniĂšre dont le pĂšre d’Hamlet fut assassinĂ© par un poison versĂ© dans son oreille
 Hamlet date de 1600, quatre ans Ă  peine avant Othello ! Iago a le mĂȘme modus operandi » que Claudius, comme lui faux frĂšre » et imposteur. L’empoisonnement commence trĂšs prĂ©cisĂ©ment par le Ah, je n’aime pas cela », p. 239 ; il se poursuit p. 247, par des allusions plus prĂ©cises. Or, Ă  nouveau, Othello refuse de se laisser prendre il exige des preuves irrĂ©futables, concrĂštes. Crois-tu que je veuille une vie de jaloux, avec soupçons croissant et dĂ©croissant comme les phases de la lune ? 
 
 Non, non, Iago, avant de soupçonner je veux avoir vu. Et si je dois douter je demanderai des preuves. » p. 259 Ce n’est pas lĂ  le comportement d’un jaloux maladif, mais d’un homme rationnel et droit ; en revanche, si on lui dĂ©montre la culpabilitĂ© de DesdĂ©mone, il tranchera, exactement comme il l’a fait en destituant Cassio. Et si le doute s’insinue en lui, c’est simplement qu’il croit Iago honnĂȘte, et n’imagine pas une quelconque malveillance de sa part cet honnĂȘte homme » p. 265, cet homme est d’une extrĂȘme honnĂȘtetĂ© » p. 267 Or la preuve que va apporter Iago a toutes les apparences d’une preuve irrĂ©futable le mouchoir, cet objet Ă  la fois talisman et signe d’amour, que Iago va faire apparaĂźtre entre les mains de Cassio – et qui suscitera les dĂ©nĂ©gations maladroites de DesdĂ©mone. LĂ  encore, le spectateur n’ignore rien de la machination, mais aux yeux d’Othello, cela ne peut apparaĂźtre que comme la preuve absolue de la trahison DesdĂ©mone n’a plus le mouchoir, mais elle ne fournit aucune explication ; elle s’obstine Ă  plaider la cause de Cassio, avec qui on l’a vue discuter en tĂȘte-Ă -tĂȘte ; Iago, qu’il croit honnĂȘte, lui raconte un aveu de Cassio durant son sommeil p. 285 plus tard, Othello entendra Cassio parler avec mĂ©pris d’une femme trop amoureuse
 Enfin Cassio lui-mĂȘme est mal Ă  l’aise face Ă  Othello. Chaque fait isolĂ© a une explication, mais Othello, empoisonnĂ© par Iago, ne peut Ă©videmment comprendre autre chose que la trahison. Une juste colĂšre ? Othello est donc convaincu que DesdĂ©mone et Cassio l’ont trahi. Sa rĂ©action est-elle condamnable, aux yeux de Shakespeare ? Rien n’est moins sĂ»r. Pour le comprendre, il faut revenir Ă  d’autres figures de la jalousie, dans la littĂ©rature et le théùtre ; et une autre figure s’impose alors celle de MĂ©dĂ©e. Dans la piĂšce d’Euripide, MĂ©dĂ©e n’est pas d’emblĂ©e condamnĂ©e, en tous cas pas Ă  cause de sa jalousie. En effet, elle a tout donnĂ© Ă  Jason en trahissant son propre pĂšre, elle lui a permis de conquĂ©rir la toison d’or et lui a donc donnĂ© le pouvoir ; elle a abandonnĂ© sa patrie pour le suivre Ă  Corinthe ; elle lui a donnĂ© deux enfants. Et voilĂ  qu’il prĂ©tend dĂ©sormais la rĂ©pudier, pour Ă©pouser une princesse, CrĂ©ĂŒse
 MĂ©dĂ©e revendique sa colĂšre, ÎŒáż†ÎœÎč, le mĂȘme mot qu’Achille ! Elle la clame haut et fort, et le spectateur la suit ; EgĂ©e, d’ailleurs, accepte de l’accueillir. Si elle n’avait pas manifestĂ© sa fureur, elle eĂ»t passĂ© pour une Ăąme d’esclave, indigne de la princesse qu’elle Ă©tait. Le seul moment oĂč elle est condamnable, c’est quand elle se trompe de cible, et tue ses enfants. Mais ni le meurtre de CrĂ©ĂŒse, ni sa fureur contre Jason n’apparaissent indignes d’elle. Il faudra attendre SĂ©nĂšque, le stoĂŻcisme, et cette sagesse consistant Ă  ne pas Ă©prouver de colĂšre, ni d’émotion, mais Ă  refouler sa douleur, pour que MĂ©dĂ©e apparaisse comme une folle, Ă  la fois faible et criminelle. De la mĂȘme façon, Othello se montrerait faible et indigne de lui-mĂȘme, de ses valeurs, s’il acceptait le dĂ©shonneur du cocuage sans rĂ©agir si on lui apporte la preuve, alors il devra trancher. Relisons la page 258-259 Non, si je doute, je trancherai aussitĂŽt. 
 AprĂšs quoi, preuve faite, quelle suite ? En finir sur-le-champ avec et la jalousie et l’amour. » Othello se considĂšre comme doublement trahi, dans ses sentiments, certes, mais aussi dans son honneur ; cf. p. 323 le dĂ©shonneur de DesdĂ©mone ne peut que rejaillir sur lui. Voici le dĂ©nouement – Lodovico Othello ! Toi qui Ă©tais un homme de bien, t’ĂȘtre laissĂ© empiĂ©ger par cette maudite canaille ! Quel nom va-t-on te donner ? – Othello Ah, peu importe ! Un meurtrier par honneur, si vous voulez. Je ne fis rien par haine, je ne pensais qu’à l’honneur. » p. 473 Textes expliquĂ©s incipit Acte II, scĂšne 1 L’incipit, p. 73-79, du dĂ©but Ă  qu’il y perde de sa couleur ! » Le tout premier texte met en scĂšne un des personnages principaux, Iago, accompagnĂ© d’un comparse, Roderigo, qui joue un peu ici le rĂŽle d’un confident il Ă©coute et donne la rĂ©plique Ă  Iago. Le cadre et les prĂ©misses de l’action La scĂšne se passe Ă  Venise, la nuit. Rien n’indique pour le moment, clairement, dans quel contexte historique se joue la scĂšne, mais il sera fait plus tard des allusions Ă  la bataille de LĂ©pante 1571. La piĂšce de Shakespeare datant de 1604, cela ne renvoie pas Ă  un passĂ© bien lointain une trentaine d’annĂ©es
 Les allusions Ă  Rhodes et Chypre suffisaient aux contemporains pour situer la scĂšne. Le contexte est militaire Iago se plaint de n’avoir pas obtenu un poste de lieutenant auprĂšs d’Othello, et d’ĂȘtre obligĂ© de se contenter d’ĂȘtre son enseigne
 Puis, Ă  la fin du passage, le contexte change il est question de la fille », du pĂšre » qu’il faut rĂ©veiller on suppose alors qu’à la jalousie militaire se superpose une jalousie amoureuse. PrĂ©sentation des protagonistes La plupart des protagonistes sont prĂ©sentĂ©s ici, soit par eux-mĂȘmes en une sorte d’auto-portrait, soit par Iago et Roderigo. Le More de Venise, Othello De rang Ă©levĂ© il nomme son lieutenant, est servi par un enseigne, il est l’objet de la haine, tant d’Iago que de Roderigo. Chez Iago, la haine d’un homme qui se sent flouĂ© se mĂȘle au mĂ©pris le plus violent Lui qui se dĂ©lecte, dans son orgueil de tout ce qu’il concocte, il les a menĂ©s en bateau avec son baratin, une soupe immonde, toute gonflĂ©e d’images militaires. » p. 75 A ses yeux, Othello n’est qu’un miles gloriosus , un beau parleur sans rĂ©elle valeur. Sa haine aveugle va le conduire Ă  trahir Othello, et il thĂ©orise ici sa trahison et Ă  lui nuire de toutes les maniĂšres possibles. Othello n’est pas mieux vu de Roderigo ; mais chez lui, s’exprime davantage une haine raciste il en a de la chance, ce lippu ! » que des griefs rĂ©els. On peut imaginer qu’Othello fait preuve d’un certain aveuglement il se croit loyalement servi, et ne se rend pas compte de la haine qu’il suscite. Michel Cassio C’est le jeune homme Florentin qu’Othello a choisi pour lieutenant. Iago nous apprend qu’il s’agit d’un homme Ă  femmes, peu expert dans le mĂ©tier des armes. Iago le mĂ©prise, mais le hait somme toute moins qu’Othello ; il servira d’outil Ă  sa vengeance. Auto-portrait d’Iago C’est le personnage le plus agissant de la tragĂ©die, et le plus spectaculaire. Son portrait se prĂ©cisera tout au long de la piĂšce ; mais ici, dĂ©jĂ , il se manifeste comme un protagoniste c’est lui qui prononce les plus longues tirades, qui donne des leçons et des ordres
 C’est un redoutable manipulateur. Il apparaĂźt d’abord comme un homme en colĂšre il s’attendait Ă  une promotion, et c’est un homme de moindre valeur qui l’a obtenue Ă  sa place. Toute la page 75 exprime sa fureur devant ce qu’il ressent comme une Ă©norme injustice, dont Othello s’est rendu coupable. Puis, Ă  partir de la p. 77, il passe Ă  l’action. Tout d’abord, sur un ton trĂšs sentencieux, il fait la thĂ©orie du serviteur traĂźtre ; il oppose le mĂ©prisable bon serviteur » amoureux de sa servitude, Ă  l’hypocrite assumĂ© qu’il veut ĂȘtre ; MoliĂšre se souviendra peut-ĂȘtre de cet Ă©loge de l’hypocrisie » dans son Dom Juan
 Il n’est pas sĂ»r, d’ailleurs, que Roderigo l’ait bien Ă©coutĂ© ! En effet, il suit sa propre pensĂ©e – ce qui ne manque pas de produire un dĂ©calage comique entre la grandiloquence d’Iago et l’indiffĂ©rence de son complice. Il entre immĂ©diatement en action, en poussant Roderigo Ă  dĂ©noncer Othello et DesdĂ©mone au pĂšre de celle-ci dans sa haine contre Othello, il n’hĂ©site pas Ă  tout piĂ©tiner autour de lui. DesdĂ©mone, la fille », n’a droit qu’à son mĂ©pris elle aussi. Iago apparaĂźt ici comme un personnage inquiĂ©tant, dĂ©pourvu de tout scrupule moral, prĂȘt Ă  tout pour se venger – et d’autant plus dangereux qu’il sait revĂȘtir le masque du bon serviteur. Acte II, scĂšne 1, de mets-toi le doigt sur la bouche » Ă  ce que permettront les circonstances ». Tous les personnages se sont retrouvĂ©s Ă  Chypre ; entre-temps, le danger turc a disparu, et Othello veut fĂȘter en mĂȘme temps la sĂ©curitĂ© retrouvĂ©e et son propre mariage. Ici Iago tente une fois encore de circonvenir le naĂŻf Roderigo. Construction du texte DesdĂ©mone ne peut que se dĂ©goĂ»ter de son mari ; Elle ne peut qu’ĂȘtre amoureuse de Cassio ; Il faut donc passer par Cassio pour atteindre Othello. C’est un raisonnement faux de bout en bout
 et pourtant, la machination va tragiquement rĂ©ussir ! Un jeu de massacre Une leçon de misogynie Le raisonnement d’Iago semble implacable par sa nature mĂȘme, DesdĂ©mone est condamnĂ©e Ă  trahir Othello. l. 15 Il y a chez lui une vĂ©ritable haine des femmes, qui s’exprime de la maniĂšre la plus brutale. Les femmes sont, selon lui, toutes entiĂšres guidĂ©es par des passions dĂ©vergondĂ©es et lascives » ; elles ont besoin de rĂ©veiller le dĂ©sir » ; le moindre geste n’est guidĂ© que par la paillardise », la luxure », les pensĂ©es dĂ©pravĂ©es ». Outre que Iago prĂȘte Ă  DesdĂ©mone ses propres obsessions, on remarquera qu’il se place dans une longue tradition misogyne, qui va d’Aristophane aux Fabliaux, et Ă  la Querelle des femmes ». Iago est l’ĂȘtre qui toujours nie » rien ne rĂ©siste Ă  ses convictions – ni Ă  son mĂ©pris DesdĂ©mone n’est que la fille », semblable Ă  toutes les jeunes folles ». Une leçon de haine raciste Rien d’Othello ne rĂ©siste au regard dĂ©valorisant d’Iago. Ses rĂ©cits ? ses rodomontades et de fantastiques mensonges », des balivernes ». Sa personne ? Il n’a ni charme, ni jeunesse, ni Ă©lĂ©gance ; il ne peut que susciter le dĂ©goĂ»t et la haine – l’amour de DesdĂ©mone n’est, au mieux, qu’une illusion, au pire, un mensonge. Mais Iago n’est pas tellement diffĂ©rent, en cela, de Brabantio, par exemple, ou de Roderigo lui-mĂȘme
 La haine et le mĂ©pris envers les protagonistes n’est donc, chez Iago, qu’une monstrueuse amplification des clichĂ©s misogynes et racistes qui ont cours dans la sociĂ©tĂ© oĂč il vit ; et c’est sans doute pourquoi on l’écoute, et on le croit il fait Ă©cho Ă  la pensĂ©e profonde de son public. Une haine gĂ©nĂ©rale
 
 qui n’épargne Ă©videmment pas le Beau Cassio » ce coquin est un beau parleur » sous une apparence polie et sympathique, c’est lui aussi un monstre sensuel et prĂȘt Ă  tout ; un homme sans qualitĂ©s » mais capable de les simuler toutes
 Auto-portrait d’Iago l’homme qui toujours nie » Bien avant le MĂ©phistophĂ©lĂšs du Faust de Goethe, Iago constitue la parfaite figue du nihiliste. Rien ni personne Ă  ses yeux ne trouve grĂące, ni DesdĂ©mone, ni Othello unanimement respectĂ© comme chef militaire, ni Cassio
 ni mĂȘme Roderigo, qui n’est Ă  ses yeux qu’un benĂȘt Ă  Ă©duquer, et un moyen. Il semble vivre dans un monde entiĂšrement nĂ©gatif, oĂč les apparences les plus riantes ne recouvrent qu’une noirceur intĂ©grale. Sa haine s’attache particuliĂšrement aux sentiments, qui littĂ©ralement, Ă  ses yeux, n’existent pas. Toute sympathie ne peut ĂȘtre que de nature sexuelle – or le sexe le dĂ©goĂ»te profondĂ©ment. Le Pouah ! » de la ligne 44 est un cri du cƓur ! Lui-mĂȘme, d’ailleurs, vit avec sa femme dans le conflit et le mĂ©pris. Un redoutable parleur Iago cependant est Ă©coutĂ©, peut-ĂȘtre parce qu’il n’est pas dĂ©nuĂ© de talent. Un talent d’argumentateur il sait tordre la rĂ©alitĂ© pour convaincre, flatter son interlocuteur ta sagacitĂ© », dĂ©montrer et persuader
 Un jeu d’acteur on peut imaginer une verve de bonimenteur Madame la SensibilitĂ©, jeu sur les images le vin qu’elle boit est fait d’un fameux raisin »  Une rĂ©elle autoritĂ© nombreux impĂ©ratifs
 Conclusion Iago s’affirme comme un personnage dangereux ; rien ne saurait le convaincre une fois qu’il a pris quelqu’un dans ses filets, et il ne reculera devant rien. Et le pĂąle Roderigo n’est qu’une marionnette entre ses mains. Bibliographie Darge Fabienne, L’Othello sauvage de Thomas Ostermeier , Le Monde culture, 21 mars 2011. Marienstras Richard, Le Proche et le lointain. Sur Shakespeare, le drame Ă©lisabĂ©thain et l’idĂ©ologie anglaise des XVIĂšme et XVIIĂšme siĂšcles. Éditions de Minuit, 1981. Lire en particulier le chapitre VI. Marienstras Richard et Gow-Blanquet Dominique, Autour d’Othello, colloque des 5-6-7 fĂ©vrier 1987, Amiens, Presses de l’UFR Clerc, UniversitĂ© de Picardie, 1987. Sissa Giulia, La Jalousie, une passion inavouable, Odile Jacob, Paris, 2015, 259 p. lire notamment l’analyse d’Othello, p. 152-160.

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ReplayDocumentaireAu nom de la vĂ©ritĂ©Au nom de la vĂ©ritĂ© - Machination amoureuse 11/01/2018 Ă  14h00 ‱ 24min ‱ 287 vuesRĂ©sumĂ©Chacun d'entre nous s'est dĂ©jĂ  retrouvĂ© au moins une fois, au cƓur de la tourmente... "Au nom de la vĂ©ritĂ©" s'attache Ă  des hĂ©ros du quotidien en prise avec une dĂ©cision capitale. Chaque Ă©pisode est une tranche de vie dans laquelle chacun peut s'identifier ou projeter sa propre famille. Ces moments qui dĂ©rapent, ces accidents de la vie, ces histoires secrĂštes qui encombrent notre quotidien... C'est tout l'univers de votre nouvelle sĂ©rie. Replay TV par chaĂźne Replays les plus vus Replays au hasard
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